L’équivalent du ministère de l’Intérieur américain a parodié le célèbre générique de Pokémon pour mettre en scène sa lutte anti-migration. Un détournement pour lequel les ayants droit de la franchise pourrait trouver à y redire, mais rien ne dit qu’une action sera entreprise en raison du climat politique outre-Atlantique.

C’est une vidéo qui a très vite fait le tour des réseaux sociaux dans la journée du 23 septembre 2025, avec plus de 66 millions de vues. Sur le célèbre thème musical du générique de Pokémon, le département de la sécurité intérieure des États-Unis a mis en scène l’arrestation, parfois sans ménagement, d’individus suspectés d’être des personnes en situation irrégulière.

Le message est violent politiquement : les membres de l’agence fédérale de police aux frontières des États-Unis (Immigration and Customs Enforcement, ou ICE) sont considérés comme des chasseurs de pokémons. Les migrants, eux, sont symboliquement renvoyés au statut d’animal, voire de monstre (pokémon étant la contraction de pocket monster, ou monstre de poche).

La question a pu se poser de savoir si le gouvernement américain a le droit de faire ça, au nom du droit à la parodie et dans le cadre du fair use (usage équitable), un principe spécifique aux USA qui autorise, sous conditions, la reproductions de certaines œuvres — ici, le générique d’ouverture et certains plans quelques plans.

Le fait est que le droit américain, à travers le premier amendement de la Constitution, protège très largement la liberté d’expression. Dès lors, même si ce parallèle peut être considéré comme dégradant, et être une possible infraction au droit à la dignité des migrants, rien ne dit qu’une action contre le gouvernement soit couronnée de succès.

The Pokémon Company est au courant…

En réalité, la question de savoir ce que pourrait risquer sur le plan juridique l’administration Trump pourrait être vaine à poser. Il n’est pas dit, en effet, que Nintendo ou bien The Pokémon Company, la coentreprise qui pilote la marque Pokémon dans le monde, bouge une oreille, pour ne pas s’attirer les foudres de la mouvance MAGA.

Sacha et Pikachu dans la série Pokémon // Source : Capture d'écran
Sacha et Pikachu dans la série Pokémon, et détourné à des fins de propagande politique. // Source : Capture d’écran

The Pokémon Company, d’ailleurs, est au courant, mais son communiqué adressé notamment à Polygon laisse à penser que cela n’ira pas bien loin. Cela, alors même que les entreprises derrière la franchise Pokémon sont connues pour être tatillonnes sur le respect de leurs contenus, et ne sont pas les dernières à ester en justice.

« Nous avons pris connaissance d’une vidéo récemment publiée par le département américain de la sécurité intérieure qui contient des images et des propos associés à notre marque. Notre entreprise n’a pas participé à la création ni à la diffusion de ce contenu, et aucune autorisation n’a été accordée pour l’utilisation de notre propriété intellectuelle ».

…mais rien ne devrait être fait

Indice supplémentaire que Nintendo ou The Pokémon Company devrait faire profil bas : l’analyse partagée pour IGN par Don McGowan, l’ex-directeur juridique et des affaires commerciales de l’entreprise, dans laquelle il a été pendant douze ans (2008-2020). Celui-ci pense que rien ne sera entrepris sur ce terrain. Il y a trop de coups à prendre.

« Je ne pense pas qu’ils prendront des mesures à ce sujet, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, pensez au peu de fois où vous voyez le nom [de la société] dans la presse. Ils sont incroyablement timides en matière de publicité et préfèrent laisser la marque être la marque », a-t-il noté. Au point même que Nintendo est cité à sa place.

« Cette affaire sera oubliée dans quelques jours et ils seront ravis de laisser couler»

Don McGowan

« Ensuite, beaucoup de leurs cadres aux États-Unis sont titulaires d’une carte verte. Même si j’étais encore dans l’entreprise, je ne m’occuperais pas de ça, et je suis le directeur juridique le plus prompt à agir que j’ai jamais rencontré. Cette affaire sera oubliée dans quelques jours et ils seront ravis de laisser faire », a-t-il ajouté.

En creux, on comprend que le risque est plus important à entreprendre une action qu’à laisser filer l’affaire, en attendant qu’une actualité en chasse une autre. Qui plus est, la descente de la police américaine dans une usine où travaillaient des centaines de Sud-Coréens est encore dans toutes les têtes. De quoi refroidir certaines ardeurs.

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