Tesla n’est plus forcément l’employeur qui attire les talents, il devient aussi celui qui les fait fuir. Depuis plusieurs mois, les remous internes ne manquent pas. Alors qu’Elon Musk a embarqué les actionnaires avec sa nouvelle stratégie orientée IA et robotique le 6 novembre dernier, celle-ci risque de ne donner que peu de perspectives à certains salariés déjà en place depuis de nombreuses années sur le développement des voitures électriques de la marque.
Deux responsables de premier plan ont annoncé leur départ coup sur coup. Selon Reuters, Siddhant Awasthi, responsable du programme Cybertruck, a quitté Tesla après huit ans de maison. Quelques heures plus tard, c’est Emmanuel Lamacchia, manager du programme Model Y, qui faisait ses adieux à l’entreprise. Un timing rapproché qui a du mal à passer pour une simple coïncidence.
Des départs qui tombent mal
Ces mouvements sont loin d’être anodins. Malgré son jeune âge, Siddhant Awasthi n’était pas un simple exécutant : il avait rapidement pris du galon dans l’entreprise, passant de stagiaire à la direction du programme Cybertruck, puis de celui de la Model 3. Emmanuel Lamacchia, de son côté, gérait le SUV le plus vendu au monde, pilier de la rentabilité du groupe. Il avait lui aussi commencé chez Tesla il y a huit ans. Perdre ces deux profils expérimentés au même moment, alors que Tesla doit faire monter en cadence la production pour atteindre ses objectifs, envoie un signal préoccupant.
Les départs ne sont pas rares chez Tesla, dont la culture managériale très exigeante pousse nombre d’ingénieurs vers la sortie. Mais depuis quelques mois, ce sont surtout des cadres expérimentés qui quittent le navire, parfois après avoir mené des projets critiques jusqu’à leur phase industrielle. Ce n’est plus une question de « rotation naturelle » : c’est un renouvellement à marche forcée.
Dans le cas du Cybertruck, le timing intrigue encore plus. Le pick-up électrique peine à tenir ses promesses : objectifs de production revus à la baisse, critiques sur la qualité d’assemblage et incertitudes sur la rentabilité. Quant au Model Y, sa production mondiale reste robuste, mais la pression concurrentielle des constructeurs chinois s’intensifie, tandis que les marges de Tesla s’effritent trimestre après trimestre.
Tesla n’est pourtant pas encore prêt pour sa grande révolution robotique : robotaxis et Optimus, l’entreprise a encore besoin de sa production automobile pour financer cette nouvelle révolution interne.
Tesla perd sa mémoire industrielle
Évidemment, chez Tesla, le turn-over n’a rien de nouveau. Elon Musk a bâti une culture où la mobilité interne est rapide, les responsabilités évolutives et la loyauté souvent secondaire à la performance. Cette philosophie a longtemps permis au groupe de rester agile. Mais elle montre aujourd’hui ses limites. Parmi les autres départs retentissants récents du constructeur, il y avait notamment :
- Vineet Mehta – Responsable de l’architecture des batteries (mai 2025)
- Milan Kovac – Responsable du programme des robots Optimus (juin 2025)
- Omead Afshar – directeur des opérations en Amérique du Nord et Europe et proche conseiller d’Elon Musk (juin 2025)
- Troy Jones – vice-président des ventes, du service et de la livraison en Amérique du Nord (juillet 2025)
Et cela complète une vague importante de départs en 2024, dont : Daniel Ho (responsable de tous les programmes de véhicules chez Tesla), David Zhang (responsable des programmes Model S et X), Rohan Patel (Vice-président de la politique publique et du développement commercial), Rebecca Tinucci (directrice de l’infrastructure de recharge)…
Il n’y a rien d’insurmontable pour Tesla à ce niveau-là, nul n’est irremplaçable. L’entreprise va certainement promouvoir d’autres profils juniors pour les faire progresser à des postes à responsabilité, comme cela a été le cas pour Siddhant Awasthi (30 ans). Néanmoins, à force de renouveler ses équipes au sommet, Tesla prend le risque d’affaiblir la mémoire industrielle de ses programmes. Et c’est précisément cette mémoire qui permet de transformer des prototypes spectaculaires en véhicules fiables et rentables dans la durée.
Ce mode de fonctionnement interroge et inquiète de plus en plus malgré tout. On peut aussi imaginer que face à un avenir rempli de robotaxis, certains ont décidé de saisir d’autres opportunités professionnelles au lieu d’attendre la prochaine vague de licenciement de Tesla dans des divisions que l’entreprise pourrait chercher à réduire.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Pour ne rien manquer de l’actualité, suivez Numerama sur Google !