Le fondateur présumé de Silk Road, Ross Ulbricht, pensait être à l'abri en créant sa place de marché de drogues et d'autres produits illicites sur Tor, et en faisant payer les commandes par Bitcoin. Mais son utilisation d'un compte Gmail l'a trahi.

Ce mois-ci s'est ouvert à New York le procès de Ross Ulbricht, le fondateur présumé de la plateforme anonyme de vente de drogues et autres produits ou services illégaux Silk Road, qui n'était accessible que par le réseau d'anonymisation Tor et qui n'acceptait que la monnaie décentralisée Bitcoin comme moyen de paiement. La manière dont les enquêteurs ont réussi à remonter jusqu'aux serveurs de Silk Roard est restée largement mystérieuse et sujette à controverses, mais l'on sait désormais comment l'identité de Ross Ulbricht a été découverte.

Lundi, un agent des services fiscaux américains est en effet venu témoigner au procès, pour expliquer la démarche qui lui a permis de découvrir qui avait créé la plateforme qui, selon le dossier à charge, aurait en Bitcoin l'équivalent de 80 millions de dollars de commissions, pour 1,2 milliards de dollars de vente et près d'un million de clients. Or la méthode fut d'une simplicité déconcertante et montre que même ceux qui croient prendre les meilleures précautions restent faillibles.

L'agent du fisc s'est dit que même si Silk Road était efficacement protégé derrière Tor et l'anonymat offert par le Bitcoin, son créateur avait forcément dû faire connaître l'existence du site lors de son lancement, pour convaincre les utilisateurs du web "normal" de venir sur le dark web profiter de ses services. Il a donc eu l'idée de réaliser une simple recherche Google sur l'URL Tor utilisée par Silk Road, et de limiter les résultats aux seules pages référencées avant le 31 janvier 2011, date présumée du lancement public de la plateforme. Bingo.

Par ce biais, l'enquêteur a découvert un message publié par un certain "altoid" le 29 janvier 2011 sur le forum du site Bitcointtalk.org. Le message avait été effacé mais, coup de chance, un utilisateur du forum l'avait cité dans une réponse. "Quelqu'un a-t-il déjà vu Silk Road ? C'est comme un Amazon.com anonyme", disait le message d'Altoid. "Je ne pense pas qu'ils aient de l'héroïne, mais ils vendent d'autres trucs". 

En regardant les autres messages publiés par Altoid, l'agent en a découvert un dans lequel l'utilisateur publiait une petite annonce d'emploi pour un développeur, et qui demandait à envoyer les candidatures vers une adresse Gmail, [email protected].

Re-bingo.

Il a suffi ensuite de dérouler le fil pour découvrir que l'adresse e-mail avait été utilisée pour créer des comptes sur d'autres forums liés à la drogue, puis de demander à Google de fournir une copie de tout ce qu'il détenait sur le compte. Outre les courriels qui confirmaient qu'il s'agissait bien du même "altoid", les enquêteurs ont pu lire des conversations Gtalk qui avaient été enregistrées dans l'historique de Google, ou des commandes à Amazon de matériel utilisé pour cultiver des champignons hallucinogènes, qu'il vendait sur Silk Road. 

Par ailleurs, Ulbricht utilisait Torchat pour chiffrer des conversations qu'il avait avec des amis, mais conservait des copies sur son ordinateur portable saisi au moment de son arrestation.

Depuis le démantèlement de Silk Road, un "Silk Road 2.0" avait été lancé, mais son créateur a lui-même été arrêté en novembre 2014. En ce début d'année, une nouvelle plateforme de vente de produits illicites a été lancée, mais en abandonnant Tor au profit de i2P.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.