Des découvertes au sein d’une grotte autrefois habitée par Néandertal montre que cette espèce humaine, aujourd’hui éteinte, mangeait des crustacés. Notamment du crabe.

Les découvertes scientifiques nous éloignent de plus en plus du vieux cliché d’un Néandertal bête et agressif. Les trouvailles archéologiques sur le mode de vie de cette espèce humaine — aujourd’hui éteinte — suggèrent, par exemple, qu’il pouvait produire de l’art primitif et avoir une parole complexe. Mais c’est aussi dans la nourriture que l’on peut trouver des éléments archéologiques intéressants.

Une étude parue ce mardi 8 février 2022 s’intéresse à la consommation (et à la cuisine) du crabe chez Néandertal. Celle-ci approfondit la découverte de restes de crabes, dans une grotte au Portugal qui servait à cette autre espèce humaine il y a de cela 90 000 ans. C’est important : les fruits de mer sont censés jouer un rôle dans la croissance du cerveau à l’échelle d’une espèce et il a longtemps été postulé (à tort) qu’Homo sapiens était le seul humain à en consommer.

La grotte, autrefois habitée par Néandertal, où les restes de crustacés ont été découverts. // Source : FrontierSin, 8 février 2023
La grotte, autrefois habitée par Néandertal, où les restes de crustacés ont été découverts. // Source : FrontierSin, 8 février 2023

Dans cette grotte se trouvaient plusieurs « chambres » et un espace de vie commun. Elle abritait possiblement une famille élargie. Si, à l’époque, elle était située à un kilomètre des côtes, la mer est aujourd’hui proche, et l’accès est difficile… ce qui explique la bonne préservation de cet habitat.

Néandertal mangeait des crabes et d’autres crustacés

Les carapaces fossilisées de crabe ont été retrouvées en nombre. Il s’agit plus particulièrement de l’espèce Cancer pagurus, encore largement consommée à l’heure actuelle en Europe. Mais comment savoir que Néandertal les a préparés ? Aux traces sur la carapace et les pinces, visant à en extraire la chair : elles ne ressemblent pas à l’œuvre d’autres prédateurs et, à ceci près que les outils étaient en pierre, elles font écho aux marques que l’on peut observer de nos jours pour des crabes cuisinés par l’être humain.

Les morceaux de carapaces  // Source : FrontierSin, 8 février 2023
Les morceaux de carapaces // Source : FrontierSin, 8 février 2023

De même, les archéologues ont repéré des traces noires de brûlure : les crabes semblent avoir été rôtis aux charbons ardents, afin de contribuer à leur ouverture et à cuire leur chair. D’autres crustacés ont par ailleurs été retrouvés et paraissent aussi avoir été consommés ; mais les crabes sont majoritaires.

Les dimensions des restes suggèrent aussi que les crabes étaient sélectionnés en fonction de leur taille, car tous sont de grands crabes adultes — avec une carapace d’environ 16 centimères de long pour 200 grammes de chair à consommer environ.

Des pattes de crabe grillées il y a 90 000 ans // Source : FrontierSin, 8 février 2023
Des pattes de crabe grillées il y a 90 000 ans // Source : FrontierSin, 8 février 2023

Il demeure plusieurs inconnues. Comment les crabes étaient-ils chassés ? Les archéologues suggèrent qu’ils étaient piégés dans des bassins rocheux à proximité, peu profonds à marée basse, et assommés à l’aide de lances ou pierres. Deuxième questionnement, quelle était la place culturelle de ces crustacés ? Étaient-ils consommés pour leur bon goût, à des moments particuliers ? « Nous ne savons pas si ces aliments étaient perçus comme ayant bon goût, s’ils reflétaient une sorte de fête, s’ils ajoutaient une valeur sociale à ceux qui les récoltaient ou s’ils avaient d’autres significations associées à la consommation », écrivent les scientifiques en conclusion de leur étude.

Ce n’est pas la première étude mettant en évidence les repas que pouvaient concocter Néandertal. Récemment, des travaux publiés en novembre 2022 montraient que cette autre espèce était capable de mélanger différents types de plantes et de fruits. Des noix, des pois et différentes herbes étaient combinées à des légumineuses comme des haricots et des lentilles, parfois avec une pointe de moutarde sauvage. Et ces légumineuses étaient broyées, pilées, trempées à l’aide de différentes techniques pour être ouvertes.


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