Il y a ce que l’on peut voir en surface et ce qui est d’ordinaire caché à notre vue. Cette remarque pourrait tout à fait s’appliquer au Mate 30 de Huawei, dont la vente vient de débuter en France. En effet, on savait déjà depuis cet été que le nouveau smartphone du fabricant chinois devrait faire sans Google Play et l’écosystème Google, du fait des restrictions prises par les États-Unis contre l’entreprise.
Mais plus intéressant encore est le constat qui a été fait en auscultant les entrailles du smartphone, qui sont généralement hors de vue du grand public. Comme le pointe le Wall Street Journal dans son édition du 1er décembre, Huawei est parvenu à remplacer tous les composants d’origine américaine par des alternatives étrangères ou de son cru, afin de ne plus être sujet aux sanctions américaines.
Les fournisseurs américains écartés
Un graphique, concocté par UBS et le laboratoire japonais Fomalhaut Techno Solutions, révèle que les fournisseurs américains avec qui Huawei traitait auparavant (Broadcom, Qualcomm, Skyworks, Qorvo, Cirrus Logic) ont progressivement été écartés des plans de l’entreprise chinoise, jusqu’à en être exclus pour deux modèles : le Mate 30 et le Y9 Prime ’19. Tendance qui devrait possiblement se poursuivre.
Pour échapper aux équipementiers américains, Huawei a fait appel à cinq entreprises. HiSilicon tout d’abord, qui est en fait une filiale de Huawei. Celle-ci conçoit les processeurs Kirin qui équipent les smartphones Huawei. Ces processeurs impliquent le savoir-faire de l’entreprise britannique ARM. Or, il s’avère qu’elle a statué en octobre que ce qu’elle fournit à Huawei est bien d’origine britannique, et non américaine.
Quant aux quatre autres sociétés, elles sont d’origine japonaise (Murata), taïwanaise (MediaTek), franco-italienne (STMicroelectronics) et néerlandaise (NXP). De fait, elles n’ont pas à se soumettre aux injonctions de Washington. Cela étant, il n’est pas impossible que des pressions finissent par s’exercer, si le conflit perdure et s’aggrave. Le soft power américain peut se montrer particulièrement dissuasif.
En attendant, les malheurs des uns font le bonheur des autres : ce que sont en train de perdre les entreprises américaines, leurs rivales étrangères s’en emparent. Pour les grands fournisseurs américains, c’est peut-être un tournant qui ne pourra jamais être rattrapé. Même si la situation revient à la normale, les constructeurs chinois pourraient vouloir se passer durablement de l’Amérique pour éviter ce type de pression.
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