Le Paris Saint-Germain annonce un partenariat avec Socios.com, une plateforme qui fournit des services en matière de blockchain. Le club de football explique qu’il s’agit « d’améliorer les interactions avec ses fans mais aussi ses activités commerciales ».

Après avoir investi le sport électronique, avec des équipes dédiées sur FIFA, Rocket League ou encore Dota 2, le Paris Saint-Germain se lance dans un tout autre univers, celui des cryptomonnaies. Mardi 11 septembre, le club de football parisien a en effet annoncé un partenariat avec la plateforme anglophone Socios.com, qui fournit des services en matière de chaîne de blocs, ou blockchain en anglais.

Blockchain

La chaîne de blocs est une technologie issue du monde de la cryptographie et n’est pas intrinsèquement liée à la finance, même si c’est là son application la plus répandue aujourd’hui. Le principe est celui d’un livre où on ajoute à intervalle régulier de nouvelles pages (blocs), sur lesquelles sont inscrites les dernières transactions.

Dans un communiqué de presse, il est annoncé que ce partenariat, présenté comme « stratégique » et destiné à durer « plusieurs années », vise à « développer la stratégie blockchain du PSG et exploiter cette technologie pour générer et optimiser l’engagement des fans ». Pour cela, des jetons destinés aux supporters seront émis, répertoriés et accessibles à travers Socios.com.

Socios.com se présente comme une plateforme sur laquelle les fans peuvent voter. « Obtenez des jetons de marque de vos équipes préférées et utilisez-les comme licence pour voter sur les affaires du club. Les clubs choisissent ce que les fans décident, et c’est vous qu’ils entendent quand ils le demandent. Engagez-vous avec la plateforme pour débloquer des récompenses spécifiques au club et des expériences VIP », lit-on sur le site.

C’est cette expérience que compte proposer le Paris Saint-Germain. Avec ces jetons, ils pourront « participer à la vie du club, sous la forme de votes ou de sondages en ligne » mais aussi « accéder à des récompenses, des contenus et des expériences exclusives », poursuit le communiqué. À terme, l’utilisation de la blockchain servira à  « améliorer les interactions avec ses fans mais aussi ses activités commerciales », sans plus de précisions.

Le club ne détaille pas quelle sera la nature de ces gains ni la portée de cette initiative dans ses activités. Elle devrait toutefois être relativement périphérique : on doute que la politique de recrutement du club ou de coaching seront concernés, par exemple. Cela dit, Marc Armstrong, le directeur du sponsoring du PSG, assure que « cette technologie révolutionnaire aura un impact important ».

L’annonce du PSG a toutefois fait l’objet de vives réserves au sein de la communauté des passionnés de cryptomonnaie et de blockchain. Le site CryptoFR a ainsi remis en question l’annonce du club de football, expliquant que « la plateforme utilisée fonctionne sur une blockchain privée » et que les supporteurs « dépendront d’un acteur privé », et cela même si Socios.com promet des transactions transparentes.

Le PSG a-t-il eu tort de passer par un acteur tiers pour se lancer dans cette aventure ? Pas nécessairement : sollicité par Numerama, CryptoFR explique que le PSG aurait très bien pu demander de l’aide à un service pour accéder à une blockchain ouverte ou que celui-ci lui mette en place un jeton dédié. Cette troisième voie permet d’éviter au PSG de partir d’une feuille blanche et de tout construire de ses mains.

Il ajoute : « une blockchain de ce type est centralisée (proof of authority), donc on est sur quelque chose de clairement différent, voire contraire à une blockchain ouverte. Cela veut aussi dire que les supporters s’intègre à un système sur lequel ils n’ont pas vraiment de pouvoir. Tant qu’à faire quelque chose de centralisé, autant utiliser une base de données ».

Originellement, la particularité de cette technologie résidait dans son caractère public : chaque participant détient une copie de la base de données, mise à jour en temps réel. Cette distribution lui confère de fait une transparence de fonctionnement et des garanties en termes d’intégrité. Mais il existe aussi des blockchains privées, qui présentent certains avantages, obtenus au détriment de leurs spécificités premières.

C’est ce qu’explique Sébastien Bourguignon, spécialiste des blockchains : « elles sont contrôlées par une entité totalement centralisée dans le réseau, les membres participants doivent avoir été acceptés et déclarés par cette entité au niveau du réseau. Les transactions sont validées émises par chacun des nœuds, mais elles sont validées et les blocs sont ajoutés à la chaîne par le nœud central autorisé à la faire ».

« Dans ce cas, il n’existe aucun mécanisme de consensus, les règles de fonctionnement sont spécifiques au dispositif et aux accords passés par les membres de la communauté d’utilisateurs », ajoute-t-il. Dans le cas du PSG, cela peut se comprendre le club n’entend pas perdre le contrôle de son projet qu’impliquerait l’utilisation d’une blockchain publique. Quitte à s’éloigner du concept originel : est-ce encore véritablement une « blockchain » ?


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