Étouffées par les normes européennes, les mini-citadines (segment A) ont déserté les catalogues ou survivent à des prix trop élevés. Plusieurs constructeurs plaident pour une nouvelle catégorie de véhicules allégeant les contraintes, afin de rendre ces modèles à nouveau accessibles. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est montrée assez favorable à cette idée de « E-Car ».
Derrière cette belle promesse, les constructeurs traditionnels, comme Renault, Stellantis ou Volkswagen, voient surtout l’occasion d’assouplir les règles d’homologation. Sauf que « ces véhicules existent déjà », rappellent les fabricants de quadricycles lourds au travers de l’organisation patronale Mobilians, et ils n’ont pas l’intention de se laisser marginaliser.
Les marques de quadricycles lourds se sentent menacées
Certains constructeurs européens de micro-véhicules électriques rappellent que l’Europe dispose déjà d’un cadre réglementaire : la catégorie L7e, qui encadre les quadricycles lourds électriques. Il s’agit d’engins tels que les Ligier Myli, Microlino, Mobilize Duo. À la différence de la catégorie L6e bridée à 45 km/h – comprenant notamment les Citroën Ami – qui permettent de rouler dès 14 ans (avec le permis AM), la catégorie L7e nécessite à minima le permis B1. Limités à 90 km/h, ces véhicules incarnent déjà une alternative crédible à la voiture traditionnelle pour les trajets du quotidien.

Créer une nouvelle catégorie parallèle entre les mini-citadines (M1) et les quadricycles (L7e) reviendrait à fragiliser inutilement cette filière, selon Mobilians. « L’Europe dispose déjà d’une base solide, d’un tissu industriel dynamique et d’un savoir-faire reconnu : il s’agit désormais de les consolider, non de les concurrencer », plaident les membres de l’association.
Derrière ce désaccord technique se cache une vraie lutte d’influence : les grands groupes automobiles tentent de redéfinir les règles du jeu pour y insérer leurs futurs modèles électriques à bas coût, tout en allégeant les contraintes réglementaires qui pèsent sur eux.
Une bataille d’influence bien européenne
C’est une querelle très européenne : d’un côté, les PME qui ont pris des risques pour faire émerger un marché ; de l’autre, des groupes tentaculaires prêts à changer la réglementation à leur avantage.
Pour les premiers, l’Europe ferait mieux d’adapter le cadre existant — moderniser les normes de sécurité, d’autonomie et de recyclabilité des L7e — plutôt que d’ajouter une nouvelle couche bureaucratique. C’est ce que défend notamment Microlino. L’entreprise pourrait voir d’un bon œil certaines évolutions des réglementations sur les limites techniques du véhicule, mais aussi sur les conditions de circulation de ces véhicules, car les règles sont très différentes en fonction des pays.
Microlino accueillerait avec plaisir une réglementation plus souple sur le poids et la vitesse de ces engins :
- Le poids à vide pourrait passer de 450 kg (hors batterie) à 650 ou 750 kg (hors batterie).
- La vitesse maximale pourrait aussi être relevée à 100 ou 120 km/h pour pouvoir emprunter certaines voies qui leur sont aujourd’hui interdites.
Les groupes automobiles soutiennent plutôt le projet « E-Car », car ils y voient le moyen de relancer un marché en panne, sans repenser leurs chaînes de production ni affronter de lourdes contraintes techniques. Mais en agissant ainsi, l’Union européenne risque d’opposer deux visions irréconciliables de la mobilité électrique : celle des petits acteurs qui misent sur la sobriété, et celle des mastodontes qui veulent continuer à produire des voitures… en plus petit, mais selon leurs propres règles.

Sous couvert d’accessibilité, le projet d’E-Car pourrait finir par brouiller encore un peu plus la lecture du marché. D’un côté, les quadricycles lourds électriques existent, fonctionnent, et se développent sans subventions massives – ce que Microlino et d’autres acteurs demandent à changer par ailleurs. De l’autre, les grands constructeurs réclament un allégement réglementaire pour baisser artificiellement leurs prix d’entrée. On pourrait bien assister à un nouveau David contre Goliath, et les fabricants de quadricycles ne sortiraient probablement pas gagnant de ce match.
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