Une vague de suicides frappe les scientifiques, partout dans le monde et au même moment. C’est sur cette énigme lugubre que s’ouvre Le Problème à 3 Corps. Cette nouvelle série Netflix de science-fiction, qui sera à découvrir le 21 mars sur la plateforme, adapte un monument littéraire : l’ouvrage du même nom, signé de l’écrivain chinois Liu Cixin (traduit en France par Gwennaël Gaffric chez Actes Sud). Après le visionnage des huit épisodes, notre verdict est clair : c’est une œuvre de science-fiction sensationnelle, digne d’une adaptation parfaitement réussie.
Le défi était ardu. Le bestseller de Liu Cixin avait marqué les esprits en épousant totalement le genre de la « hard SF », dont l’atout est de représenter un récit solidement ancré dans la réalité scientifique et technologique. Il en résultait un ouvrage qui avait sa part de complexité, mais qui était surtout capable de retourner le cerveau avec un scénario novateur sur la notion de premier contact — et sur le rapport de l’humanité au progrès.
De fait, Le Problème à 3 Corps était réputé inadaptable. Le risque le plus grand était de sacrifier l’intelligence au profit du spectacle. Car l’ouvrage, rempli de notions scientifiques et mathématiques, autant que de cheminements intellectuels, ne semblait pas compatible avec une mise en scène accessible. Et pourtant, la maturité dont fait preuve la série créée par David Benioff, D.B. Weiss et Alexander Woo lui permet d’être autant un polar haletant qu’un récit de SF cérébral.
Des histoires d’amour et d’amitié vs le destin de la Terre
La force de la série est d’abord son rythme. On vacille, au début, entre les années 1960 et le présent. Lors de la révolution culturelle, en Chine, une jeune femme brillante, prisonnière du Parti communiste, est transférée dans une installation munie d’une antenne. Les événements qui s’y déroulent semblent mystérieusement reliés au fléau qui touche les scientifiques en 2024 : leur cerveau est comme « piraté », leur faisant voir un décompte qui les fait vriller.
Puis les révélations s’enchaînent : Le Problème à 3 Corps n’est jamais avare en coups de théâtre réguliers et ne nous étouffe jamais de mystères artificiellement irrésolus — malgré une énigme persistante en toile de fond. Impossible de lâcher une histoire aussi bien menée.
S’il y a de l’action et de l’humour, on apprécie encore plus la capacité de cette adaptation à créer du suspense à partir de ses éléments les plus cérébraux. Son astuce pour y parvenir : un récit construit avant-tout de tranches de vie. Le Problème à 3 Corps version Netflix est un entremêlement de destins chahutés par des événements insaisissables, d’histoires fortes d’amour et d’amitié.
L’ampleur monumentale du scénario et la grandeur scientifique de ses notions servent ces personnages, qui, en plus, sont portés par un casting qui ne faillit jamais à émouvoir, énerver ou inquiéter. La série ne serait clairement pas la même sans cet atout de premier choix ; mention spéciale à Jess Hong, ainsi qu’à Eiza Gonzalez, Benedict Wong, John Bradley-West et Liam Cunningham.
Voilà une science-fiction que l’on aimerait voir plus souvent sur nos écrans : elle nous pousse dans nos retranchements, tout en nous assurant aussi un plaisir certain dans son suspense. On y retrouverait presque le charme des séries à énigmes de la trilogie du samedi, mais avec la solidité d’une grosse production actuelle.
Car Le Problème à 3 Corps ne transige jamais sur sa mise en scène, où l’on retrouve d’ailleurs en partie la patte spectaculaire et organique des créateurs de Game of Thrones, David Benioff et D.B. Weiss, accompagnés ici d’Alexander Woo au showrunning. Magnifique et perturbante, cette nouvelle série Netflix coche toutes les cases d’une future œuvre de SF de référence.
Le verdict
Le problème à 3 corps
Voir la ficheOn a aimé
- Un rythme hâletant
- Un récit de SF à la fois cérébral et captivant
- Un casting au jeu impeccable
- Une SF originale
Magnifique et perturbant, Le Problème à 3 Corps est un récit haletant qui n’oublie jamais d’être intelligent. La série, construite à partir de tranches de vie, ne transige pas sur les émotions tout en livrant un récit monumental sur le destin de l’humanité. Il en résulte une adaptation impeccable d’un ouvrage réputé inadaptable. C’est très fort, et on en redemande : cela fait du bien d’être repoussé dans nos retranchements.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !