Fils de, mais surtout orphelin, Robert est un peu le loser qui se prend pour un super-héros, dans un monde où les super-héros existent vraiment. Mais alors qu’il souhaite se venger de celui qui a assassiné son paternel, sa quête personnelle vire à la catastrophe. Son mécha détruit, ou presque, il n’est plus que l’ombre de celui qu’il aspire à être. Il aura sa seconde chance en se faisant recruter par une agence de super-héros, devenant alors l’opérateur à distance d’une bande de vilains en réinsertion — et qui ont également besoin d’une seconde chance pour revenir sur le droit chemin.
Dispatch, développé par AdHoc Studio, est un jeu vidéo malin jusque dans son nom, puisque dispatch signifie « envoyer quelqu’un pour faire quelque chose » — soit précisément l’objet de la mission tombée du ciel de Robert. Solidement ancré dans le genre narratif, avec tout ce que cela implique en termes de mécaniques de gameplay (des choix cruciaux, notamment), Dispatch mise sur son écriture d’une finesse et d’une sincérité sidérantes pour captiver du premier au huitième épisode. Elle nourrit un univers crédible, qui mélange l’extraordinaire à l’ordinaire. Autant le dire tout de suite : il y a mille raisons de lancer Dispatch.
Points forts
- Visuellement, on dirait une série d’animation
- Un récit décomplexé, touchant et mature
- Des personnages terriblement attachants
Points faibles
- Introduction un tantinet abrupte
- Quelques soucis d’ergonomie
- On en veut toujours plus
Visuellement, Dispatch est une pièce d’orfèvrerie
Disponibilité
Dispatch est pour le moment disponible sur PC et PS5. des versions Switch et Switch 2 sont prévues pour fin janvier 2026.
Il serait extrêmement réducteur de résumer Dispatch à la seule qualité de sa plume, quand bien même il s’agit d’une condition sine qua none pour un titre du genre. On ne peut effectivement que vous encourager à regarder une bande-annonce ou quelques images (nos captures, à tout hasard) pour admirer le travail dantesque abattu par les développeurs. Artistiquement, Dispatch est l’un des plus beaux jeux que vous verrez dans votre vie. Il atteint des sommets graphiques tellement élevés qu’on croirait jouer à un film ou à une série d’animation — une impression qui va de pair avec la fibre résolument comics de cet univers qui se réapproprie Los Angeles en faisant cohabiter des individus venus de tous les horizons (humains, monstres, mutants, démons…). Avec une cohérence ébouriffante.
Il serait extrêmement réducteur de résumer Dispatch à la seule qualité de sa plume
AdHoc Studio n’a pas lésiné sur les moyens pour soigner l’habillage. Du design des personnages, hauts en couleurs, aux animations et à la gestion de la profondeur, en passant par les effets visuels appuyés et saisissants, tout transpire la passion et l’envie de bien faire dans Dispatch. En prime, il n’y a pas l’ombre d’une fausse note dans ce que la richesse du lore a à offrir, alors même que les environnements d’un réalisme froid réunissent un casting empruntant parfois au fantastique. Dispatch se permet même quelques références bien senties au monde des super-héros, et bien plus encore, pour rendre hommage, jouer sur l’autodérision ou faire un peu des deux.

L’autre grand tour de force de Dispatch se situe dans sa capacité à ériger un casting vocal impliqué, avec quelques pointures dans le lot qui emmènent tout le monde avec eux. On citera Aaron Paul, star de Breaking Bad à la voix grave et distinctive, ou encore Jeffrey Wright, vu dans la série Westworld, et Laura Bailey. Entre autres noms comme Erin Yvette, Travis Willingham, Alanah Pearce et Matthew Mercer. Non content d’être un plaisir continu pour les yeux, Dispatch est un bonheur à entendre, par son doublage comme par sa bande son.

Un gros, gros travail d’écriture
Le premier chapitre de Dispatch, dont l’introduction peut paraître un peu abrupte, nous fait croire que le jeu est une pure expérience narrative. Quelques QTE (qu’on peut désactiver), des dialogues avec des choix de réponses (dont on ne mesure pas toujours l’impact), une immersion totale : Dispatch récite sa leçon apprise par cœur, avec beaucoup de cœur. Il mise sur ses fortes têtes, qui ont toutes un combat personnel à mener, pour alimenter des interactions sociales qu’on pourrait tous avoir — les superpouvoirs, parfois dépeints comme des fardeaux en moins. Il imagine des scènes en apparence banales, mais pleines de bons sentiments. Il accouche d’un récit mature, décomplexé et effronté, avec une bonne dose de tendresse en sous-texte et la rédemption comme fil rouge.

Drôle, touchant, triste, étonnant… Dispatch s’accomplit en nous faisant ressentir énormément de choses. Il n’évite pas les écueils dans certains thèmes abordés, mais a toujours cette idée à lui pour faire un pas de côté et surprendre. AdHoc Studio a par ailleurs pensé ses personnages pour qu’ils ne nous laissent jamais insensibles. On a l’impression d’avoir affaire à une bande de bras cassés, prêts à imploser à la moindre seconde, têtes à claque sur les bords mais qu’on a tout de même une envie folle d’aider. Dispatch a des allures de cirque rempli de clowns tous plus attachants les uns que les autres. Des clowns qui rêvent de tirer un trait sur leur passé douloureux, avec une maladresse propre aux individus paumés.
Mais Dispatch n’est pas qu’un simple jeu narratif pendant lequel on appuie sur une touche toutes les cinq minutes. Il repose la majorité de son gameplay sur une gestion relativement fine de l’équipe, lors des heures de travail. Ainsi doit-on envoyer des aspirants super-héros remplir des missions dont l’intitulé renseigne sur les caractéristiques à maîtriser pour garantir la réussite. S’il faut négocier, vaut mieux envoyer quelqu’un de charismatique. À l’inverse, certains objectifs nécessitent la force pure. Tout ce beau monde gagne des points d’expérience pour matérialiser la notion de progression, en accord avec l’histoire. Bref, Dispatch sait être cette simulation gentillette du manager, contraint de superviser des employés peu coopératifs.

Enfin, Dispatch enrichit son gameplay avec des séquences de piratage, lesquelles grimpent en difficulté avec le temps. Une autre manière de souligner que AdHoc Studio ne se contente jamais du strict minimum et n’entend pas capitaliser uniquement sur la générosité de sa narration pour convaincre. Seul hic : l’interface, pendant les phases de gestion de l’équipe notamment, gagnerait à être plus ergonomique, puisqu’on s’y perd parfois dans la navigation. Mais c’est bien là la seule ombre sur un tableau parfait sur absolument tout le reste. Très franchement, ne passez pas à côté de Dispatch, qui vous occupera entre huit et dix heures, comme le ferait une bonne série sur Netflix, avec même un goût de reviens-y.
Le verdict
On a aimé
- Visuellement, on dirait une série d’animation
- Un récit décomplexé, touchant et mature
- Des personnages terriblement attachants
On a moins aimé
- Introduction un tantinet abrupte
- Quelques soucis d’ergonomie
- On en veut toujours plus
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