En Chine, le Salon aéronautique de Changchun, dans le nord du pays, offre habituellement à l’armée de l’air l’occasion de dévoiler le nec plus ultra de l’aviation militaire locale.
Mais cette édition 2025 s’est distingué par une nouveauté : les forces chinoises y ont aussi présenté leur savoir-faire en matière d’upcycling.
L’activité, telle que la définit le Larousse, consiste à « recycler pour donner une seconde vie à des matières ou à des objets destinés à être jetés (…) en les transformant en des produits à valeur ajoutée (…) et souvent détournés de leur utilisation première ».
C’est exactement ce que Beijing a réussi à faire avec une partie de sa flotte de Shenyang J-6 « Farmer ». Retirés du service en 2005, ces appareils ont été réinventés en drones de combat et exposés pour la première fois juste avant l’ouverture du salon, le 21 septembre 2025.
D’anciens chasseurs des années 1960
Sur les clichés partagés par Andreas Rupprecht, chercheur en aviation militaire chinoise, on distingue sur un gros plan que le siège du pilote a été retiré du cockpit.
Une preuve que le J-6 « Farmer », chasseur de l’ère Guerre Froide, a probablement été converti en UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle). Cette version chinoise du MiG-19 soviétique, produite sous licence à partir de la fin des années 1950, fut largement utilisée dans les années 1960 à 1980.
Quant à leur utilité sur le théâtre moderne, le chercheur estime que leur exposition au public prouve justement qu’ils ont été remplacés par des matériels plus performants. Ces « bricolages » ingénieux ne devraient alors plus avoir leur place au cœur de la flotte active.
La photo vient par ailleurs conforter les scénarios évoqués en 2022 par le think tank américain Mitchell Aerospace Power, qui avançait que la Chine convertissait ses anciens modèles comme les J-6, J-7 ou J-8 en plateformes sans pilote, capables d’endosser des missions variées, en particulier comme leurres.
Une exposition qui renforce les doutes
La Chine disposerait encore d’environ 3 000 exemplaires du J-6 « Farmer », qu’ils soient transformés en drones ou laissés en réserve. Ce chiffre inquiète, car il souligne la capacité de l’armée chinoise à potentiellement inonder ou leurrer la défense aérienne taïwanaise.
L’exposition récente de ces appareils vient d’ailleurs alimenter les spéculations sur l’ampleur du programme de conversion de vieux chasseurs en drones.
En juin 2021, Taïwan avait déjà signalé une incursion de plusieurs Chengdu J-7 « Fishcan », dans sa zone de défense aérienne alors même que le retrait de l’appareil était prévu sous peu. Certains observateurs avaient alors soupçonné que ces chasseurs vieillissants avaient été convertis en drones, mais l’état-major taïwanais a démenti cette option après analyse, précisant qu’ils étaient vraisemblablement pilotés de façon classique.
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