Superman est un être qui s’imprègne de la lumière du Soleil pour être tout-puissant. James Gunn, sauveur choisi par Warner Bros. pour relancer la machine de l’univers DC Comics, utilise cette faculté à bon escient pour nous bombarder de rayons de joie et susciter une explosion d’émotions dans ce long-métrage qui est bien plus qu’un blockbuster. Il est en effet le point de départ d’un renouveau censé laver des années d’affront. Le cinéaste n’avait donc pas le luxe de se louper. Finalement, il transcende une formule qu’il a paradoxalement affinée chez la concurrence avec la trilogie Les Gardiens de la galaxie.
Superman est le meilleur film de super-héros depuis bien trop longtemps, à une époque où l’empire construit par Marvel et Disney avec le MCU n’a plus d’air dans les poumons et ne parvient pas à trouver un second souffle (la grande réunion avec le prochain film Avengers est un aveu d’échec, pour ne pas dire un cirque). Il porte la patte d’un auteur qui connaît son sujet et aime ses personnages, même les plus ridicules, surtout les plus ridicules. Un auteur qui n’a pas peur de faire un film suffisamment intelligent, mais pas trop non plus, gardant cette part d’espièglerie qui fait du bien. Son seul but : mettre un sourire sur un maximum de lèvres.
Points forts
- David Corenswet incarne Superman lumineux
- Récit intelligent, avec un humour bien dosé
- Le point de départ rêvé pour la renaissance de DC Comics au cinéma
Points faibles
- Les effets spéciaux ne suivent pas toujours
- Un Superman moins puissant
- Maintenant, il faut que le reste suive
Le phare dont DC Comics avait besoin
Quand j’étais enfant, mes matinées étaient rythmées par la diffusion de trois dessins animés : Spider-Man, Batman et Superman. Je me délectais de chaque épisode, avec les yeux d’un jeune garçon qui rêvait d’être un super-héros. J’imagine que James Gunn a nourri le même fantasme, compte tenu de l’approche par laquelle il a bâti Superman. Son Superman, faudrait-il dire, qui est d’une générosité visuelle débordante, pas toujours suivie par les effets spéciaux, et qui ressemble au Superman que je regardais il y a maintenant plus de 25 ans. Jamais je n’aurais imaginé voir un tel spectacle retranscrit avec une telle maîtrise dans un film en prises de vues réelles.
James Gunn en fait un personnage acceptant d’être émotionnellement et physiquement vulnérable
Superman est un film parfois choral qui s’appuie sur une distribution parfaite. David Corenswet, en tête, prend brillamment la suite d’Henry Cavill, en incarnant une version plus lumineuse et humaniste du justicier — au terme d’une préparation de circonstance. « J’aime, j’ai la trouille, je me lève tous les matins », affirme-t-il pour rappeler à tous son côté humain, avec un charme qui lui est propre, et sans besoin d’étaler ses abdominaux. Quand Zack Snyder en faisait l’égal d’un Dieu à la puissance démesurée, James Gunn en fait un personnage acceptant d’être émotionnellement et physiquement vulnérable, souvent à terre, mais toujours prêt à redécoller. C’est d’ailleurs un point qui pourra faire jaser : ce Superman-là est plus « faible » que les autres, et refuse la mort de n’importe quel être vivant. Mais il n’a besoin que d’un sourire pour nous emmener avec lui.

Autour de lui gravitent une Lois Lane brillante dans son arrogance et sa détermination, un Lex Luthor machiavélique, idéalement représenté dans sa haine de ce qui le dépasse et qu’il ne comprend pas, et un Green Lantern foutraque, qui balance des doigts d’honneur en arrière-plan. Car, bien sûr, James Gunn amuse la galerie avec ses fous du bus, avec un bon dosage entre l’humour (il se moque du ridicule du héros, comme le slip rouge et les lunettes holographiques) et le sérieux, jusqu’à assumer un message politique fort (qui fera jaser). Il a surtout la bonne idée de ne pas prendre son public pour une buse. Il étale les nombreux codes de son adaptation, avec tout ce qu’il faut d’explications pour que le tout soit assimilé de manière digeste. Avec tant de choses à (re)mettre en place, on aurait pu craindre un récit qui part dans tous les sens, mais la narration est en réalité limpide.
Superman réserve aussi des moments de bravoure bien orchestrés, même si on sent que c’est moins le point fort de James Gunn (notamment en comparaison de Zack Snyder, le maître des clips). Le blockbuster sait être malin dans sa mise en scène pour que la magie puisse opérer malgré tout : Superman est moins dans l’esbroufe, mais sa photographie éclatante irradie l’écran et illumine nos visages. On est moins dans le récit au service de l’action que l’inverse. Superman préfère ventiler pour faire respirer le justicier, qui dévoile peu à peu une personnalité bien plus profonde et complexe que sa réputation ne le laisse imaginer. Non content de réaffirmer ses marottes (les animaux en tête), James Gunn va jusqu’à moderniser certains enjeux en les ancrant dans des problématiques sociétales d’aujourd’hui (la réputation sur les réseaux sociaux, par exemple).

En somme, que ce soit dans la forme ou dans le fond, Superman ne fait que briller. Il existe pour redonner un immense espoir à Warner Bros., peut-être au meilleur moment possible. Il représente la meilleure symbolique du S de Superman (l’espoir, justement). Mais il faudra que les films et séries qui lui succéderont soient abordés avec le même soin et le même souffle. Sans quoi ce reboot n’aura servi à rien, sinon à redonner une sacrée envergure à Superman. Quand on se souvient de l’abysse dans lequel s’est plongé DC Comics, ce n’est déjà pas si mal.
Le verdict

Superman
Voir la ficheOn a aimé
- David Corenswet incarne Superman lumineux
- Récit intelligent, avec un humour bien dosé
- Le point de départ rêvé pour la renaissance de DC Comics au cinéma
On a moins aimé
- Les effets spéciaux ne suivent pas toujours
- Un Superman moins puissant
- Maintenant, il faut que le reste suive
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