Et si le jury au tribunal devenait artificiel ? L’école de droit de l’Université de Caroline du Nord aux États-Unis, a testé l’idée lors d’un procès fictif mené le 24 octobre 2025. Trois grands écrans numériques habités par ChatGPT d’OpenAI, Grok de xAI et Claude d’Anthropic ont remplacé les traditionnels jurés humains en salle d’audience.
L’IA au cœur de la réflexion juridique
Les robots conversationnels devaient trancher le dossier d’Henry Justus, un lycéen afro-américain accusé de vol à main armée contre un camarade, délit auquel le mineur n’aurait fait qu’assister, selon ses dires. L’affaire s’inspire d’un véritable cas que Joseph Kennedy, professeur au sein de l’école de droit, a dû défendre il y a plusieurs années. Son client avait alors été reconnu coupable. L’adolescent a cette fois-ci été jugé dans un futur imaginaire, en 2036, selon une loi imaginaire sur la justice pénale basée sur l’intelligence artificielle (IA) datant de l’année précédente.
Cette simulation « soulève des questions fondamentales quant à savoir si les technologies émergentes offrent une voie vers une justice pénale plus équitable ou si elles présentent de nouveaux risques pour les accusés et le système juridique » explique un communiqué de la faculté de Caroline du Nord.
Après la prise de parole des témoins incarnés par des étudiants et les plaidoiries, le jury IA a acquitté Henry Justus, un dénouement que le professeur derrière le procès fictif considère plus juste que la condamnation prononcée autrefois par un juge seul selon Reuters, qui a suivi la mise en scène.
L’IA manque d’expérience
Salués pour leur fidélité au droit, les chatbots ont en revanche été critiqués pour leur absence d’expérience de terrain et leur incapacité à lire des signaux clés tels que le langage corporel des témoins. Il faut également rappeler la propension des IA à faire des erreurs en raison d’une simple coquille et à reproduire des biais raciaux. Grok, le chatbot d’Elon Musk, en a fourni une illustration lorsqu’en juillet 2025, il s’est présenté comme fan d’Adolf Hitler et a tenu des propos racistes louant le nazisme.
« Je pense que la plupart des personnes présentes [au tribunal] sont reparties convaincues que les procès avec des jurés chatbots n’étaient pas une bonne idée » a conclu Joseph Kennedy sur le réseau Bluesky, alors que les cas où la justice – notamment les avocats – recoure à l’IA se multiplient.
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