À l’instar de Diablo II (dans un tout autre genre), Alan Wake s’offre une remasterisation digne de ce nom. Il s’agit toujours d’un cauchemar vidéoludique, mêlant action de bonne tenue et narration maîtrisée. Pour les joueurs PlayStation, il s’agit surtout d’un jeu inédit.

«  Les cauchemars ne relèvent pas de la logique et les expliquer n’aurait aucun intérêt, ce serait contraire à la poésie de la peur . » Alan Wake Remastered commence par une citation de Stephen King. Un choix judicieux pour instiller un sentiment de malaise chez celles et ceux qui oseront s’y aventurer. Les fans Xbox connaissent sans doute ce jeu vidéo développé par Remedy (l’excellent Control), puisqu’il fut autrefois une exclusivité Xbox 360 avant d’être porté sur PC. Le voilà aujourd’hui remasterisé sous l’égide d’Epic Games (Fortnite) et à destination, pour la première fois, des joueurs PlayStation.

Il s’agit donc d’une aubaine pour la communauté PS4 et PS5. Aussi disponible sur PC, Xbox One, Xbox Series S et Xbox Series X, Alan Wake Remastered vient en prime avec élégance, remettre au goût du jour un savoureux mélange de narration et d’action. Dedans, un auteur à succès atteint du syndrome de la page blanche se retrouve embourbé dans une histoire ténébreuse, à la recherche de sa femme disparue (qui a peur du noir) dans une bourgade reculée qui rappelle la série Twin Peaks (la série culte de David Lynch). Une référence parmi tant d’autres.

Alan Wake Remastered // Source : Capture PS5

Alan Wake Remastered

Source : Capture PS5

Des citations, partout

Culture pub’

La version originale d’Alan Wake comportait des publicités pour plusieurs marques : Verizon, Ford ou encore Energizer. Elles ont été retirées dans cette remasterisation, puisque les contrats ont expiré, révèle Screen Rant dans un article publié le 8 septembre.

Stephen King, Twin Peaks, Shining, Alfred Hitchcock,… Pendant toute l’aventure, les références à d’autres œuvres sont constantes. Alan Wake Remastered cite beaucoup, mais le fait en l’assumant à 100 %. Des objets qui prennent vie ? Le héros s’étonne de retrouver des descriptions qu’il a lues dans des livres de Stephen King. Des Thermos de café en collectibles ? Dale Cooper fait de cette boisson un rituel dans Twin Peaks. Voilà pour la matière. Elle prend vie dans des décors à la Twin Peaks (à la fois paisibles et effrayants), avec une mise en scène rappelant, parfois, Stanley Kubrick (on pense aux travelings aériens). Cela peut paraître beaucoup pour un seul jeu, mais force est de reconnaître que tout s’accorde bien.

La narration est gérée d’une main de maître

Il faut avouer que la narration est gérée d’une main de maître par Remedy. Le studio sait raconter des histoires prenantes et offrir des petits pas de côté  bien pensés (exemple : allumer un jukebox pour faire plaisir à un autre protagoniste). Certes, le découpage en épisodes — avec un petit résumé à chaque fois — peut paraître un peu ringard en 2021 (on rappelle que le jeu date de 2010). Mais il fait indéniablement partie du charme. Alan Wake Remastered nous trimballe de mystère en mystère, tous centrés sur un personnage principal dont on peine à deviner les véritables démons intérieurs. À l’image des chemins qu’il emprunte, Alan Wake apparaît comme un héros torturé. D’ailleurs, il ne faut pas hésiter à lire toutes les pages qu’on ramasse. Elles permettent d’approfondir l’intrigue un tantinet opaque.

