Il paraît que l’amour dure trois ans. Ça tombe bien : c’est précisément la durée d’une location d’un véhicule 100 % électrique chez Renault. Une pratique encore peu répandue en France, mais sur laquelle les constructeurs communiquent de plus en plus. Et j’ai fini par succomber à la tentation en 2014 pour remplacer une Chevrolet Spark amenée à devenir une relique automobile. L’attrait était double : voir ce que le 100 % électrique avait dans le ventre et tester la location à longue durée d’un point de vue financier.
En 2014 donc, Renault m’a proposé la location d’une ZOE moyennant 200 € par mois hors assurance et avec un premier loyer assez onéreux (plus de 3 000 €). L’envie d’entrer dans cette nouvelle réalité a vite pris le pas sur la raison : toute notion de calcul apparaissait dérisoire puisque je voulais vraiment une ZOE.
Premier contact
Ma première fois avec la ZOE — et une voiture électrique par extension — était un essai proposé par Renault pour me convaincre qu’il fallait signer. Très vite, j’en suis tombé amoureux. Il est en effet difficile de résister à la conduite si particulière du 100 % électrique : une accélération franche et, surtout, très fluide sans les à-coups correspondant aux changements de rapport avec un véhicule thermique. C’est un confort à nul autre pareil qu’on retrouve bien sûr sur les Tesla, parachevé par l’absence quasi totale de bruit. On a moins l’impression de rouler que de décoller, avec légèreté. C’est un autre monde, une autre approche. Un autre plaisir de conduite.
Un feeling qui s’explique aussi par la boîte automatique, qui change le rapport à la conduite. Certains ont l’impression d’être davantage en contrôle en passant les vitesses. On peut le comprendre et chacun nourrit son propre sentiment de sécurité. Pour d’autres, c’est un élément qui participe au plaisir de la conduite, à son essence. Là encore, je ne jetterais pas la pierre. Personnellement, le confort procuré par une boîte automatique — surtout dans les environnements urbains où on ne fait qu’accélérer/freiner au gré de la circulation — supplante tout le reste. Même s’il est déroutant de ne plus avoir à utiliser son pied gauche.
D’une manière plus globale, on ne conduit pas une voiture électrique comme une thermique. Et la ZOE, équipée d’un tableau de bord renseignant sur ses habitudes, joue dans la pédagogie pour que l’on adopte une conduite plus orientée sur la douceur. Moins de grosses accélérations, moins de freinages secs, plus d’utilisation du frein moteur. Au-delà de la préservation de ses plaquettes, le but ici est de gratter quelques kilomètres d’autonomie par la récupération d’énergie cinétique (donnée affichée en temps réel sur le tableau de bord). Autrement dit, il faut se responsabiliser et réapprendre.
L’illusoire précarité de notre autonomie destituée
Car l’autonomie de la ZOE, du moins en 2014, ne permettait pas de faire des folies. Annoncée à 200 kilomètres théoriques (lire cet article pour comprendre ce que cela veut dire), elle tombait, en pratique, dans une fenêtre comprise entre 100 et 150 kilomètres. Un écart s’explique par une donnée à prendre en compte : l’été, quand les températures sont hautes, la batterie souffre beaucoup moins qu’en hiver, où le froid grève la performance. Comme sur les iPhone. Et comme Apple, c’est un point que le vendeur Renault s’est bien gardé de préciser. L’autonomie dépend aussi de l’utilisation des options : le GPS, le chauffage ou encore la climatisation consomment de l’énergie. Fort heureusement, il existe un mode économique pour rouler plus longtemps au détriment de la performance (vitesse maximale passant de 135 à 90 km/h, accélération beaucoup moins franche).
Paradoxe : l’électrique est une citadine parfaite, mais difficile à recharger sans garage équipé
Cela impliquait d’avoir à recharger la ZOE assez souvent, quasiment toutes les nuits par une simple prise secteur. Quand j’ai loué la voiture, Renault prévoyait l’installation d’une borne à domicile — sans payer — et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il s’agissait simplement d’une prise secteur installée dans le garage — certes plus performante pour le rechargement. À ce sujet, on peut affirmer sans mal que l’acquisition d’une voiture électrique apparaît beaucoup plus compliquée quand on vit en appartement, à moins d’avoir un parking équipé d’une prise (ou d’avoir une copropriété compréhensive pour en faire installer une). Un paradoxe, car la voiture électrique est parfaite pour une utilisation en ville.
