L’incursion de Nintendo dans le jeu vidéo sur mobile n’était-elle qu’une passade ? Une parenthèse semble en tout cas sur le point de se refermer, si l’on en croit les informations de Bloomberg dans son édition du 21 juin. Si les plans de l’entreprise japonaise ne seraient pas encore tout à fait figés, indique notre confrère, plusieurs indicateurs suggèrent que ce n’est pas l’eldorado annoncé.
« Nous ne cherchons pas nécessairement à continuer à lancer de nombreuses nouvelles applications pour le marché mobile », déclarait déjà en mai Shuntaro Furukawa, l’actuel président du groupe nippon. C’était pourtant le même homme, qui a pris ses fonctions en 2018, qui suggérait qu’il y avait de vraies perspectives, avec des gains pouvant atteindre jusqu’à un milliard d’euros par an.
La réalité est bien différente : selon les données financières communiquées par Nintendo le 7 mai 2020, la partie dédiée au mobile, qui agrège des recettes d’autres sources, comme les royalties relatives à la propriété intellectuelle de Nintendo, n’a rapporté que 425 millions d’euros sur l’exercice annuel précédent. Et 385 millions d’euros l’année d’avant. Le public n’a de toute évidence pas suivi autant que le groupe l’aurait espéré — aussi parce que les modèles économiques envisagés ont parfois agi comme un repoussoir.
Pourtant, Nintendo ne s’est pas montré très timide : il a lancé sept jeux et applications : Animal Crossing: Pocket Camp, Dr. Mario World, Dragalia Lost, Fire Emblem Heroes, Mario Kart Tour, Miitomo (qui a fermé) et Super Mario Run. Des titres qui exploitent donc aussi des licences très en vue, comme Fire Emblem et Animal Crossing, mais aussi et surtout sa mascotte de toujours, le plombier moustachu Mario.
La Switch va très bien, alors à quoi bon ?
Le désintérêt de Nintendo pour le mobile est facilité par sa bonne santé financière, avec des chiffres en hausse, qu’il s’agisse du chiffre d’affaires, des bénéfices opérationnels et du bénéfice net. Il faut dire que sa dernière console, la Switch, se vend particulièrement bien, et certains titres connaissent un succès fulgurant. C’est le cas d’Animal Crossing, qui a fait aussi bien en dix jours que n’importe quel autre épisode.
Dans ces conditions, l’entreprise nipponne n’a pas un besoin si criant que cela de chercher des relais de croissance lorsque son cœur de métier se porte si bien — la Switch est sortie en 2017 et les débuts de Nintendo dans le mobile datent de 2016, lorsque le groupe était en quelque sorte dans le creux de la vague. Rien n’empêchera Nintendo d’y revenir par la suite pour monétiser ses licences si le succès faiblit dans les consoles.
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