Black Panther : Wakanda Forever n’est pas un film suffisamment ambitieux, se limitant à un simple film d’action — ou même de bagarre. Pourtant, le Wakanda a un fort potentiel cinématographique pour Marvel. Notre critique.

Quand le public présent à notre projection de Black Panther : Wakanda Forever a entendu la durée exacte du film — 2h47 –, des cris de terreur et des lamentations de lassitude ont jailli de toutes parts. Un long film n’est pas un défaut intrinsèque — Dune dure 2h35, Avengers Endgame dure 3h02. Mais encore faut-il avoir quelque chose à raconter ou une atmosphère singulière à installer.

Wakanda Forever ne raconte rien et n’installe pas d’atmosphère cinématographique particulièrement relevée. Sans être totalement mauvais pour autant, grâce à son emballage esthétique et à quelques vagues sursauts dans les émotions, le film de Ryan Coogler n’est pas à la hauteur du Wakanda.

Okoye et Shuri dans Wakanda Forever. // Source : Disney/Marvel
Okoye et Shuri dans Wakanda Forever. // Source : Disney/Marvel

Rien de plus qu’un beau tableau

Tout commençait si bien, lors d’un sommet de l’ONU pendant lequel on assiste à la subtilisation d’une ressource du Wakanda. Le cadre était posé : l’arrivée de ce pays sur la scène internationale pose des enjeux diplomatiques de premier plan. Mais cette trame politique est bien vite abandonnée — voire complètement ratatinée — au profit d’une sorte de Mission Impossible superhéroïque.

Il ne faut que quelques minutes pour que Wakanda Forever se transforme en film d’action pur et simple. Correction : un film de baston, dont l’intrigue extrêmement simpliste n’est que le chemin de fer de cette fuite en avant où tout le monde se tape dessus à grand renfort d’onomatopées. Pour renforcer l’action, le film use et abuse des ralentissements. N’est pas Matrix qui veut : cette astuce cinématographique n’améliore pas plus que cela le plaisir et, au contraire, alourdi la mise en scène. S’ajoute un antagoniste, Namor, dont le manque de subtilité psychologique envoie valser plusieurs années d’amélioration de Marvel dans ce registre.

La reine du Wakanda. // Source : Disney/Marvel
La reine du Wakanda. // Source : Disney/Marvel

Le film de Ryan Coogler bénéficie cependant de son esthétique, qui vient contrebalancer les apories narratives. Les costumes et les décors, très beaux, livrent un vrai spectacle renforcé par une bande originale bien meilleure que pour le premier opus. Shuri, à elle seule, est un personnage excellemment stylisé. On aurait toutefois préféré que le Wakanda ne soit pas qu’un beau tableau qui, finalement, s’avère très froid.

Ironheart, un nouvel espoir

Dans ce chaos un peu trop bourrin, un personnage brille par son intelligence : Ironheart. Riri Williams est interprétée par Dominique Thorne, que l’on retrouvera d’ici à quelques mois dans une série entièrement dédiée à Ironheart. Sa fraîcheur, et son histoire, ne sont pourtant pas si prégnantes au cours du film. Mais cela suffit : ces apparitions apportent les meilleurs moments — de respiration et de chaleur — aux 2h47 de Wakanda Forever.

Riri Williams dans Wakanda Forever. // Source : Disney/Marvel
Riri Williams dans Wakanda Forever. // Source : Disney/Marvel

Le deuil au cœur de l’intrigue

S’il y a un arc narratif que Wakanda Forever n’a pas loupé, malgré ses nombreux défauts, il est à trouver dans l’hommage à Chadwick Boseman et à son personnage. Il était raisonnable de craindre ce soit pesant jusqu’à en être éventuellement gênant, mais l’écriture parvient à l’insérer au cœur même du récit.

Le long métrage tout entier est construit autour du deuil de la famille de Black Panther — mais plus encore sur la difficulté de Shuri à accepter cette perte et son héritage familial. Le poids de la transmission intergénérationnelle sert de clé de voute aux relations entre les personnages. C’est peut-être grâce à cela que Wakanda Forever parvient à raconter quelque chose. Malheureusement, en raison même de tous les autres défauts qui pèsent sur la mise en scène et le récit, le traitement ne reste là encore que trop en surface.

Le verdict

Source : Marvel
6/10

Black Panther 2 : Wakanda Forever

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La suite de Black Panther est noyée dans un film beaucoup trop long… pour ce qu’il a vraiment à raconter. Les bastons s’enchaînent, se rassemblent et l’enjeu ne passionne jamais. Heureusement, l’esthétique parvient à rattraper quelque peu l’ensemble, tout comme le traitement, plutôt réussi, du deuil, en particulier à travers Shuri. Mais Riri Williams, alias Ironheart, est aussi voire surtout le personnage que l’on retient — et elle n’a droit qu’à trop peu de scènes.

Wakanda Forever n’est malheureusement pas le film monumental que mérite le Wakanda. Et c’est dommage. Il fait presque office de « filler », venant faire le lien entre deux phases du MCU. Pourquoi pas, mais dans ce cas, il aurait été mieux de l’assumer avec un court film ne se prenant pas autant au sérieux, car, en l’occurrence, le long métrage n’est tout bonnement pas à la hauteur de sa promesse.


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