Les tensions géopolitiques s’enveniment, et la Chine serre la vis sur les terres rares. Après celle des semi-conducteurs, une nouvelle crise industrielle menace la filière des voitures électriques, et l’Europe pourrait bien en faire les frais.

Après les semi-conducteurs en 2021, un autre maillon crucial de l’industrie automobile est actuellement menacé : les terres rares. Ces matériaux sont indispensables à la fabrication des aimants permanents des moteurs électriques (ceux synchrones à aimants permanents), mais leur absence pourrait aussi perturber la fabrication des voitures thermiques et affecter d’autres industries.

Certaines terres rares font aujourd’hui l’objet de sévères restrictions à l’exportation imposées par la Chine, le principal pays exportateur. C’est l’une des représailles de la Chine à l’encontre de la politique américaine. Résultat : les chaînes d’approvisionnement sont au bord de la rupture, y compris en Europe, d’après le média allemand Automobilwoche le 16 mai 2025.

Une pénurie plus grave que celle des puces ?

D’après les données récoltées par le cabinet Berylls by AlixPartners, les fournisseurs européens et américains n’auraient plus que cinq à six semaines de stock de ces aimants permanents. Passé la mi-juin, la production de moteurs électriques — et donc de véhicules — pourrait être ralentie, voire suspendue dans certains cas.

Moteur de Lucid // Source : Lucid Motors
Moteur de Lucid. // Source : Lucid Motors

La Chine contrôle non seulement l’extraction de 90 % des terres rares mondiales, mais aussi toutes les étapes de leur traitement. Il n’y a pas réellement d’alternatives possibles. Les effets pourraient être encore plus dévastateurs que ceux de la crise des semi-conducteurs.

L’Europe victime du bras de fer sino-américain

La Chine avait déjà lancé un coup de semonce à l’international en décembre dernier, en limitant les exportations sur le gallium, le germanium et l’antimoine. Puis, en réponse aux droits de douane punitifs imposés par l’administration Trump, Beijing a instauré en avril des restrictions sur sept matières premières, dont plusieurs terres rares clés comme le néodyme, crucial pour les moteurs synchrones. L’exportation de ces éléments nécessite désormais un permis, qui peut être bloqué sans justification.

terres rares
Praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium. // Source : Peggy Greb

Si la cible principale est Washington, les effets collatéraux pourraient frapper de plein fouet les industriels européens. Outre leur usage dans les moteurs, ces aimants servent aussi dans les directions assistées, les capteurs, les haut-parleurs, les systèmes de climatisation et même les éoliennes.

L’industrie automobile continue de fonctionner essentiellement en flux tendu et, en quelques semaines de blocage, les fournisseurs risquent la rupture de stock. Certains espèrent des mesures d’urgence, comme le déblocage de stocks stratégiques ou une exemption tarifaire temporaire pour les aimants japonais, pour remplacer ceux de Chine.

Et maintenant ?

La hausse des prix sur les terres rares est déjà bien réelle : +40 à +50 % sur certaines terres rares en quelques mois (sans plus de précision de la période exacte par le cabinet Berylls by AlixPartners). Les exportations depuis la Chine ont cessé depuis un mois, et tout semble reposer sur les discussions entre les USA et la Chine. Mais que fait l’Union européenne ?

Les leçons de la crise des puces n’ont visiblement pas suffi. La dépendance à la Chine est toujours d’actualité, et cette nouvelle tension rappelle à quel point la souveraineté industrielle européenne est peu réaliste en matière d’électrification des véhicules. Les constructeurs, pourtant les premiers concernés, restent étonnamment silencieux. La situation est-elle si grave ? On le saura dans les prochaines semaines.

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