Netflix a mis au point une technique pour simplifier les ajouts effets spéciaux sur fond vert. Cette nouvelle façon de faire, plus rapide, repose en partie sur l’intelligence artificielle. Mais, peut-elle être la nouvelle référence ?

Vous connaissiez le fond vert, qui sert à ajouter les effets spéciaux : découvrez maintenant les personnages violets. À la fin du mois de juin 2023, des scientifiques travaillant pour Netflix ont partagé un article de recherche (qui n’a pas été encore publié dans une revue scientifique) sur une thématique très précise : les effets spéciaux. Les experts expliquent avoir mis au point une nouvelle technique qui, grâce à de la lumière magenta et à l’intelligence artificielle, permet de donner des résultats impressionnants.

New Scientist, qui a repéré le papier des chercheurs et y a consacré un article le 7 juillet, a également réalisé une vidéo expliquant la découverte de Netflix. La nouvelle méthode, radicalement différente de ce que l’on connaît, est censée être plus rapide et plus précise que les techniques actuelles. Mais, arrivera-t-elle à s’imposer ?

De la lumière magenta pour de meilleurs effets spéciaux

La technique mise au point par les scientifiques est simple. Les fonds verts sont utilisés lors des tournages pour pouvoir incruster en post-production des images de synthèse. La couleur verte n’a pas été choisie au hasard : comme le rappelle Adobe, qui a notamment créé la suite de logiciel Photoshop, « le vert est la couleur la plus éloignée des tons de la peau humaine, ce qui rend le découpage plus facile ».

La technique est fiable, utilisée depuis des années, mais elle a tout de même quelques défauts. Les objets transparents ne sont pas toujours bien pris en compte, tout comme les cheveux. Si quelqu’un a la mauvaise idée de mettre un t-shirt vert, le résultat est catastrophique.

Avec son papier de recherche, Netflix vient de développer une nouvelle technique, nommée MGS, pour « Magenta Green Screen ». Les acteurs et les objets apparaissant sur le plateau sont filmés sur un fond vert. Ils sont eux-mêmes éclairés par un mélange de lumière rouge et bleu, ce qui leur donne un teint magenta. C’est cet éclairage particulier qui va tout changer, et permettre d’obtenir des résultats plus nets et plus rapides pour les effets spéciaux.

« Dans une caméra comme dans un œil humain, il y a trois types de photorécepteurs : vert, bleu, rouge », explique Thomas Ancelle, réalisateur des vidéos de Numerama et étalonneur professionnel. Lorsque les personnages sont éclairés en magenta, « cela signifie que la seule et unique chose verte que la caméra va capter, c’est le fond vert. Par exemple, s’il y a un tout petit peu de vert dans la bouteille, ça veut dire que la bouteille est transparente. S’il n’y a pas du tout de vert, cela veut dire que l’élément est opaque. »

Avec ces informations, un logiciel va automatiquement créer un « masque alpha » avec les données de transparence. « Le noir, c’est là où l’on doit appliquer le fond », explique Thomas Ancelle. « Le blanc, ce sont les zones opaques, là où l’on n’applique rien, où on laisse les gens/les objets. Tout le reste, ce sont les nuances de gris, qui seront donc plus ou moins transparents. »

Le « masque alpha » permet d'obtenir des résultats plus fins pour les effets spéciaux // Source : New Scientist / YouTube
Le « masque alpha » permet d’obtenir des résultats plus fins pour les effets spéciaux. // Source : News Scientist / YouTube

C’est ce masque qui va permettre d’avoir un traitement plus précis de l’image. « Ça marche très bien pour faire une sélection fine, ou avec des objets transparents, mais aussi avec des détails fins comme des cheveux ou du flou de mouvement (qui crée un peu de transparence, comme sur la bouteille qui bouge) ». Il y a cependant un défaut : « les gens très bien détachés du fond, mais en magenta ».

C’est là que l’IA arrive. Lors des prises de vue, un panneau rempli de carrés de couleurs apparait également à l’écran : c’est « une charte », explique le vidéaste de Numerama. « C’est un panneau sur lequel il y a plein de couleurs qui sont un peu ‘officielles’, standardisées, et qui permet de s’assurer que l’on représente de manière réaliste les couleurs d’une scène ».

La charte utilisée pour les effets spéciaux // Source : New Scientist / YouTube
La charte utilisée pour les effets spéciaux. // Source : New Scientist / YouTube

Cette charte sert de référence à l’intelligence artificielle. Le carré tout en à bas à gauche étant censé être du blanc, l’IA sait que toutes les zones de cette teinte doivent réellement être blanches. « Donc l’IA corrige toutes ces couleurs jusqu’à ce que l’image qui était éclairée en magenta ait de nouveau l’air naturelle. »

Cette nouvelle technologie a le potentiel de rendre plus rapide l’ajout d’effets spéciaux, et plus globalement toute la post-production des films et séries télé. Sera-t-elle cependant globalement adoptée ? Pour les productions maison de Netflix, on peut se douter que cela sera le cas. Reste à voir si cela sera bientôt une standardisation adoptée sur tous les plateaux.

Source : Montage Numerama

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