C’était en 2018. En apprenant l’arrivée de Messenger Kids, une coalition de pédiatres, universitaires, psychologues, psychiatres et médecins avait signé une lettre ouverte enjoignant à Facebook de renoncer. « Les jeunes enfants ne sont tout simplement pas prêts à avoir des comptes sur les réseaux sociaux », écrivaient les experts soutenus par diverses organisations, qui avaient rejoint l’appel.
C’est aujourd’hui une même démarche qui est lancée, cette fois pour contrer les projets du réseau social avec un éventuel Instagram Kids. Il a été découvert courant mars que le site communautaire explore une version taillée pour les enfants de son réseau social dédié aux photographies. Compte tenu du public visé, et de la législation américaine, des règles plus contraignantes et un contrôle parental sont prévus.
Hostile à cette perspective, l’initiative Campaign for a commercial-free childhood (CCFC), dont l’objectif est de combattre les initiatives commerciales et marketing ciblant les mineurs, est montée au créneau. C’était déjà elle qui, en 2018, s’était mobilisée pour dire tout le mal qu’elle pensait d’un Messenger Kids, estimant que les moins de 13 ans n’étaient pas encore prêts pour les interactions en ligne.
« Ils ne sont pas assez âgés pour s’y retrouver dans la complexité des relations en ligne, qui sont souvent à l’origine de malentendus et de conflits, même chez les utilisateurs plus matures », écrivait à l’époque la CCFC. Trois ans plus tard, son propos n’a pas changé dans les grandes lignes et, une fois encore, il est soutenu par une centaine de spécialistes et d’organisations.
« Instagram est conçu pour que les utilisateurs vérifient constamment leurs appareils et encourage le partage excessif d’informations personnelles. Et l’accent mis par Instagram sur le partage de photos et l’apparence idéalisée rend la plateforme particulièrement inadaptée aux enfants qui sont au milieu d’étapes cruciales du développement de leur sens du soi », s’alarme la CCFC.
Une pétition et un appel à Mark Zuckerberg
Son message, diffusé le 15 avril, est accompagné d’une pétition, que tout le monde peut signer. Elle appelle Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, à y renoncer complètement et à joindre les actes aux paroles : « Veuillez montrer au monde que vous prenez au sérieux les vastes préoccupations que vos produits suscitent chez les jeunes en abandonnant vos projets de ciblage des jeunes enfants ».
Officiellement, Facebook n’a pas encore tranché la question d’un Instagram Kids. L’un des arguments qui peuvent être avancés en faveur de cette plateforme est de dire qu’il y a déjà des enfants de moins de 13 ans sur les réseaux sociaux, dont Instagram. Compte tenu de cette réalité, autant s’y adapter et trouver un moyen de les placer dans un cadre plus adéquat et protecteur — y compris protecteur juridiquement pour Facebook.
Mais pour la CCFC, l’argument est contestable : d’une part, il n’est pas sûr que les enfants déjà inscrits secrètement sur Instagram aient envie de migrer sur une version plus « enfantine » du service ni qu’ils soient au courant de son existence d’ailleurs. D’autre part, un Instagram Kids pourrait provoquer un appel d’air auprès d’enfants qui, eux, se tenaient encore à distance d’Instagram.
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