Fortnite a été banni du Play Store d’Android par Google. Comme sur l’App Store, le jeu ne respectait plus les dispositions liées aux commissions retenues par les éditeurs des systèmes d’exploitation.

D’aucuns prédisaient que Google saisirait l’opportunité du front ouvert par Epic Games contre Apple pour s’allier avec l’éditeur de jeux vidéo, dans la mesure l’entreprise qui édite Android est aussi opposée à Apple dans l’affaire du cloud gaming. Il n’en fut rien : Google a aussi fait respecter les règles de son Play Store et a banni Fortnite. D’après nos constatations, le jeu n’est plus disponible sur la plateforme de Google, qui est le principal point d’accès aux applications et jeux sur Android. À la place, on y trouve une flopée d’applications « fond d’écran » et autres tips.

Le Play Store sans Fortnite // Source : Capture d'écran Numerama

Le Play Store sans Fortnite

Source : Capture d'écran Numerama

Problème pour Epic Games : cela n’était vraisemblablement pas dans les plans de communication de l’éditeur. Alors qu’il avait préparé une sorte de happening en amont du retrait de l’App Store, comprenant une opération de communication comparant l’événement à 1984 de George Orwell et une plainte en justice au titre de pratiques anticoncurrentielles, Epic Games n’a rien communiqué autour de Google. Tout juste le compte officiel a-t-il publié un message confirmant le retrait et expliquant que des informations arriveraient bientôt.

Google est dans la même position qu’Apple

Ce retrait montre que, même si les projecteurs sont braqués sur Apple depuis quelques mois, Google est dans la même position que le constructeur des iPhone : tout titre vendu sur son Store est soumis à des règles impliquant des commissions sur les paiements. Comme Apple, Google affirme offrir une opportunité de business à des éditeurs, studios et développeurs indépendants et prennent tout à la fois cette commission en tant qu’apporteurs d’affaires qu’en tant que modérateurs. Ce sont eux qui veillent à la stabilité des Store, assurent la sécurité des applications et la fiabilité des paiements.

La différence, qu’Epic avait déjà expérimentée, c’est que Google autorise les installations de logiciels tiers sur ses appareils. Cette pratique a valu à Google autant d’éloges que de critique : c’est l’assurance de pouvoir faire ce qu’on veut de son smartphone, mais cela a été aussi la porte d’entrée au piratage d’applications ou aux malwares qui sont nombreux sur le web. À la sortie de Fortnite sur Android, Epic Games avait choisi de distribuer le jeu par son lanceur maison, qu’il fallait télécharger.

Apple, Google et Epic Games sont donc officiellement entrés dans une période trouble, où les intérêts des différentes entreprises seront défendus par tous les moyens. Car il ne faut jamais oublier que ni Google, ni Apple, ni Epic Games ne sont des chevaliers blancs sur ces sujets : comme les deux géants de la tech, le créateur de Fortnite est historiquement très préoccupé par sa capacité à maximiser ses revenus, bien moins par la liberté d’entreprendre. Le business model de Fortnite, basé sur des microtransactions cosmétiques et une monnaie virtuelle achetée par des ados, en est un exemple.

Il faut aussi rappeler que le géant chinois Tencent possède 40 % d’Epic Games et que, au-delà des jeux vidéo, se joue une guerre commerciale farouche entre la Chine et les États-Unis. Après Huawei, l’affaire TikTok ravive ces rivalités.


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