Les 100 000 dollars de publicités Facebook dépensés par des « fermes à trolls » russes pour influencer la campagne présidentielle américaine n’ont pas seulement alimenté des fake news. Selon The Daily Beast, cette stratégie a même permis l’organisation de rassemblements anti-immigration aux États-Unis.

Les près de 3 000 publicités Facebook financées à hauteur de 100 000 dollars par de probables « fermes à trolls» russes n’ont pas seulement été vues par au moins 23 millions d’Américains en pleine campagne présidentielle. Cette campagne d’influence menée par 470 faux comptes et pages a également visé à la promotion d’événements à dimension politique organisés directement sur le territoire américain.

Selon The Daily Beast, ces événements ont en effet fait l’objet d’une promotion financée par ces faux comptes russes, afin d’inciter le maximum de personnes à se rendre à des rassemblements anti-immigration. À l’instar des publicités ciblées (souvent des fake news), qui ne citaient pas directement les candidats Trump et Clinton, ces promotions d’événements Facebook cherchaient à influencer le débat sur certaines questions sensibles de la campagne présidentielle américaine.

Ainsi, un rassemblement intitulé « Les citoyens avant les réfugiés » organisé le 27 août 2016 dans une ville de l’Idaho a bénéficié d’une telle mise en avant, lui qui était organisé par la page Facebook SecuredBorders, un groupe américain anti-immigration qui était en réalité orchestré de Russie — et comptait plus de 130 000 abonnés avant la fermerture de la page par Facebook en août 2017.

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« C’est l’étape suivante »

Cette rencontre prévue devant la salle du conseil municipal, en pleine matinée, relayait une vue clairement favorable aux thèmes de campagne fétiches de Donald Trump : « En raison de la transformation de la ville de Twin Falls, dans l’Idaho, en centre de relocalisation des réfugiés, qui a provoqué une montée des violences contre les citoyens américains, il est crucial d’alerter la société de ce problème. »

L’invitation à l’événement se concluait par un appel à l’action : « Nous devons cesser d’accueillir des réfugiés musulmans ! Nous demandons une enquête ouverte et approfondie de tous les dossiers concernant les réfugiés musulmans ! Tous les membres du gouvernement qui prennent la défense de ces criminels devraient être virés ! »

Parmi les 48 personnes « intéressées », seules 4 se seraient rendues au rassemblement, à en croire les statistiques post-événement de la page. Mais pour Clint Watts, ancien agent du FBI et connaisseur de la stratégie d’influence russe, quelle que soit la portée de ce type de rassemblement, cette tactique n’est pas à prendre à la légère : « C’est l’étape suivante. L’influence vise à provoquer un changement de comportement. Le plus simple d’entre eux, c’est de propager la propagande créée et alimentée par la Russie. La seconde partie consiste à inciter les gens à agir physiquement ».

Facebook a reconnu auprès de The Daily Beast avoir « supprimé plusieurs événements promus » dans le cadre de sa vague d’intervention contre cette campagne d’influence. En avril 2017, le réseau social avait déjà reconnu avoir subi des campagnes de désinformation pendant la campagne présidentielle.


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