Alan Wake Remastered // Source : Capture PS5

Alan Wake Remastered

Source : Capture PS5

Des cauchemars en 4K

C’est peu dire que Alan Wake a vieilli en plus de 10 ans. Il avait donc bien besoin d’une cure de jouvence. Cet Alan Wake Remastered veut faire honneur à la version originale. Les graphismes en 4K (sur PS5) aboutissent à un rendu satisfaisant, bâti sur un socle technique avantageux (les 60 fps). Les effets de lumière, qui participent beaucoup au gameplay, ainsi que ceux liés à la brume sont à tomber. La profondeur de champ, parfois vertigineuse, et les belles textures viennent quant à elles nourrir des environnements encore plus détaillés.

Nouveau Alan Ancien Alan

Peut-être que les amoureux du premier Alan Wake ne reconnaîtront pas le héros. Il arbore effectivement un nouveau visage, finalement plus proche des traits de l’acteur dont il s’inspire. C’est un peu déroutant, d’autant qu’on n’est pas certain que le jeu gagne vraiment au change. Les expressions faciales sont plus précises, mais moins naturelles en raison d’animations un peu rigides. Les mouvements du héros ressemblent parfois un peu à ceux d’un pantin. Ces désagréments trahissent l’âge de Alan Wake et la volonté de ne rien retoucher au squelette du jeu. Soit le propre des remasterisations.

Alan Wake Remastered // Source : Capture PS5

Alan Wake Remastered

Source : Capture PS5

La subtile utilisation de la lumière

Les deux extensions en prime

Alan Wake Remastered réunit le jeu de base et ses deux extensions (‘Le Signal’ et ‘L’Écrivain’. De quoi prolonger le plaisir.

Le gameplay de Alan Wake Remastered s’articule autour d’un élément phare : l’utilisation de la lumière pour se défendre face aux ténèbres. Durant ses pérégrinations, l’écrivain est attaqué par des formes cauchemardesques, qu’elles soient humaines ou proviennent d’objets. Pour les combattre, il doit d’abord les éclairer — un processus plus original que de simplement viser/tirer. Lampe torche (à recharge en ramassant des piles), infrastructures publiques, fusées de détresse, grenades aveuglantes… Les moyens à sa disposition ne manquent pas. Tant mieux puisque la barre de vie de Alan a tendance à vite fondre, quand il se fait toucher par ces différentes formes du mal. Il est toutefois dommage que la palette d’ennemis peine à se renouveler sur les six chapitres.

Alan Wake Remastered mélange des portions diurnes et nocturnes. La journée, Alan est assez tranquille et peut prendre le temps d’explorer Bright Falls — lieu où il pensait se reposer avec sa chère et tendre — et ses environs. C’est la nuit que ses pires cauchemars apparaissent. L’expérience navigue donc sans cesse entre ces moments de paix, qui installent une forme de fausse routine, et des moments sous haute tension (quand Alan doit échapper à ses poursuivants). Là encore, on peut mettre en avant une belle maîtrise de la part de Remedy, qui applique le principe du calme avant la tempête. Le studio n’a rien inventé au fond, mais avec son bagage de références bien senties, il imagine une aventure marquante. Pour rappel, Remedy a réitéré cet exploit avec Control, avec une direction artistique de haute volée.

Le verdict

Au fond, Alan Wake a plutôt bien résisté aux affres du temps. Et si la saga a été placée en sommeil pendant de nombreuses années, la voilà de nouveau en éveil à la faveur d’une remasterisation d’orfèvre. Au-delà des graphismes plus conformes aux standards actuels, Alan Wake Remastered est surtout une aubaine pour les joueurs PlayStation, qui ont toujours été privés du titre développé par Remedy.

Dans de bonnes conditions, ils découvriront alors un récit bien écrit, très référencé et mis en scène avec justesse. Ils apprécieront en parallèle le gameplay qui mise sur des combats plus malins et originaux qu’à l’accoutumée. Bref, Alan Wake Remastered s’inscrit dans la ligne des remasterisations qui font honneur à l’ancêtre, dans le but de convertir toujours plus de personnes. Un peu opportuniste certes, mais le travail est bien fait.


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