Alors que SFR, Orange et Bouygues Telecom ont dévoilé leur jeu dans la 5G, on ne sait toujours pas quand Free Mobile se lancera ni avec quel type de forfait. En revanche, on commence à apercevoir de façon plus nette sa stratégie pour ses débuts dans l’ultra haut débit mobile. Le quatrième opérateur compte surtout s’appuyer sur des fréquences 5G « secondaires » dans un premier temps.
C’est ce que l’on comprend en parcourant le premier observatoire de l’Agence nationale des fréquences sur la 5G, publié le 4 décembre dernier. Dans celui-ci, il est indiqué que Free Mobile a reçu une autorisation de mise en service de 11 770 sites dans la bande 700 mégahertz (MHz), contre zéro pour les trois autres. Par ailleurs, l’opérateur a aussi obtenu le droit d’allumer 373 sites dans la bande 3,5 gigahertz (GHz).
Or en France, c’est la bande 3,5 GHz qui est qualifiée de bande cœur pour la 5G, car c’est celle qui présente les caractéristiques (débit, portée, pénétration dans les bâtiments) les plus équilibrées parmi toutes les fréquences disponibles à court terme pour la 5G. Si la bande 700 MHz est, comme la bande 3,5 GHz (et la bande 26 GHz), une bande pionnière pour l’ultra haut débit mobile, son profil est plus déséquilibré.
Quelles sont les principales différences ? Comme le rappelle l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep), la bande 3,5 GHz a des priorités globalement bonnes en portée et en débit. Elle est par contre peu adaptée pour une couverture dans les bâtiments. La bande 700 MHz est par contre excellente en matière de portée et d’accès à l’intérieur des bâtiments, mais son débit est faible.
Free mise énormément sur son réseau en 700 MHz
Free Mobile a énormément de sites 700 MHz, qui lui serve à acheminer la 4G. Selon le bilan du 1er décembre de l’Agence nationale des fréquences, il a l’autorisation d’allumer plus de 20 500 sites 700 (c’est le cas pour plus de 17 600). C’est plus que le cumul des sites 700 MHz d’Orange, Bouygues Telecom et SFR, qui misent à la place sur le 2,1 GHz (Free Mobile fait l’impasse dessus).
Il s’avère que les trois autres comptent aussi sur cette bande secondaire des 2,1 GHz pour lancer la 5G, en appui des 3,5 GHz. En effet, ils ont collectivement obtenu l’autorisation de se servir de 5 000 sites en 2,1 GHz pour faire de la 5G. Cette bande est un peu plus proche de la 3,5 GHz, avec des caractéristiques relativement équilibrées, mais moyennes. C’est ce qui fait craindre, comme pour les 700 MHz, un risque de « fausse 5G ».
La portée d’une antenne 700 MHz peut atteindre 8 km en zone rurale et aux alentours de 2 à 5 km en ville. À l’inverse, une antenne 3,5 GHz couvre un peu plus d’un kilomètre dans la campagne, mais seulement plusieurs centaines de mètres en ville. En clair, si Free Mobile mobilise ses sites 700 MHz, il bénéficiera d’un effet cumulatif : un vaste réseau d’une part, qui est déjà en place, et qui en plus à une longue portée.
Qu’est-ce que cela a comme conséquences ?
Que potentiellement, Free Mobile pourra suggérer qu’il couvre une population et une surface plus grandes que les autres — ce qui pourrait avoir des répercussions commerciales évidentes, avec un possible exode de mobinautes vers le trublion. Mais il est hautement improbable que ses rivaux restent sans rien dire, surtout si ses débits sont trop bas pour ce que la 5G est supposée fournir.
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