Le gouvernement songe à faire interdire Clodogame, un jeu adapté d’un grand succès allemand qui propose aux internautes d’incarner un sans domicile fixe, à grand renfort de clichés. Mais quelle est cette loi qui interdit le mauvais goût ?

Jusqu’à aujourd’hui, nous ne connaissions pas l’existence de Clodogame. Mais en manque de polémique pour nourrir l’actualité et divertir les grands médias (qui y trouvent au passage un prétexte supplémentaire pour dénigrer Internet), le gouvernement fait de la publicité gratuite à ce jeu au goût douteux, mais pas illégal. Au grand plaisir de l’éditeur du jeu, qui feint de s’offusquer de la polémique.

Adapté de Pennergame, lancé en 2008 en Allemagne, Clodogame.fr propose aux internautes d’incarner un sans-domicile fixe et de s’enrichir, « pas tous les moyens » : faire la manche, collecter des tickets de métro, revendre des objets trouvés (ou volés), attaquer d’autres SDF, jouer de la musique dans la rue, faire alliance avec des bandes locales, s’acheter des bouteilles de vin pour maintenir son niveau d’alcoolémie… Nos confrères de 01Net en font une description précise.

Dans un communiqué publié lundi, Benoît Apparu, secrétaire d’Etat chargé du logement et de l’urbanisme, « condamne avec force les créateurs de jeux qui utilisent la souffrance humaine pour se faire un coup de pub« . Coup de pub provoqué, pour le coup, par lui-même. « Tous les clichés les plus sordides sont utilisés dans ce logiciel, au mépris de la dignité des personnes sans abri, du travail remarquable des associations et de l’engagement du gouvernement« .

Le secrétaire d’Etat, qui n’aime probablement pas le coup de projecteur porté par ce jeu sur la condition des SDF, a demandé aux services juridiques du ministère d’étudier les possibilités de le faire interdire.

Mais au nom de quoi ?

La simple immoralité doit-être devenir synonyme d’illégalité ? Certes, comme le dit Jean-François Riffaud, porte-parole de la Croix-Rouge, « c’est dégradant, c’est humiliant de faire du sans-logis un objet de dérision« . Mais le jour où cela deviendra illégal, la bienséance et l’émotion auront pris le dessus sur la raison, et la démocratie aura perdu ce qu’elle doit chérir : la liberté d’expression.

Certes, ça n’est pas en France le premier amendement. Mais c’est tout de même l’un des piliers de la Constitution.

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