Des épines, 3 yeux, des griffes, des nageoires… Non, il ne s’agit pas d’une créature fantastique décrite ici, mais bien le fossile d’un nouveau prédateur, vieux 506 millions d’années : Mosura fentoni.
Il a été découvert par des paléontologues du musée Manitoba et du Musée royal de l’Ontario (ROM) dans les schistes du Burgess, situé au Canada et plus précisément dans les parcs nationaux Yoho et Kootenay. Les schistes du Burgess sont des sites contenant beaucoup de fossiles, notamment avec des traces d’organes mous. Les résultats sont publiés dans un article paru dans la revue Royal Society Open Science, le 14 mai 2025.

Le fossile se nomme Mosura fentoni
Le communiqué des musées Manitoba et du ROM décrivent que « Mosura fentoni avait environ la taille d’un index et possédait trois yeux, des griffes articulées et épineuses, une bouche circulaire bordée de dents et un corps muni de volets natatoires ». De quoi vous faire rêver… ou cauchemarder.
Si cette première description est importante, c’est parce que ces différents critères marquent le fait que Mosura appartenait au groupe des radiodontes, aujourd’hui éteint, mais qui descend des arthropodes.
Les scientifiques ont d’ailleurs constaté que Mosura avait une autre caractéristique, cette fois-ci propre à elle, donc qui n’est pas retrouvée chez les autres radiodontes. « Le Mosura possède 16 segments serrés, tapissés de branchies, à l’arrière de son corps » explique Joe Moysiuk, conservateur de paléontologie et de géologie au Musée du Manitoba, qui a dirigé l’étude.

« Il s’agit d’un bel exemple de convergence évolutive avec des groupes modernes, comme les limules, les cloportes et les insectes, qui partagent un ensemble de segments portant des organes respiratoires à l’arrière du corps. »
Les schistes du Burgess sont réputés pour la conservation exceptionnelle des fossiles et surtout de leurs parties molles. Normalement, ce sont ces parties qui disparaissent en premier et, après autant de temps, il reste à peine des traces des parties plus « dures » qui ont pu s’imprimer dans la roche. Ici, les scientifiques ont eu de la chance, car ils ont retrouvé des traces des systèmes nerveux, circulatoires et digestifs de Mosura.
« Très peu de sites fossilifères au monde offrent un tel aperçu de l’anatomie interne molle. On peut y observer des traces représentant des faisceaux de nerfs dans les yeux, qui auraient été impliqués dans le traitement de l’image, tout comme chez les arthropodes actuels », ajoute Jean-Bernard Caron, co-auteur de l’étude et conservateur au ROM. « Les détails sont stupéfiants. »

« Au lieu d’avoir des artères et des veines comme nous, Mosura possédait un système circulatoire ‘ouvert’, son cœur pompant le sang dans de larges cavités internes appelées lacunes », détaille le communiqué.
Des caractéristiques ancestrales révélatrices
Alors, outre son aspect terrifiant, pourquoi est-ce que la découverte de Mosura est-elle importante ?
« Les radiodontes ont été le premier groupe d’arthropodes à se diversifier dans l’arbre évolutif. Ils fournissent donc des informations clés sur les traits ancestraux de l’ensemble du groupe », explique Jean-Bernard Caron dans le communiqué. « La nouvelle espèce souligne que ces premiers arthropodes étaient déjà étonnamment diversifiés et s’adaptaient de manière comparable à leurs lointains parents modernes. »
« Les lacunes bien préservées du système circulatoire de Mosura nous aident à interpréter des caractéristiques similaires, mais moins claires, observées auparavant chez d’autres fossiles. Leur identité a été controversée », illustre Joe Moysiuk. « Il s’avère que la préservation de ces structures est répandue, confirmant l’origine ancienne de ce type de système circulatoire. »
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