C’est une affaire qui pourra froisser les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Corée du Sud, deux proches partenaires économiques et alliés. Surtout, c’est un évènement qui devrait apparaître comme un nouvel exemple des dérives que connaît la politique migratoire des USA depuis le retour de Donald Trump au pouvoir.
Dans un tweet paru le 5 septembre sur X (ex-Twitter), l’antenne d’Atlanta de l’ATF (Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et explosifs) a déclaré avoir « participé à importante opération de contrôle de l’immigration menée à la méga-usine de batteries de Hyundai, dans le comté de Bryan, en Géorgie. »

Aux côtés de plusieurs autres agences américaines, dont la police fédérale (FBI), l’agence de lutte contre le trafic de drogue (DEA), la police de l’État de Géorgie, le département de la Sécurité intérieure, et l’agence de police aux frontières (ICE), les autorités ont déclaré avoir procédé « à l’arrestation de près de 450 étrangers » présentés comme étant « en situation irrégulière ».
Une vidéo de l’ICE met en scène l’intervention des forces de l’ordre dans l’usine, avec des véhicules blindés, des hélicoptères, des hommes armés ainsi qu’un long convoi de voitures. Le personnel est regroupé pour des fouilles et des contrôles d’identité. Certains sont menottés, puis emportés par des bus.

Plus de 300 Coréens arrêtés, sur presque 500 personnes
457 personnes ont été arrêtées, selon les calculs du ministère des Affaires étrangères de Corée de Sud, rapportés par un journaliste — ce chiffre a depuis été réévalué à 475. Sur ce total, au moins 300 sont des Coréens. Quant à l’usine, elle doit bénéficier à deux fleurons de l’industrie coréenne, à savoir Hyundai (véhicules) et LG (électronique).
Séoul a exprimé sa « profonde préoccupation » et son « regret » face à cet « incident » et « fortement appelé » Washington à ce que les droits de ses ressortissants « soient pleinement respectés ». Ceux-ci « ne doivent en aucun cas être injustement bafoués ». Idem pour « les activités économiques » des entreprises implantées sur place.
Depuis ce raid, survenu le 4 septembre, les services diplomatiques et consulaires de Corée se sont mobilisés pour assister les travailleurs. Une cellule de crise a également été mise en place pour « gérer activement la situation » et trouver rapidement une issue avant que cela ne tourne à l’incident diplomatique entre les deux États.
Un même appui a été apporté par les entreprises Hyundai et LG, d’autant plus qu’il apparaît que les Sud-Coréens détenus seraient bien titulaires des autorisations administratives pour entrer aux États-Unis et y travailler. Mais, côté américain, c’est contesté : certains seraient entrés illégalement ou, du moins, auraient dépassé la durée de leur visa ou auraient enfreint les conditions de leur statut.
La situation de la centaine d’individus étrangers est en revanche plus incertaine ; le communiqué de Séoul n’en parle d’ailleurs pas.
Un mauvais signal envoyé au monde des affaires ?
L’affaire pourrait avoir des répercussions au-delà de Hyundai et LG, et des usines de batteries électriques. En effet, la façon dont cette descente s’est opérée dans cette méga-usine envoie de fait un signal défavorable au monde des affaires. Surtout à l’heure où Washington cherche à encourager les investissements étrangers sur son sol.
Depuis le retour de Donald Trump aux affaires, la politique anti-immigration des États-Unis s’est notoirement durcie dans le pays. Son incarnation la plus forte est l’ICE, dont les agents multiplient les raids, masqués et armés, avec parfois des violences. Des cas de déportation ont également été signalés, y compris de personnes qui n’étaient pas en situation irrégulière.

La présence d’éventuels travailleurs étrangers, n’étant pas ressortissants de Corée et se trouvant en situation irrégulière, apparaît comme la raison du raid déclenché au début du mois. Cependant, l’arrestation d’un si grand nombre de travailleurs peut dénoter un manque de discernement et risque de nuire à l’image « pro-business » que veut entretenir et développer Washington.
Les enjeux économiques sont en tout cas majeurs : Hyundai a prévu d’investir 21 milliards de dollars aux USA d’ici à 2028, selon une déclaration faite ce printemps. Plus largement, Séoul est censé finaliser un accord commercial avec Washington qui prévoit un plan d’investissement de 350 milliards de dollars aux USA.
Tout cela se déroule par ailleurs dans un cadre commercial marqué par la volonté de Donald Trump de rehausser les droits de douane des biens qui viennent de l’étranger, mais dont le montant peut être modulé à travers la signature d’un accord ad hoc. Concernant la Corée du Sud, un accord pour un taux de 15 % (au lieu de 25 %) a été conclu cet été (mais l’aluminium et l’acier restent à 50 %).
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