Au regard de l’autonomie de l’époque (150 kilomètres au maximum), la ZOE était parfaite pour une utilisation journalière sur un parcours habituel (exemple dans mon cas : un aller/retour journalier à la salle de sport, situé à moins de 15 kilomètres du domicile). Beaucoup moins pour partir à l’aventure. Avec les batteries d’aujourd’hui (qui grimpent à 400 kilomètres théoriques), on peut résolument avoir l’esprit plus tranquille. En termes de fiabilité, je n’ai rencontré qu’un seul pépin en trois ans : une panne quasi sèche à quelques kilomètres de ma destination, sachant que les conditions extérieures étaient exécrables (nuit + pluie + froid). Autrement, je n’ai jamais eu peur en ZOE. Et c’est un point essentiel à noter, à l’heure où le niveau de batterie de nos smartphones et autres gadgets est une chose que nous surveillons beaucoup.
La fausse économie ?
Est-ce que rouler en électrique est vraiment économique ? Autant être franc tout de suite : non. Du moins, pas dans les proportions auxquelles on pourrait s’attendre. La plaquette de la ZOE vante un plein pour moins de deux euros. Dans les faits, c’est vrai et, naturellement, on peut penser que le thermique coûte plus cher. C’est sans compter la location de la batterie côté Renault, un coût incompressible qui s’ajoute à la facture finale.
Renault ZOE | Voiture essence | Voiture Diesel | |
Coût pour 100/130 km | 2,75 € | 10,5 € (7 L/100) | 7,8 € (6 L/100) |
Coût pour 1000 km | 21,15 € | 105 € | 78 € |
Coût pour 1000 km (avec batterie) | 101,15 € | 105 € | 78 € |
Le tableau ci-dessus, ultra simpliste, prouve qu’il faut rouler au moins 1 000 kilomètres par mois pour commencer à amortir la location de la batterie (par rapport à un modèle essence). Bien évidemment, la réalité est plus complexe que ce calcul ne s’attachant qu’à une comparaison entre les carburants. Une voiture thermique a plus de pièces susceptibles de s’user et nécessitant un lourd entretien financier, sans oublier l’assurance, moins coûteuse pour une électrique. Mais il faut garder une chose en tête : mon contrat avec Renault ne me permettait pas de rouler plus de 36 000 kilomètres sur la période de la location, soit 1 000 kilomètres par mois…
Ceci étant, aucun constructeur n’affirme bec et ongle que vous allez gagner de l’argent avec une voiture électrique — au mieux pourrez-vous profiter des aides de l’état pour acquérir un véhicule. Il suffit de regarder les publicités passant à la télévision pour s’en convaincre. Dès lors, il n’y a pas de raison de crier au scandale et c’est peut-être la conclusion à tirer de ces trois ans en compagnie de la ZOE : rouler en électrique, au-delà des éventuelles considérations écologiques, est surtout une affaire de rapport à la conduite. Je n’aime pas particulièrement rouler et je déteste perdre mon temps dans une station essence (oui, c’est bizarre) : bingo, la voiture électrique — puissante, confortable, silencieuse — est faite pour moi.
Bonus : l’avis de mon papa
« Il est vrai que j’ai utilisé ce véhicule en parallèle de mon fils et même si l’essentiel a été écrit dans l’article ci-dessus il faut nuancer l’autonomie par rapport à la version actuelle. Il est vrai que la première version était très limitée en autonomie, mais il faut se dire que si on fait l’acquisition d’un tel véhicule il faut bien entendu tenir compte de son utilisation. En revanche, en termes d’équipements, elle est quasi complète dans la version Life que j’utilisais (pas de gadgets superflus).
Elle proposait un écran tactile précisant la consommation électrique en temps réel avec des informations complètes et il est avéré qu’en mode économique il est possible d’augmenter l’autonomie jusqu’à 160 kilomètres en période estivale, bien sûr en adaptant sa façon de conduire. Mais c’est un véhicule très agréable à piloter et surtout confortable avec un champ de vision intéressant au regard de son pare-brise panoramique.
En conclusion, pour une conduite en ville et sur des petits parcours, c’est la voiture de demain, car d’autres avantages et services sont proposés aux utilisateurs comme le parking en ville gratuit ou les bornes de recharge qui commencent à se multiplier sur la voie publique ».
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