Le Japon et la voiture électrique, ce n’est pas le grand amour. Pourtant, le pays pourrait parfaitement se prêter à une électrification pour réduire sa dépendance aux importations de pétrole du Moyen-Orient. Néanmoins, les pouvoirs publics et les constructeurs locaux retardent la transition, préférant miser sur l’hybridation des moteurs ou d’autres alternatives. Il y a toutefois des véhicules au Japon qui correspondraient bien à un basculement vers l’électrique : les kei-cars, ces mini-voitures taillées pour les courts trajets.
Honda tente une incursion sur ce segment avec un véhicule au look familier pour les Japonais. La marque vient d’ouvrir les ventes de sa « N-ONE e: » le 12 septembre, comme le rapporte Nikkei Asia. Le constructeur japonais fait fort, car il offre jusqu’à 295 km d’autonomie, bien au-delà de son principal concurrent Nissan, lui aussi sur ce créneau.
Une mini-voiture n’est pas synonyme de mini-autonomie
Proposée à un tarif sous les 15 600 € (2,7 millions de yens), cette première kei-car électrique (non utilitaire) de Honda revendique 295 km d’autonomie selon la norme WLTC. Elle fait 60 % mieux que sa rivale directe, la Nissan Sakura (180 km), et l’eK X de Mitsubishi.
Un argument qui pourrait faire mouche auprès des Japonais, car, selon une étude locale, ces véhicules de tout petit gabarit parcourent moins de 200 km par mois en moyenne. Dès lors, cela réduit énormément la contrainte de la recharge — surtout que le Japon est très en retard sur le développement des infrastructures de recharge publiques.


Pour parvenir à cette autonomie, Honda a mis les petits plats dans les grands :
- Une batterie 50 % plus grosse que celle de sa concurrente (29,6 kWh) ;
- Une carrosserie allégée de 4 % pour contenir le poids à 1 030 kg ;
- Une hauteur légèrement abaissée pour réduire la traînée aérodynamique et pouvoir entrer dans plus de parkings ;
Pour recharger, le véhicule nécessite 4,5 heures sur une prise AC (6 kW) ou 30 minutes sur une borne rapide de 50 kW (CHAdeMO). Le modèle intègre une fonction de V2H (Vehicle to Home) pour pouvoir redistribuer du courant sur l’installation domestique si nécessaire.
Honda vise plutôt une clientèle féminine cherchant une deuxième voiture pour les trajets du quotidien. Cette kei-car embarque un moteur de 47 kW (64 ch) dans un engin de 3,39 mètres de long. La principale voiture du foyer pour les déplacements plus longs reste souvent une voiture thermique (ou hybride).
L’électrification des kei-cars, logique, mais laborieux
Sur le papier, les kei-cars sont parfaites pour l’électrique : elles roulent en moyenne de très courtes distances, essentiellement pour faire les courses ou conduire les enfants à l’école. Autonomie modeste, coût d’usage réduit, utilisation urbaine… toutes les planètes semblent bien alignées pour que ça marche.

Et pourtant, le marché patine, voire recule. Alors qu’en 2023, les véhicules électrifiés (électriques et hybrides rechargeables) représentaient 3 % des ventes au Japon grâce à la Sakura (la première kei-car électrique), il a depuis reculé. En juillet 2025, les véhicules électrifiés n’ont représenté que 1,9 % des ventes. L’arrivée de la N-One électrique d’Honda pourrait cependant relancer la tendance à la hausse.
Selon Bloomberg, les kei-cars représentent un tiers du marché automobile japonais, et la version thermique (N-Box) est la voiture la plus vendue. Honda a-t-il trouvé la bonne recette ? Les effets se verront très vite.
Honda devra peut-être partager ce petit marché de la kei-car électrique avec d’autres concurrents qui vont prochainement arriver Toyota et Suzuki avec le dérivé du concept eWX de 2023.
Une tendance à suivre pour l’Europe ?
Le marché des kei-cars, avec sa réglementation séparée des voitures traditionnelles, inspire d’autres constructeurs à l’étranger, dont Renault et Stellantis, qui aimeraient lancer un équivalent en Europe. La question de la petite voiture électrique abordable est brûlante, puisque Ursula von der Leyen en reparlait lors de son discours du 10 septembre. De Tokyo à Bruxelles, la petite voiture électrique souveraine et abordable est plus que jamais au cœur des discussions.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Tous nos articles sont aussi sur notre profil Google : suivez-nous pour ne rien manquer !