Démarré fin 2020 en France métropolitaine, le déploiement de la 5G suit son cours. Les quatre grands opérateurs que sont Orange, Free Mobile, SFR et Bouygues Telecom sont désormais rivaux sur l’ultra haut débit mobile. Depuis, chacun d’entre eux s’emploie à mettre sur pied aussi vite que possible le réseau de nouvelle génération, car la moindre lenteur se paie en perte d’abonnés.
2021 est à ce titre une année clé, car les opérateurs sont encore dans une guerre de mouvement : les réseaux 5G arrivent, les offres sont dévoilées et sont peaufinées au fil du temps et les mobinautes sont encore loin d’avoir tous basculés dans cette nouvelle ère de la « fibre optique sans fil » — une expression parfois utilisée pour qualifier la 5G, de façon à insister sur les débits qu’elle proposera à terme.
Aujourd’hui, la 5G ne concerne vraiment qu’une minorité de personnes — qui se trouve de surcroit surtout dans les grandes villes. Il n’y a d’ailleurs pas une 5G, mais des 5G : l’ultra haut débit mobile passe par plusieurs bandes de fréquences (700 MHz, 2,1 GHz et 3,5 GHz) qui ont chacune des propriétés physiques particulières : certaines couvrent plus loin, d’autres délivrent un meilleur débit.
Pour le public, il n’est pas du tout évident d’y voir clair sur le degré d’avancement de tel ou tel opérateur. Certes, il y a des cartes de couverture qui sont mises à disposition par Free Mobile, Orange, SFR et Bouygues Telecom, qui permettent de visualiser la portée des signaux 5G par rapport à son domicile ou son lieu de travail. En clair, cela permet de savoir si on est couvert, ou non.
Des informations additionnelles sont données chaque mois par l’Agence nationale des fréquences (ANFR) et l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), permettant d’avoir une indication plus précise du rythme du déploiement de chaque opérateur, et sur les fréquences qui sont privilégiées (ce qui a une incidence sur la qualité de service).
Une précision : ces points d’étape ne disent rien en tant que tel de la qualité des réseaux de SFR, Bouygues Telecom, Free Mobile et Orange. Pour le savoir, il faut se tourner sur les bilans annuels du régulateur des télécoms. Ici, il s’agit faire un point chiffré sur l’état de la 5G, en se basant entre autres sur les statistiques transmises par les opérateurs (nombre de supports, leur situation, les fréquences en jeu).
Combien de sites 5G actifs en France ?
En date du 1er mai 2021, 24 219 supports 5G ont été autorisés globalement pour tous les opérateurs. Ces installations, des pylônes disséminés un peu partout sur le territoire, sont situées quasi exclusivement en métropole, là où vit l’essentiel de la population française. La 5G en outre-mer existe pour l’instant à l’état embryonnaire, uniquement en Guyane, de façon très modeste.
Un peu plus d’un support sur deux (13 332, soit 55 %) est techniquement opérationnel, selon les remontées des opérateurs de téléphonie mobile. Il est à noter que la 5G exploite pour le moment presque uniquement des installations déjà existantes pour la 2G, 3G et 4G, ce qui évite de passer par la case travaux publics. Selon l’ANFR, seuls 2 sites n’hébergent que de la 5G.
Un point de vocabulaire : un site techniquement opérationnel signifie qu’il émet d’ores et déjà des ondes radio, mais qu’il n’est peut-être pas encore accessible au public. Quand c’est le cas, on parle de sites commercialement ouverts. Le suivi de cette catégorie est confié à l’Arcep, tandis que l’ANFR s’occupe de celui des sites autorisés et des sites techniquement opérationnels.
Free Mobile se présente comme l’opérateur ayant le réseau le plus vaste en 5G, avec 8 806 sites opérationnels sur les 16 429 autorisés. Arrive ensuite Bouygues Telecom, avec 2 866 sites opérationnels sur les 5 345 autorisés. Orange est troisième, avec 1 526 sites opérationnels sur les 3 859 autorisés. Enfin vient SFR, qui a 1 391 sites opérationnels sur les 2 957 autorisés.
Une avance apparente pour Free Mobile
L’avance apparente de Free Mobile dans la course à la 5G est piégeuse. Il faut avoir en tête que Free Mobile mise beaucoup sur des fréquences 5G « secondaires » pour se lancer — ce qui d’ailleurs occasionne quelques frictions, car la communication de l’opérateur en joue pour se mettre à son avantage. En fait, Free Mobile procède à la conversion des fréquences 700 MHz pour les utiliser en 5G et non plus en 4G.
Il est tout à fait possible de convertir des bandes de fréquences servant à véhiculer de la 2G, la 3G et la 4G pour soutenir le déploiement de la 5G. Orange, SFR et Bouygues Telecom ne s’en privent d’ailleurs pas : ils font de même avec la bande 2,1 GHz, qui sert à la base à la 4G. Or, l’état du déploiement n’est pas du tout le même entre les opérateurs en fonction de ce que l’on inclut dans la 5G.
Et le nombre de sites commercialement ouverts, alors ? Les statistiques les plus récentes l’Arcep datent de la mi-avril. Comme l’autorité de régulation des télécoms communique ses données en décalé par rapport à celles de l’ANFR, il n’y a pas un alignement statistique parfait entre les deux instances. Selon l’Arcep, il y avait près de 13 000 sites ouverts au 31 mars, toutes bandes de fréquences confondues.
Du côté des fréquences 5G
Les demandes d’autorisation de sites 5G enregistrées en avril sont en progression, avec une hausse de 6 % par rapport au mois dernier. De son côté, l’Arcep constate que « la progression de l’ouverture commerciale de sites en 3,5 GHz est régulière début 2021 ». La bande 3,5 GHz est la bande-cœur de la 5G, dont les propriétés sont les plus équilibrées. Elle est de ce fait la plus attendue.
Sur la bande 3,5 GHz, c’est Orange qui est en tête (1 241 sites opérationnels), juste devant Free Mobile (1 014). Bouygues en a 909 et SFR 538. En tout, 3 485 sites 5G utilisant ces fréquences sont déclarés techniquement opérationnels. Orange, SFR et Bouygues Telecom utilisent par ailleurs des fréquences en 2,1 GHz, tandis que Free Mobile mise sur la bande 700 MHz.
La bande 3,5 GHz est qualifiée de bande cœur pour la 5G, car elle a des performances très satisfaisantes en termes de portée, débit et couverture dans les bâtiments. Au contraire, la bande 700 MHz a un débit moins bon, mais est excellente pour la portée et l’accès en intérieur. Cela ne signifie pas que la bande 700 MHz délivre une « fausse 5G », mais qu’elle révèle surtout ses atouts dans certaines circonstances.
Ces particularités sont certes techniques et pas toujours évidentes à signaler au public, mais les avoir en tête n’est pas inutile si l’on veut comparer les cartes de couverture des instances de régulation ou bien celles fournies par les opérateurs, car différentes 5G sont à l’œuvre, avec leurs avantages et leurs inconvénients. En pratique, néanmoins, les écarts entre ces différentes 5G ne sont pas forcément ressentis.
Cela dit, l’Autorité de régulation trouve aussi qu’éclairer les cartes de couverture 5G est une bonne idée. En octobre, elle signalait avoir « émis des recommandations aux opérateurs en matière de carte de couverture 5G ». Ces pistes sont discutées dans cet article de l’Arcep. En décembre, elle a aussi rappelé qu’un cadre plus contraignant arrivera pour baliser la communication des opérateurs.
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