Depuis le 1er mars 2022, toutes les publicités automobiles sont soumises à de nouvelles obligations d’affichage. La plus visible consiste en un nouveau message visant à inciter à covoiturer, marcher ou prendre les transports en commun, mais pourquoi ?

Tous les supports de publicités sont concernés, aussi bien à la télé, au cinéma, à la radio, mais aussi dans la presse écrite et sur les campagnes d’affichages. Ce sont les conséquences de deux décrets publiés le 28 décembre 2021 qui entrent en application en ce 1er mars 2022. Une mesure qui vise sans distinction les publicités pour les voitures thermiques comme électriques, mais qui ne concerne pas les autres engins motorisés (scooter, moto ou quadricycle). Quelles sont ces nouvelles obligations ? À quoi servent-elles ? Nous allons faire le point sur ces changements.

Si sur nos écrans, les nouvelles mentions se font assez discrètes, à la radio, il est difficile de passer à côté de ces messages qui s’invitent à la fin de chaque publicité automobile. Dans la lignée des messages infantilisants, comme ceux pour lutter contre la malbouffe, l’alcool ou le surendettement, c’est désormais l’automobile qui s’ajoute à cette longue liste.

3 messages pour favoriser autre chose que la voiture au quotidien

Vous verrez systématiquement l’un de ces 3 messages à chacune des publicités :

  • « Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo »
  • « Pensez à covoiturer »
  • « Au quotidien, prenez les transports en commun »
Nouvelles mentions obligatoires dans la pub auto // Source : Renault
Nouvelles mentions obligatoires dans la pub auto // Source : Renault

Le message doit s’afficher en toutes lettres pendant plusieurs secondes de manière à pouvoir être lu, il ne peut pas s’intégrer dans le bandeau déroulant diffusant déjà d’autres informations légales.

En plus du message invitant aux autres mobilités, et à l’exception des publicités radio, il s’y ajoute un « #SeDéplacerMoinsPolluer ». Nous sommes certains que les automobilistes tremblent devant ce hashtag, et que tous vont désormais abandonner leur voiture pour suivre les recommandations proposées.

Un troisième, et dernier, élément obligatoire s’invite aussi à partir du premier mars : chaque message publicitaire s’accompagne de l’étiquette CO2 correspondant aux émissions du véhicule présenté.

Nouvelle étiquette CO2 dans les pubs automobiles // Source : Renault
Nouvelle étiquette CO2 dans les pubs automobiles // Source : Renault

De la convention citoyenne à ces affichages dans les publicités

À l’origine de ces décrets, on retrouve les propositions faites lors de la Convention Citoyenne pour le climat. La demande initiale visait à complètement interdire toutes les publicités pour des véhicules motorisés. Les propositions ont ensuite été largement débattues puis intégrées à la Loi d’orientation des mobilités. Ces messages étonnants dans les publicités sont finalement un moindre mal pour l’industrie automobile, l’un des plus gros annonceurs de France, ainsi que pour toutes les entreprises vivant de revenus publicitaires.

L’objectif de ces nouvelles mentions est donc bien de répondre aux demandes récurrentes des mouvements écologistes contre les SUV, et contre la promotion de l’automobile au sens large, y compris celle à motorisation électrique.

Il reste en revanche peu probable que ces messages aient un quelconque impact sur les comportements. Ceux qui souhaitent, et peuvent, covoiturer, marcher, faire du vélo ou prendre les transports en commun au quotidien, le font déjà sans message le leur rappelant.

Pour les constructeurs automobiles, c’est une réglementation supplémentaire, parmi une liste déjà très longue d’interdictions en tout genre, auxquelles ils sont tenus de s’adapter pour réaliser des publicités.  En cas de manquement, une sanction pécuniaire a été prévue par la loi. Elle peut atteindre jusqu’à 50 000 € par diffusion, puis être portée à 100 000 € par diffusion en cas de nouveau manquement à l’obligation.

Ces messages ne satisferont probablement aucun des groupes impliqués : tout juste viendront-ils viendront s’ajouter à l’ensemble des mentions obligatoires qui rythment notre quotidien depuis plusieurs années — « fumer tue », « « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération », « Pour votre santé, bougez plus », « Un crédit vous engage et doit être remboursé » et « Jouer comporte des risques… ». Autant d’injonctions symboliques qui permettent de ne pas prendre de décision forte.

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