Déjà accusé d’utiliser des scripts pour exécuter des tâches sur Internet, le rabbit r1 est de nouveau dans la tourmente après la découverte d’un journaliste d’Android Authority. Le « système d’exploitation » du r1 est une application Android préinstallée sur un terminal AOSP, la version open source du système de Google.

La hype autour des « gadgets IA », une catégorie de produits censée offrir un nouvel élan aux intelligences artificielle génératives comme ChatGPT, est-elle sur le point d’imploser ? Après les très mauvais tests du Humane Ai Pin, un jouet jugé trop cher et difficile à utiliser, le rabbit r1 est en pleine tourmente médiatique, malgré son prix plus raisonnable de 199 dollars.

AOSP, pour « Android Open Source Program », est une version open source du système d’exploitation Android.

Pour cause, toutes les personnes qui l’analysent s’interrogent sur la pertinence de son existence. L’idée centrale est toujours la même : le smartphone, qui sert à tout faire aujourd’hui, n’est-il pas déjà le meilleur appareil pour l’IA ? La découverte de Mishaal Rahman d’Android Authority, le premier à avoir prouvé que le r1 tourne sous AOSP (Android Open Source), décrédibilise encore plus Rabbit depuis ce 1er mai 2024.

Émuler le rabbit r1 sur un smartphone, c’est possible

Avant cette découverte, Rabbit laissait entendre que son produit utilisait un système d’exploitation propriétaire qui se pilotait avec des boutons (l’écran tactile n’est pas sollicité).

Depuis l'annonce du r1, beaucoup s'amusent à dire qu'il pourrait juste s'agir d'une app. Avec de la bidouille, on peut en effet l'installer sur un smartphone.
Depuis l’annonce du r1, beaucoup s’amusent à dire qu’il pourrait juste s’agir d’une app. Avec de la bidouille, on peut en effet l’installer sur un smartphone. // Source : Capture Android Authority

En réalité, ce que Rabbit appelle « OS » est un launcher Android, soit une interface tierce installée au-dessus du système de Google. Il s’agit d’une application qui s’exécute à chaque démarrage de l’objet, pour lui donner une identité visuelle unique. Techniquement parlant, le rabbit r1 n’est rien d’autre qu’un mini-smartphone Android, avec sans doute des composants très semblables à ceux proposés par des constructeurs d’entrée de gamme. L’entreprise aurait très bien pu lancer une app « Rabbit » sur le Play Store, pour que des milliards de personnes puissent utiliser son service. La preuve : il est possible d’extraire l’installateur APK du R1 et de le lancer sur n’importe quel smartphone Android (ou d’installer des jeux sur un R1, comme DOOM).

rabbit r1 // Source : Capture YouTube
Le rabbit r1 mise sur son design pour séduire les geeks. Mais son intérêt est très limité. // Source : Capture YouTube

Aujourd’hui, le rabbit r1 sert à deux choses :

  • il peut répondre à des questions posées par commandes vocales grâce à un modèle de langage et exécuter des actions (Spotify, Uber),
  • il peut analyser une photo grâce à son mini-appareil photo embarqué.

En soi, ces deux usages sont très comparables aux applications ChatGPT et Google Gemini, disponibles sur smartphone. Une nouvelle indication que le gadget à 200 dollars de Rabbit est un jouet, mais certainement pas le futur de l’intelligence artificielle. Il est encore plus critiquable maintenant que l’on sait qu’il s’agit juste d’une app sur un mini-smartphone, après avoir déjà découvert que Rabbit trichait pour accéder à Spotify ou Uber.

La réponse de rabbit, qui refuse de qualifier son service « d’application »

Sans surprise, alors que les produits de Humane et de Rabbit font beaucoup parler dans la communauté tech, la découverte de Mishaal Rahman a énormément circulé dans les médias outre-Atlantique. Jesse Lyu, le patron de l’entreprise, a rapidement répondu au journaliste, tout en démentant dans un communiqué officiel l’idée que le rabbit r1 était une application Android (alors que, techniquement, il l’est).

Rabbit a aussi coupé à distance l’accès à son service depuis un émulateur, pour empêcher les petits malins d’utiliser l’APK à leur guise.

Jesse Lyu confirme utiliser Android Open Source, mais explique que c'est normal.
Jesse Lyu confirme utiliser Android Open Source, mais explique que c’est normal. // Source : X

« rabbit r1 n’est pas une application Android », déclare l’entreprise dans le communiqué envoyé à Android Authority. « rabbit OS et LAM fonctionnent sur le cloud avec un AOSP très personnalisé et des modifications de firmware de niveau inférieur, donc un APK installé localement sans les points d’extrémité OS et Cloud appropriés ne sera pas en mesure d’accéder à notre service », ajoute Rabbit, qui explique empêcher l’accès à son service sans son gadget pour des raisons de sécurité.

Sur l’utilisation d’AOSP, Rabbit n’a pas complètement tort. De très nombreux appareils utilisent AOSP aujourd’hui (Amazon Fire, Meta Quest, Huawei HarmonyOS), puisqu’il s’agit d’un système d’exploitation open source et personnalisable. Il n’est pas étonnant de voir une startup s’appuyer sur AOSP (comme le français The Phone, qui a fait polémique il y a quelques jours), car concevoir son prorpe OS est délicat et crée des risques d’incompatibilité.

Toujours est-il, que dans le cas du rabbit r1, ce n’est pas l’utilisation d’AOSP qui lui est reproché. Le problème reste le même depuis l’annonce du produit : un objet distinct pour une IA, même à 200 dollars, est-il bien utile ?

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