Les artistes possèdent-ils vraiment les droits sur les danses qu’ils tentent de défendre dans des procès les opposant aux studios de jeu vidéo ?

Les affaires opposant Epic Games, éditeur de Fortnite et les des artistes estimant que le jeu vole leur pas de danse se sont multipliées fin 2018. Au rang des plaintes les plus médiatisées, on compte celle d’un acteur du Prince de Bel’Air et celle du rappeur Milly. Et à en croire les éléments juridiques de la première obtenus par le Hollywood Reporter, l’avenir de ces affaires pourrait tourner à l’avantage du studio de jeu vidéo — ou plutôt, des studios, dans la mesure où l’acteur Alfonso Ribeiro a aussi attaqué Take-Two et son jeu NBA 2K pour les mêmes motifs.

C’est d’ailleurs la défense de Take-Two qui a peut-être tout fait basculer : le studio a en effet demandé à la cour de renvoyer l’affaire car le droit d’auteur ne pouvait couvrir une danse aussi simple. La « Carlton Dance », créée par M. Ribeiro alors qu’il incarnait Carlton Banks dans la série, est effectivement reprise dans les deux jeux, comme le montre la vidéo ci-dessous, comparant l’originale à Fortnite. Problème : le Copyright Office, organe américain gérant le droit d’auteur, a rendu son verdict pour l’une des variations de la routine dansée : elle ne peut pas relever du droit d’auteur dans la mesure où il s’agit d’un « enchaînement simple contenant 3 pas de danse ». Qu’importe qu’ils soient « uniques ».

Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là pour Alfonso Ribeiro, qui a aussi soumis deux autres variations pour les protéger. Car toute la question est de savoir s’il est bien l’auteur, même dans le cas où une séquence relèverait de la protection des droits d’auteur. En d’autres termes, l’agence se demande si la chorégraphie a bien été inventée par Ribeiro, si les droits n’appartiennent pas à la chaîne qui l’a diffusée ou encore, si sa partenaire dans la danse n’a pas aussi participé à sa création. C’est d’ailleurs l’un des arguments retenus par l’agence : s’il n’a pas déposé les mouvements au moment de leur création, c’est peut-être qu’il « savait qu’il ne les possédait pas ».

L’affaire n’est pas encore réglée et d’autres éléments pourraient amener les juges à pencher en faveur d’Alfonso Ribeiro, mais ces premières pièces de l’enquête ne vont clairement pas dans le sens de l’acteur. Mais si cette affaire finit par être rejetée par la cour américaine, elle pourrait mettre en difficulté les autres artistes qui s’estiment lésés. À suivre.


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