Comprendre les mouvements coordonnés de plusieurs étoiles, ça vous dit ? C’est la proposition étonnante du Problème à 3 Corps, qui nous abreuve, dès son titre, de concepts physiques et mathématiques : et pour cause, un mystérieux mal y touche les scientifiques de la planète, qui se suicident les uns après les autres.
Réputé inadaptable en raison de sa dimension conceptuelle, ce livre de hard SF connaît aujourd’hui une adaptation en grande pompe sur Netflix, très réussie pour les fans de la première heure. La série peut-elle trop ardue à digérer pour celles et ceux qui n’auraient pas lu le roman culte de Liu Cixin ?
Ned Stark, le retour
Dès sa séquence d’ouverture, la série nous place en terrain connu avec une séquence qui nous rappelle une tout autre scène, devenue culte : celle des débuts de Game of Thrones.
Dans Le Problème à 3 Corps, on démarre durant la révolution culturelle chinoise, alors que des intellectuels sont humiliés et battus à mort en place publique. Face à cette exécution d’un père devant des milliers de personnes, et surtout devant sa propre fille, on ne peut s’empêcher de penser à la décapitation de Ned Stark, à la fin de la première saison de Game of Thrones.
Une ressemblance qui n’est évidemment pas anodine, puisque les showrunners de la grande saga de fantasy, David Benioff et D.B. Weiss, sont également aux manettes du Problème à 3 Corps. En convoquant ainsi des images bien connues de nos rétines, le duo instaure un climat familier dès ses premières secondes, malgré un contexte politique rarement développé dans les séries TV.
De Game of Thrones à Westworld
Tout au long des 8 épisodes, on repère des clins d’œil, volontaires ou non, à d’autres références comme les enquêtes paranormales de Fringe ou de X-Files ; les gros plans d’un scientifique ébloui par la lumière de sa création comme dans Oppenheimer ; ou les casques de réalité pas si virtuelle à la manière de Ready Player One. En invoquant l’imaginaire issu d’œuvres bien installées dans nos représentations, Le Problème à 3 Corps nous permet d’entrer doucement mais sûrement dans son énigme.
Même notre audition retrouve une sensation de déjà-vu, puisque le générique de la série Netflix est composé par le grand Ramin Djawadi, derrière la bande originale mémorable de Game of Thrones mais aussi de Westworld, autre grande série de SF aux concepts complexes.
Alors, certes, il pourrait être parfois difficile de comprendre l’entièreté des discussions entre les personnages, qui usent parfois de concepts un brin abstraits pour le commun des mortels. Mais, globalement, cette compréhension scientifique n’est pas indispensable à une bonne appréciation de la série.
Un casse-tête accessible
Sans être un petit génie des mathématiques ni connaître déjà tout de l’œuvre originale de Liu Cixin, on peut ainsi totalement savourer la narration du Problème à 3 Corps, qui nous prend sans cesse par la main. Si le contenu est original, le cadre est en terrain connu. On se prend même facilement au jeu de ce casse-tête, qui pourrait parfois nous donner un petit mal de tête, mais qui a l’intelligence de ne jamais nous perdre en chemin.
La connaissance du roman initial n’est donc clairement pas indispensable pour apprécier cette série aux visuels réussis, qui a l’audace d’une approche originale de ses thématiques et, surtout, qui ne nous prend jamais pour des imbéciles.
En visionnant les 8 épisodes du Problème à 3 Corps, on ne peut s’empêcher de penser à l’annulation de productions tout aussi perchées comme The OA, injustement stoppée en plein vol par Netflix après seulement deux saisons. On espère que le succès de cette adaptation ambitieuse, qui squatte actuellement la première place de la plateforme, servira enfin de leçon pour continuer à nous offrir des créations aussi complexes que celle-ci.
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