Le mouvement Anonymous se dit très impliqué dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Depuis le début de la guerre, il a revendiqué plusieurs actions, dont le piratage de chaînes de TV russes.

La guerre entre l’Ukraine et la Russie est aussi une guerre d’influence et des images. Alors que Kiev a très bien compris comment saisi les codes des réseaux sociaux pour sensibiliser l’opinion publique, à l’image du président Volodymyr Zelensky qui est très actif sur Twitter, Moscou a fait presque inverse, avec une communication minimale et, surtout, une censure massive dans le pays, sur le web comme dans les médias.

Mais le verrouillage que cherche à mettre en place le Kremlin pour conduire sa guerre sans contestation possible, du moins à l’intérieur de ses frontières, n’est pas totalement étanche. Des images de la guerre parviennent jusqu’aux Russes malgré la mise au pas des rédactions locales comme internationales qui se trouvent dans le pays. Un terrain sur lequel le mouvement Anonymous dit être très actif, et cela dès les premières heures du conflit.

Le 6 mars, l’un des comptes Twitter associés au collectif, qui est suivi par 317 000 personnes, a annoncé que ses membres « ont piraté aujourd’hui les services de streaming russes Wink et Ivi (comme Netflix) et les chaînes de télévision en direct Russia 24, Channel One, Moscow 24 pour diffuser des images de guerre en provenance d’Ukraine ». Le compte a publié une vidéo ainsi que plusieurs photos montrant le même message en russe.

La publication de ces médias vise à crédibiliser les dires d’Anonymous, mais cette action n’a pour l’instant pas été confirmée avec certitude, comme le pointe Sophos, un éditeur britannique spécialisé dans les antivirus. The Kyiv Independent, un journal ukrainien réputé fiable, observe que le message, s’il est exact, est un texte anti-guerre.

Anonymous est par essence un mouvement informel et déstructuré : en quelque sorte, n’importe qui peut prétendre être Anonymous, en reprenant ses codes — à commencer par le fameux masque de Guy Fawkes, popularisé par la BD V pour Vendetta, adaptée plus tard en film, et le slogan « we are legion » ( « nous sommes légion »). Anonymous pratique le hacktivisme, c’est-à-dire des actions informatiques parfois offensives à des fins militantes.

Anonymous en « cyber guerre » contre le Kremlin

Comme le rappellent des journaux comme Le Monde et Le Figaro, Anonymous a, dans les premiers jours du conflit, déjà affirmé avoir attaqué des médias d’État russes ou très proches du Kremlin. Fin février, le mouvement a indiqué avoir brièvement paralysé — juste quelques minutes — les sites d’agences et de journaux comme Tass, Ria Novosti, Kommersant, Izvestia et Forbes Russia. Là encore, un message s’affichait dénonçant l’invasion russe.

Anonymous
Une photo partagée par le compte Anonymous. // Source : Anonymous

Ont aussi été signalées des attaques par déni de service distribuées (DDOS), qui consistent à submerger un serveur par un nombre excessif de requêtes, plus qu’il ne peut en traiter, pour empêcher les requêtes légitimes d’internautes d’être traitées, ce qui a pour effet de rendre le site indisponible. Russia Today a été touché, ainsi que ceux du Kremlin, du ministère de la défense et de la Douma, la chambre basse du Parlement.

D’autres actions ont aussi été relevées en lien avec Anonymous. Le 3 mars, le site MotherBoard a constaté que des pirates se sont introduits sur le site de l’Institut russe de recherche spatiale, en défigurant sa page d’accueil et en sortant divers documents. Le hack n’est pas directement lié à Anonymous, car le piratage a été revendiqué v0g3lsec. Mais la mouvance ne s’est pas privée d’en parler et de relayer la fuite.

Dans un autre genre, un compte Anonymous sur Twitter a proposé, dès le 28 février, de se servir de certains outils pour « bombarder » d’informations les internautes russes afin de les prévenir sur la guerre. En la matière, l’un des services les plus utilisés à cette fin a été Google Maps, en utilisant la fonctionnalité permettant de laisser des avis sur des établissements. Google a finir par couper cette option, et d’autres, comme le partage du trafic en temps réel.

Attaques par déni de service distribuées, bombardements d’avis publiés en ligne pour alerter les internautes russes, piratage revendiqué de chaînes de télévision, défigurations de sites web, fuites de données. Un conflit se joue aussi dans le cyber, y compris, parfois, en jouant de l’arme de la désinformation — certaines attaques restent incertaines et l’intox reste un levier essentiel dans la guerre.

Et la guerre, c’est ce qu’a promis Anonymous au Kremlin, dès le 24 février. « Le collectif Anonymous est officiellement en cyberguerre contre le gouvernement russe

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