Un triomphe absolu à la cérémonie des The Game Awards 2025. Une réussite créative à la française. Un succès entièrement mérité. Les titres de presse et les réactions du public — notamment en France — sont à l’unisson ces dernières heures. La raison ? Clair Obscur: Expedition 33 a écrasé la compétition et pris la couronne de Jeu de l’Année (GOTY).
Au-delà de la fierté tricolore qui a saisi une bonne partie de la communauté des gamers français dans la nuit du 11 au 12 décembre 2025, et la consécration artistique pour le studio Sandfall Interactive, l’évènement se distingue par quelques curiosités chiffrées et statistiques qui soulignent à quel point cette édition des The Game Awards 2025 n’était pas comme les autres.
12 nominations : une omniprésence inédite
C’est la première métrique qui laissait évidemment entendre que Clair Obscur: Expedition 33 allait sans doute tout rafler. Le jeu a été nommé à 12 reprises dans 10 catégories différentes. C’est du jamais vu dans l’histoire des The Game Awards. De fait, le jeu a établi un nouveau record absolu qui sera encore plus ardu à battre.
- Game of the Year (Jeu de l’Année)
- Best Game Direction (Meilleure Réalisation)
- Best Narrative (Meilleure Narration)
- Best Art Direction (Meilleure Direction Artistique)
- Best Score and Music (Meilleure Musique – Lorien Testard)
- Best RPG (Meilleur Jeu de Rôle)
- Best Independent Game (Meilleur Jeu Indépendant)
- Best Debut Indie Game (Meilleur Premier Jeu Indépendant)
- Best Performance (Meilleure Performance d’Acteur)
- Best Audio Design (Meilleur Design Audio)
- Best Performance (Meilleure Performance d’Acteur, nomination 2)
- Best Performance (Meilleure Performance d’Acteur, nomination 3)
Jusqu’ici, il semblait se former un plafond de verre indépassable, situé vers 10-11 nominations, un seuil atteint par des productions d’ampleur comme Death Stranding (10 nominations), The Last of Us Part II (11) et God of War Ragnarök (11), qu’on qualifie de jeux AAA. Voir un jeu français appartenant plutôt à la catégorie des jeux AA relève de la prouesse.

9 prix remportés : un nouveau sommet atteint
Le raz de marée que l’on prédisait avec les 12 nominations s’est concrétisé : le jeu repart avec 9 statuettes, dont les prix les plus désirés. Il lui aurait été techniquement possible de décrocher deux victoires de plus, mais pas de faire un sans-faute, car seule une personne sur les trois nommées dans la catégorie meilleure performance pouvait gagner.
Game of the Year (Jeu de l’Année)
Best Game Direction (Meilleure Réalisation)
Best Narrative (Meilleure Narration)
Best Art Direction (Meilleure Direction Artistique)
Best Score and Music (Meilleure Musique – Lorien Testard)
Best RPG (Meilleur Jeu de Rôle)
Best Independent Game (Meilleur Jeu Indépendant)
Best Debut Indie Game (Meilleur Premier Jeu Indépendant)
Best Performance (Meilleure Performance d’Acteur)
Clair Obscur surclasse le record précédent établi par The Last of Us Part II en 2020 (7 victoires). Cela, alors même que la concurrence était solide. Death Stranding 2: On the Beach, Hades II et Hollow Knight: Silksong étaient des adversaires redoutables. Cela témoigne d’un consensus rare dans le milieu vidéoludique.
Un taux de conversion « nomination / prix » exceptionnel
C’est aussi une autre manière de constater l’efficacité du jeu vidéo aux Game Awards 2025. Avoir des nominations, c’est bien. Les transformer en prix, c’est mieux (n’est-ce pas Death Stranding 2: On The Beach, nommé dix fois, reparti sans rien). Clair Obscur avait 13 nominations, il repart avec 9 statuettes. C’est un taux de conversion impressionnant de 75 %.
On peut même voir un taux de conversion de presque 90 %, car, comme on l’indiquait précédemment, il était impossible pour deux des trois nominations dans la catégorie Meilleure Performance d’Acteur de s’en sortir, en cas de victoire du troisième. En l’espèce, cela revient en somme à raisonner en termes de catégorie.
Si on se prête un peu au jeu des comparaisons, Red Dead Redemption 2 avait 8 nominations pour seulement 4 victoires (50 %) en 2018. Cinq ans après, Alan Wake 2 avait 8 nominations pour 3 victoires (37,5 %). C’est le signe que le jury a été unanime sur presque toutes les facettes du jeu (aussi bien artistique que narrative et musicale), et pas que sur le « global ».

L’invasion de la Best Performance
C’est une autre curiosité statistique, qui cette fois vient souligner la grande qualité de la direction d’acteurs. Lors de ces Game Awards, un seul jeu a occupé la moitié des places disponibles pour la catégorie de la Best Performance (Meilleure Performance d’Acteur ou d’Actrice). C’est Jennifer English, qui incarne Maelle, qui a remporté la mise.
Est-ce pour autant un record absolu ? Pas tout à fait. Il s’avère qu’un autre jeu, en 2016, a atteint lui aussi ce seuil : Uncharted 4: A Thief’s End. Cela étant, même si Clair Obscur: Expédition 33 n’est pas « seul » au sommet, il n’en demeure pas moins qu’il se trouve là aussi au top, grâce à la présence de Ben Starr et Charlie Cox, aussi nommés.
Quoiqu’il en soit, le jeu s’exposait à un risque mathématique : avec trois personnes représentant un même jeu dans une même catégorie, il y aurait pu y avoir une division des votes en défaveur de Clair Obscur: Expedition 33, ce qui aurait pu profiter à un outsider. Que Jennifer English l’ait tout de même emporté vient consacrer un peu plus la réussite de son interprétation.
Le tiercé gagnant avec les trois principaux titres
Gagner des titres c’est bien, mais force est de constater que certaines catégories sont plus désirées que d’autres. C’est vrai pour le jeu de l’année (GOTY), mais aussi la meilleure réalisation et la meilleure narration. Un peu, en somme, comme les Oscars majeurs. Toutes les récompenses n’ont pas le même poids dans l’imaginaire collectif.
Ce tiercé gagnant est très difficile à obtenir. Avant 2025, seul The Last of Us Part II y était parvenu. Pour Elden Ring, il manquait la narration. Pour God of War Ragnarök, il manquait le GOTY. Idem pour Alan Wake 2. Clair Obscur rejoint donc un club très fermé où la forme (la réalisation) et le fond (la narration) ont donné un jeu exceptionnel (GOTY).

Une réussite dès le premier essai
Enfin, c’est une remarque qui est encourageante pour l’industrie, et surtout pour les « petits » studios qui n’ont pas forcément les ambitions d’aller sur le créneau des jeux AAA ou AAAA, mais qui ciblent un niveau de production plus modeste (AA). Sandfall Interactive prouve que l’on peut remporter le titre du jeu de l’année avec son tout premier jeu.
D’ordinaire, les studios passent par une phase de croissance, remportant d’abord des prix indépendants avant de prétendre au titre suprême des années plus tard. Voir un jeune studio faire un tel coup de maître, du premier coup, face à des vétérans de l’industrie qui sont en place depuis des dizaines d’années renforce cette impression hallucinante.
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