Point de rencontre entre le studio spécialiste Supermassive Games et l’univers Dead of Daylight, The Casting of Frank Stone est un jeu d’horreur narratif qui oublie d’être exaltant. Notre test.

Naguère attaché à des projets plus mineurs, Supermassive Games est devenu en l’espace d’un jeu vidéo (Until Dawn en 2015) un spécialiste du jeu d’horreur narratif. Depuis, le studio en a fait une obsession. Il s’est entiché de Bandai Namco pour pondre une anthologie — le American Horror Story du jeu vidéo — et prendre les rênes de Little Nightmares. Il s’est aussi rapproché de l’éditeur Behaviour Interactive pour explorer le potentiel du jeu multijoueur asymétrique Dead by Daylight — à sa façon, bien sûr.

Le résultat est The Casting of Frank Stone, point de rencontre entre des développeurs qui adorent faire peur et un univers qui attire énormément de monde depuis 2016 (40 000 joueuses et joueurs en moyenne ces derniers mois, rien que sur Steam). Ce mariage semble a priori de raison, pourtant la lune de miel est finalement loin d’être idyllique. En effet, The Casting of Frank Stone est profondément ennuyeux.

The Casting of Frank Stone aurait été une bonne série

De scènes « d’action »

Quand Frank Stone finit par apparaître, il faut le combattre. Mais ces scènes d’action consistent simplement à pointer une caméra sur lui et le filmer… On a connu plus palpitant.

En soi, l’histoire de The Casting of Frank Stone n’est pas inintéressante. Elle est même suffisamment mystique pour captiver pendant quelques heures. Elle tourne autour d’un tueur en série, qui a maudit un film réalisé par des adolescents plusieurs années après sa mort dans un lieu macabre (qui attire un peu trop les foules, bien sûr). On suit alors le destin de plusieurs personnages à travers différentes époques, destin sur lequel on peut agir en fonction de ses choix (et de sa capacité à réagir dans certains moments décisifs).

On est trop souvent passif en jouant à The Casting of Frank Stone

Outre un rythme lent et haché, le souci tient dans la multiplication des scènes où il ne se passe finalement pas grand-chose. Supermassive Games joue allègrement avec ce sentiment latent de tension, maintenant le joueur en haleine, bien souvent pour rien. Il abuse un peu trop de ce subterfuge, ainsi, on est bien trop souvent passif en jouant à The Casting of Frank Stone. Plusieurs passages ressemblent même à des rendez-vous d’interactions manqués — ces fameuses QTE qui demandent d’appuyer sur un bouton dans un timing précis. Étrangement, The Casting of Frank Stone en manque.

The Casting of Frank Stone // Source : Capture PS5
The Casting of Frank Stone. // Source : Capture PS5

À cela s’ajoute un gameplay assez lourd : dès qu’il faut réaliser des actions contextuelles, c’est un peu la croix et la bannière. Il n’y a aucune fluidité qui se dégage de The Casting of Frank Stone, puisqu’il faut parfois se placer avec précision pour valider un choix. Quand on ne se cogne pas contre un mur invisible sans aucune raison valable… Les rares moments où l’on joue, le titre de Supermassive Games cabotine un peu trop pour donner envie d’explorer les décors en quête des objets à collectionner qui nourrissent la compréhension du récit. Le studio dispose pourtant d’un sacré héritage pour peaufiner sa proposition.

The Casting of Frank Stone // Source : Capture PS5
Oui, c’est sombre. // Source : Capture PS5

The Casting of Frank Stone n’est pas aidé non plus par son déficit technique criant, même sur PlayStation 5. La dette est assez importante, avec des bugs trop nombreux pour une durée de vie aussi courte (six heures à peine) et des textures qui font peine à voir. On a carrément eu droit au personnage qui se transforme d’un seul coup en chewing-gum et se retrouve alors avec la tête à l’envers (voir capture ci-dessous). C’est indigne d’un jeu qui mise beaucoup sur l’ambiance et l’immersion pour nous plonger au plus près de l’horreur. Ici, on a plutôt tendance à rire qu’à crier d’effroi. Il n’y a pas l’excuse de l’unité de lieu, puisque Supermassive Games s’en remet à des zones assez étroites, avec une maîtrise qui devrait être infaillible.

The Casting of Frank Stone // Source : Capture PS5
Oh le joli bug que voilà. // Source : Capture PS5

Le but du jeu est de terminer l’aventure avec le plus de survivants possible. Ce n’est pas une tâche évidente, quand on sait que les conséquences de nos choix sont assez difficiles à deviner. Qu’à cela ne tienne, les développeurs ont pensé à proposer la Salle de montage, un lieu où l’on peut voir tous les embranchements disponibles. Ce qui permet, in fine, de refaire certaines scènes en prenant un autre chemin pour voir si les modifications sont vraiment drastiques. Spoiler : c’est souvent illusoire.

Le verdict

Que se passe-t-il quand Supermassive Games, studio spécialiste de l’horreur, se plonge dans l’univers du jeu d’horreur Dead by Daylight ? Eh bien… pas grand-chose. The Casting of Frank Stone avait tout du mariage de rêve. Mais, ce jeu narratif se révèle bien trop mou pour captiver, en dépit d’un récit digne du genre.

The Casting of Frank Stone se trimballe aussi son lot de défauts rédhibitoires, autant liés à son gameplay bancal qu’à son manque de solidité technique. En l’état, on peut difficilement conseiller ce jeu, qui prouve que Supermassive Games est en train de s’embourber dans un sous-genre essoufflé depuis déjà beaucoup de titres. Pour la future soirée Halloween, on relancera plutôt Until Dawn.

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