À Paris, les équipes municipales n’aiment pas les voitures, mais exècrent encore davantage les SUV, jugés encombrants et dangereux. Cette chasse aux SUV s’éloigne pourtant de l’objectif écologique de limiter les émissions de CO2 des véhicules polluants, puisque ces démarches s’attaquent sans distinction aux véhicules électriques et aux thermiques.
Concrètement, le conseil de Paris a demandé au gouvernement le vendredi 22 novembre 2024 l’autorisation d’interdire la circulation des SUV dans la capitale. Ce qui ne serait probablement qu’une étape avant de restreindre davantage la circulation des voitures particulières dans Paris.
L’accident du cycliste Paul Varry comme déclencheur
Le décès du cycliste Paul Varry, âgé de 27 ans, renversé délibérément par un automobiliste dans les rues de Paris, a ravivé la guerre contre les voitures. « Cet évènement a mis en lumière l’ampleur des violences routières sur le territoire parisien », a dit le sénateur et coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris, Ian Brossat, dans des propos repris par France Bleu. Ce même sénateur a déposé un texte de loi au Sénat pour octroyer une nouvelle compétence aux élus locaux, afin de limiter la prolifération des SUV dans les agglomérations.
Pour ne pas être soupçonné de faire de la récupération politique sur un dramatique fait-divers, Ian Brossat assure s’appuyer sur les résultats d’études menées par l’assurance Axa sur le sujet : les gros SUV seraient plus accidentogènes. Problème : les études Axa ont régulièrement été pointées du doigt pour leur manque de rigueur. D’autant que la mairie de Paris s’appuierait sur le même critère de poids que pour le stationnement parisien. Or, cette limite de poids fixée à 2 tonnes pour les véhicules électriques, par exemple, inclut également des berlines et des monospaces parmi les véhicules visés par ces restrictions.
Le Conseil de Paris pourrait repasser par une votation publique pour donner une dimension démocratique à cette décision, comme pour les tarifs de stationnements dans Paris.
Première étape : la fin du marketing en faveur des SUV ?
Avant d’interdire la circulation des SUV dans Paris, la mairie de Paris veut convaincre le gouvernement de bloquer « toute publicité et opération marketing promouvant les véhicules lourds et encombrants de type SUV ».
Cette interdiction de la promotion des « SUV » serait donc nationale, selon la suggestion des équipes parisiennes. A priori, même en Creuse, le SUV pourrait être persona non grata dans les publicités radio, à la télé, dans la presse… La solution apparaît assez extrême — comme si Paris était le centre du monde.
Et d’abord, c’est quoi un SUV ?
Le plus ironique dans l’histoire, c’est que si vous demandez quelle est la définition ou les critères qui définissent un véhicule comme SUV ou non, personne ne sera en mesure de répondre. Le terme a été utilisé à outrance par des équipes marketing pendant quelques années parce qu’il était tendance, brouillant finalement la signification initiale de ce type de modèles (des véhicules tout-terrain).
Beaucoup de constructeurs ont désormais compris qu’il était risqué de promouvoir les modèles en tant que SUV, alors ils ont changé leur fusil d’épaule. La mention de SUV a disparu des dossiers de presse et des supports marketing. Les carrosseries sont dorénavant de nouveaux des « berlines rehaussées ». C’est un joli jeu de dupes.
Paris a déjà fait l’erreur de considérer comme SUV tous les véhicules de plus de 1,8 tonne en thermique et 2 tonnes pour les électriques. La mairie pourrait poursuivre sur la même voie en supprimant de la circulation parisienne toutes les grandes berlines et les véhicules confortables. Heureusement pour les taxis et les VTC, ils pourraient être épargnés.
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