En façade, les choses sont présentées ainsi : GTA 6 vient tout juste d’être repoussé, une fois encore, avec une sortie désormais calée au 19 novembre 2026. En coulisses, cela irait mal. Plus tôt ce mois-ci, Rockstar Games a licencié plusieurs dizaines de personnes, brandissant l’argument de la faute grave, sur fond de divulgation d’informations confidentielles, alors que le titre a déjà été victime de grosses fuites.
Sauf que le studio s’arrangerait avec la vérité. Des preuves soutiennent que tout ne va pas bien : l’ambiance sur GTA 6 serait tendue, voire chaotique.
Le syndicat Independent Workers’ Union of Great Britain (IWGB) affirme que les personnes virées l’ont été pour d’autres raisons, liées à leur implication dans des revendications syndicales. Des manifestations ont été organisées à l’extérieur du siège pour protester, tandis qu’on peut trouver trace d’un témoignage édifiant, partagé par un développeur sur le forum GTAForums, très populaire et suivi (et dont le profil a été vérifié).
La pression est à son maximum au sein de Rockstar Games, à un an de la sortie de GTA 6
Membre du syndicat et vétéran chez Rockstar Games, l’employé, qui reste anonyme, appuie la thèse du licenciement abusif.
« La semaine dernière, mes collègues présents dans le studio ont chacun été contactés individuellement par les RH pour un court entretien amical […]. Lors de cette réunion, ils ont reçu une enveloppe contenant une lettre indiquant que leur contrat était terminé pour faute grave à propos de publications faites sur Discord. Aucune preuve n’a été fournie lorsqu’ils l’ont demandée, rien n’était indiqué dans la lettre », dit-il.
Il ajoute que les personnes ciblées n’ont pas eu droit à une représentation syndicale pendant l’entretien disciplinaire, alors que c’est prévu dans le droit britannique.
Il affirme par ailleurs n’avoir jamais vu « la moindre discussion ou fuite de projets Rockstar sur le Discord du syndicat ». Leur canal de discussion ne concernait ainsi que « les efforts de syndicalisation et les conditions de travail chez Rockstar ». Et à lui d’ajouter que ce Discord n’est pas du tout public, contrairement à ce que prétend le studio, carrément accusé de « sabotage syndical ». « Toutes les personnes licenciées étaient membres du syndicat, et la majorité faisaient partie des comités d’organisation syndicale de chaque studio britannique », fait-il savoir.
Par ailleurs, il relève que « juste une semaine auparavant, le syndicat avait atteint environ 200 membres, dépassant ainsi le seuil de 10 % nécessaire pour demander la reconnaissance et engager la négociation collective. Cela nous permettait de négocier directement avec la direction sur les principales problématiques qui nous touchent : l’aggravation du crunch, la faiblesse des salaires et le manque de souplesse dans l’organisation. »
Rockstar Games aurait-il sciemment agi de cette manière pour éviter que le syndicat ne gagne trop en puissance ? Ce serait grave, et témoignerait de relations particulièrement dégradées entre la direction et le syndicat, cela dans des circonstances de travail colossal qui doit encore être abattu pour terminer GTA 6 dans les temps.
GTA 6 serait-il trop ambitieux ?
De fait, le spectre d’une nouvelle révision du calendrier n’est pas à exclure quand on prend connaissance des profils qui ont été mis à pied. « Ces collègues étaient des travailleurs acharnés ayant passé de nombreuses années chez Rockstar dans des postes essentiels. Certains collègues étaient là depuis plus de 18 ans et aucun n’avait eu de mesure disciplinaire durant tout ce temps. Ils sont irremplaçables et leur départ aura forcément un impact sur le respect des délais de nos projets », explique la source.
Il cite des artistes seniors, des animateurs, des testeurs, des designers, des programmeurs ou encore des producteurs. En somme, des postes clés sont affectés, dont la disparition conduit à craindre un impact sur la production.
Ce climat délétère pourrait aussi faire naître des doutes quant à la qualité finale du jeu. GTA 6 serait-il trop ambitieux au point d’instaurer des conditions de travail impossibles à tenir, doublées d’objectifs insensés ? C’est une thèse plausible, et on sait très bien que le trop peut-être l’ennemi du bien.
Créateur de contenu spécialiste des jeux Rockstar, GameRoll va même plus loin : « Ils ont eu les yeux plus gros que le ventre et se sont laissés emporter avec leurs aspirations et s’efforcent désormais d’assembler les morceaux correctement. » Au point de faire souffrir les effectifs, soumis par un cahier des charges intenable. La quête de la perfection, utopique, a un coût humain que Rockstar Games a possiblement mal jaugé, et il suffit d’une seule carte mal positionnée dans un château de cartes pour voir s’effondrer tout un immense édifice.
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