Une nouvelle application mobile européenne, baptisée Scan4Chem, entend permettre au public de scanner le code-barres de n’importe quel produit du quotidien afin de dire s’il contient ou non des substances chimiques dangereuses.

Vous connaissez peut-être déjà des applications mobiles qui permettent d’évaluer un produit en scannant son code-barres, dans le secteur de l’alimentaire ou pour les produits cosmétiques. La plus connue dans ce segment est sans doute Yuka, qui livre des informations dans ces deux domaines. Mais bientôt, il faudra aussi compter sur Scan4Chem.

Dans le cadre du plan national santé environnement que le ministère de l’Écologie a présenté le 26 octobre, il est question de déployer une nouvelle application pour smartphones destinée à renseigner le public sur la présence de substances chimiques « extrêmement préoccupantes » pour la santé. Le nom de l’application annonce d’ailleurs la couleur : scan for chemical (recherche de produits chimiques).

Scan4Chem, une application qui existe déjà (mais pas partout)

Scan4Chem est en réalité une application qui existe déjà, en tout cas dans certains pays européens, comme au Luxembourg (le ministère de l’écologie local y consacre une page dédiée avec des liens pour iOS et Android) ou en Allemagne (par exemple sur Google Play, elle est proposée par le bureau fédéral de l’environnement). Par contre, on ne la trouve pas sur les boutiques françaises.

Comme le note l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS), Scan4Chem est sortie en novembre 2019. Elle est intégrée dans le projet LIFE AskREACH qui rassemble 13 États membres, dont la France, et la Commission européenne. L’objectif affiché est d’atteindre un volume de 3 millions de téléchargements de l’application en Europe et plus de 30 millions de requêtes d’information.

Scan4Chem constitue l’action 2 du plan national santé environnement pour la période 2020-2024, qui en compte en tout 19 (dont, par exemple, l’action 7, qui vise à inculquer les « bons gestes » contre les ondes). Cette action 2, intitulée « identifier les substances dangereuses dans les objets du quotidien », comporte en fait deux volets : l’application d’une part et la constitution d’une base de données d’autre part.

Par rapport aux autres applications scannant les code-barres, Scan4Chem sera dotée d’une option très intéressante pour le public et contraignante pour les industriels. Le ministère de l’Écologie indique qu’il sera possible « d’interroger directement le fabricant si ce dernier n’a pas souhaité renseigner spontanément la base de données », sur laquelle s’appuiera Scan4Chem, ce qui le forcera à entrer les informations adéquates. « Le remplissage de l’information deviendra alors obligatoire », précise le plan. Le délai dans lequel il doit le faire n’est pas mentionné.

Scan4Chem fonctionnement

Ce que permet de faire ou non Scan4Chem.

Source : INERIS

Déclencher un cercle vertueux

La participation des industriels à la base de données, si elle est présentée comme étant « sur la base du volontariat », deviendra de facto incontournable si le simple fait d’interroger telle ou telle entreprise sur un produit absent déclenche l’obligation de l’inscrire dans la plateforme. Les sociétés ont donc intérêt à jouer le jeu, pour ne pas donner l’impression aux consommateurs d’être réticentes à se montrer transparentes.

Selon le ministère de l’Écologie, cette démarche est intéressante pour l’industrie : « les fournisseurs d’objets disposent d’un moyen standardisé pour remplir leur obligation réglementaire alors qu’ils rencontrent aujourd’hui des difficultés pour le faire ». Surtout, elle doit aussi les inciter à « substituer le plus tôt possible les substances dangereuses dans les objets du quotidien », quand c’est possible.

Quant aux clients, leur exercice du droit de savoir«  est ainsi facilité ».

Autre avantage de Scan4Chem ou, plus exactement, de la base de données : la possibilité de la rendre interopérable avec les autres applications du même type (comme Yuka, donc). Le ministère fait savoir qu’il est prévu à partir de 2021 de faire en sorte de donner accès à ces informations à des plateformes tierces. De sorte que le public n’aura même pas besoin forcément de changer ses habitudes pour obtenir des informations.


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