À la suite des frappes américaines contre trois sites nucléaires iraniens le 22 juin 2025, Donald Trump n’a pas tardé à qualifier l’opération de « succès spectaculaire ». Pourtant, la diffusion d’un rapport confidentiel du renseignement militaire est rapidement venue jeter le doute sur l’ampleur réelle des dégâts infligés. Depuis, la Maison Blanche multiplie les attaques contre les médias ayant relayé ces informations et remet ouvertement en cause le rapport de sa propre agence.

Quel a été le réel impact de l’Operation Midnight Hammer ? Dans la nuit du 22 juin 2025, les États-Unis ont frappé trois sites nucléaires iraniens : Natanz, qui abrite une grande partie des centrifugeuses iraniennes, Ispahan, centre de recherche nucléaire mais aussi et surtout Fordo, un site souterrain d’enrichissement d’uranium situé à près de 90 mètres de profondeur. Pour cette opération, les forces américaines ont utilisé des bombes anti-bunker GBU-57 de 13 tonnes, conçues pour percer les installations les plus protégées. Dès l’annonce de l’opération, Donald Trump s’est félicité d’avoir « totalement détruit » la capacité nucléaire de l’Iran.

Problème, deux jours plus tard, CNN et le New York Times révèlent l’existence d’un rapport classifié de la Defense Intelligence Agency (DIA), qui vient contredire la version officielle.

Selon les journalistes qui ont pu consulter ce document, les frappes n’auraient que partiellement atteint leur objectif . Les entrées des sites ont été scellées, les infrastructures souterraines, elles, seraient restées intactes. Le rapport souligne également que la majeure partie de l’uranium enrichi avait été déplacée avant l’attaque et que les centrifugeuses n’ont pas été détruites. Au final, les bombardements n’auraient causé qu’un simple retard de quelques mois dans le programme iranien, contre « plusieurs décennies » selon la version officielle.

Le souffle de la discorde

Difficile pour l’heure de juger la réussite ou non de l’Operation Midnight Hammer, la question divise même du côté iranien. Mais la divulgation du rapport confidentiel de la DIA a immédiatement provoqué la colère de Donald Trump. Le président américain a dénoncé une « fuite malveillante », destinée à nuire à son image. Il accuse les démocrates d’en être à l’origine et a menacé, le 27 juin 2025, CNN et le New York Times de poursuites judiciaires pour diffamation.

Depuis les premiers doutes, c’est tout l’entourage du président américain qui s’est mis en branle-bas de combat. La porte-parole de la Maison Blanche a qualifié le rapport de la DIA de « totalement erroné », et le secrétaire à la Défense a salué un « succès historique ». Surtout, la CIA, dirigée par John Ratcliffe, un proche de Donald Trump, s’est empressée de soutenir la version du président en affirmant que des « sources crédibles » indiquaient des dommages « sévères » susceptibles de retarder le programme iranien de plusieurs années.

Si les désaccords entre agences sont relativement courants dans le renseignement américain, il est rare de voir ces divergences exposées et instrumentalisées aussi ouvertement sur la scène publique et politique. Malgré ces prises de position, la DIA a maintenu sa première analyse.

Pas une première pour le président américain

Cet épisode s’inscrit dans une relation conflictuelle de longue date entre Donald Trump et certains services de renseignement américains. Déjà en 2016, il avait rejeté les conclusions de la communauté du renseignement sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle. En 2019, il avait contesté les analyses concernant le programme nucléaire nord-coréen.

Depuis sa seconde arrivée au pouvoir, le 47ᵉ président des États-Unis s’est grandement entouré de responsables partageant ses positions à la tête des agences, comme la directrice du renseignement national Tulsi Gabbard.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui n’a pas encore pu accéder aux sites, s’en remet pour l’instant à des images satellites montrant des dégâts en surface, sans pouvoir confirmer l’état réel des installations souterraines.

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