Pour beaucoup, Prince of Persia est ce vieux jeu vidéo où chaque saut était difficile, où chaque combat était complexe, où chaque piège tendait les bras. Pour d’autres, Prince of Persia est un film de Disney avec Gemma Arterton et Jake Gyllenhaal, pecs et abdos saillants (vous l’aviez oublié ?). Enfin, Prince of Persia peut aussi être ce formidable jeu en 3D, intitulé Les sables du temps (et dont on attend un remake, malgré un développement tumultueux). En janvier 2024, Ubisoft espère réunir tous ces publics avec Prince of Persia: The Lost Crown, un opus original en 2,5D.
Après des années de vaches maigres, matérialisées par des calendriers moins remplis et reluisants, Ubisoft semble prêt à raccrocher le bon wagon (notamment grâce à la sortie de Star Wars Outlaws). Et quoi de mieux que le retour d’une saga culte pour se refaire la cerise ? Prince of Persia: The Lost Crown ressemble à une reprise en douceur, avec une prise de risque infime qui garantit une expérience de jeu suffisamment qualitative pour captiver de bout en bout. Avec son gameplay d’une efficacité redoutable et son audace mesurée, Prince of Persia: The Lost Crown (re)lance Ubisoft.
Points forts
- Un gameplay hyper plaisant
- De belles idées dans les pouvoirs
- Des combats bien équilibrés
Points faibles
- Direction artistique vilaine
- Un manque global d’audace
- Il faut aimer les va-et-vient
Prince of Persia: The Lost Crown mérite une petite couronne
Longue aventure
Prince of Persia: The Lost Crown s’appuie sur une durée de vie confortable, qui peut dépasser les vingt heures si on veut tout faire. Les plus rapides le feront en dix. Les habitués le feront avec une seule main.
Si on devait résumer Prince of Persia: The Lost Crown avec des comparaisons évidentes, on pourrait dire qu’il est un Blasphemous en moins sombre ou un Ori and the Will of the Wisps en moins poétique. En somme, il s’inscrit dans le genre Metroidvania, qui doit quelques bases à ses illustres ancêtres. Il mélange action et exploration dans une recette dont on devine la saveur dès les premières minutes de jeu. On y incarne un membre d’un groupe d’Immortels, chargé de secourir le prince de Perse, kidnappé au terme d’une introduction coup de poing. Pour Ubisoft, c’est surtout l’occasion de nous emmener dans le mont Qaf, où les phénomènes fantastiques sont nombreux.
Tout au long de son aventure, le héros de Prince of Persia: The Lost Crown débloque des pouvoirs, la plupart du temps liés au temps. Sur ce point, il faut avouer qu’Ubisoft a de belles idées pour pimenter l’action, comme l’exploration. On pense par exemple à cette faculté de poser un clone à un endroit pour s’y téléporter illico quelques secondes plus tard. Ce mécanisme de retour dans le passé donne naissance à de belles applications dans les phases de sauts et les quelques énigmes établies sur l’environnement. Il faut parfois faire preuve d’un peu de doigté quand on joue à Prince of Persia: The Lost Crown, mais c’est toujours valorisant de parvenir à ses fins en mixant plusieurs aptitudes spéciales (double-saut, dash, grappin magique…).
D’autant que le gameplay offre d’excellentes sensations. Le personnage principal est agile, habile et vif. Il répond au doigt et l’œil, que ce soit pour se hisser avec aisance ou pour se défendre avec fulgurance. Pour le coup, il est le digne héritier de ses ancêtres, notamment le héros de Prince of Persia : Les Sables du Temps (qui est devenu une trilogie, signe de son succès). Les combats sont dynamiques, ni trop simples, ni trop durs, notamment parce que la parade repose sur un timing serré.
Certaines attaques adverses sont imparables, ce qui signifie qu’il sera parfois nécessaire de ruser. En résultent des affrontements bien menés, qui évitent le mode pilote automatique. Il y a même quelques boss qui risquent de donner du fil à retordre — tout au moins sur la deuxième moitié. Prince of Persia: The Lost Crown offre les moyens de s’en sortir, pour peu qu’on prenne la peine de fouiller les décors en quête d’améliorations optionnelles. Ubisoft fournit même un moyen de prendre des photos à des endroits pour se rappeler qu’il y a quelque chose à dénicher plus tard (avec le pouvoir adéquat).
On sent quand même que les développeurs ne cherchent jamais à rendre Prince of Persia: The Lost Crown trop complexe, contrairement à certains Medroidvania, qui jouent plus volontiers la carte du Die&Retry (Ori) ou s’inspirent carrément des Dark Souls pour les combats (Blasphemous). Certains passages laissent à penser que les développeurs ont mis le frein à main, qu’ils auraient pu être encore plus cruels dans la construction des niveaux. Au moins, Prince of Persia: The Lost Crown est équilibré et relativement juste.
Inspiré sur la structure de son jeu, Ubisoft s’est en revanche un peu trop laissé aller sur la partie visuelle. Autant on peut souligner la fluidité au rendez-vous (nécessaire pour accompagner le caractère félin du héros) et le travail sur les arrière-plans (ils fourmillent de détails), autant il est possible de rester de marbre devant le design général. Les personnages ne ressemblent vraiment pas à grand-chose et Prince of Persia: The Lost Crown en a payé le prix fort à son annonce, avec des premiers retours négatifs sur son ambiance — un peu trop street, sinon cartoon, pas assez orientale. Heureusement que le titre propose quand même quelques atmosphères bien senties. En raison des légendes qui l’animent, le mont Qaf autorise tout et n’importe quoi. Et, par conséquent, il y a quelques trésors à dénicher, entre deux fautes de goût qui condamnent la réussite visuelle d’un rendu en 2,5D (capable de merveilles quand il est maîtrisé). Prince of Persia: The Lost Crown, ou les mille et une inspi.
Le verdict
Prince of Persia : The Lost Crown
Voir la ficheOn a aimé
- Un gameplay hyper plaisant
- De belles idées dans les pouvoirs
- Des combats bien équilibrés
On a moins aimé
- Direction artistique vilaine
- Un manque global d’audace
- Il faut aimer les va-et-vient
Avec Prince of Persia: The Lost Crown, Ubisoft ressuscite une illustre saga. Et l’entreprise ne s’y trompe pas. Avec une prise de risque mesurée, ce nouvel opus s’inscrit dans le genre Metroidvania avec de belles réussites dans sa besace. Long et plaisant, Prince of Persia: The Lost Crown a de bons moments à offrir, avec en prime une difficulté bien dosée, jamais frustrante et parfois même gratifiante.
Il est simplement dommage de devoir composer avec une direction artistique gloubi-boulga, qui trahit quelques inspirations plus maladroites. Cela étant, Prince of Persia: The Lost Crown permet à Ubisoft de démarrer l’année 2024 avec des bases solides. L’éditeur français ne pouvait pas en dire autant en 2022 et en 2023.
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