Elon Musk a annoncé la publication du code source de Grok, son IA générative rivale de ChatGPT. Un choix de l’open source qui permet en creux à l’entrepreneur américain de s’en prendre encore à OpenAI, dont les orientations ne lui plaisent pas.

Dans le conflit qui oppose Elon Musk à OpenAI, il y a le volet judiciaire. Il y a aussi toute la bataille de communication. Début mars, l’entreprise fondée par Sam Altman a frappé fort sur ce terrain en divulguant des extraits de mails envoyés par Elon Musk. Objectif : exposer son double discours sur les orientations de la société.

Grok va passer à l’open source

Cette fois, c’est au tour du milliardaire américain de chercher à porter un coup à son ancienne entreprise, dont il s’est éloigné à partir de 2018 en raison de divergences de vues. Dans un tweet publié le 11 mars sur X (ex-Twitter), il a annoncé l’ouverture cette semaine du code source de Grok, son chatbot maison.

Dans les plans d’Elon Musk, Grok est vu comme le rival de ChatGPT, qui est l’intelligence artificielle générative de texte d’OpenAI. Ce projet a été rendu public en novembre 2023, quatre mois après le lancement de xAI, qui est la société spécialisée en IA chargée de porter ce projet — et accessoirement de concurrencer OpenAI et le reste de l’industrie.

Depuis lors, Elon Musk cherche à promouvoir Grok en suggérant que sa nouvelle IA est beaucoup plus objective, franche et exacte que d’autres systèmes. Autrement dit, Grok dirait davantage la vérité et serait aussi en mesure de répondre à des questions délicates, sans filtre « woke » — un sujet devenu obsessionnel chez lui.

Un tacle contre OpenAI

L’ouverture du code (open source) de Grok est aussi un autre moyen de se démarquer de ChatGPT, en rappelant en creux l’éloignement opéré par OpenAI sur ce terrain, selon Elon Musk. D’après l’entrepreneur, la société devrait même se renommer en ClosedAI pour illustrer cette « trahison » vis-à-vis des engagements initiaux.

Cela se reflète d’ailleurs dans la plainte : « Aujourd’hui, le site web d’OpenAI continue d’affirmer que sa charte est de veiller à ce que l’intelligence artificielle ‘profite à l’ensemble de l’humanité’. En réalité, OpenAI s’est transformée en une filiale au code source fermé de la plus grande entreprise technologique du monde : Microsoft. »

Ces critiques ne datent pas d’hier. Elles étaient déjà émises il y a quatre ans, à la suite de l’accord entre Microsoft et OpenAI. Depuis, l’intéressé a souvent pris position contre son la compagnie — en réclamant un moratoire sur le futur de ChatGPT ou en demandant l’arrêt de l’intégration de ChatGPT dans Bing, le moteur de recherche de Microsoft.

Le logo de Grok, l'IA d'Elon Musk // Source : Grok / xAI
Le logo de Grok, l’IA d’Elon Musk // Source : Grok / xAI

OpenAI s’était attiré des critiques sur le terrain de l’open source, en raison d’un revirement sur sa vision initiale. « Nous nous sommes trompés. Nous nous sommes carrément trompés » avait par exemple jugé Ilya Sutskever, l’un des cofondateurs d’OpenAI et le scientifique en chef du projet, en mars 2023, peu après l’annonce de GPT-4.

Aux yeux des autres fondateurs de ChatGPT, les manœuvres d’Elon Musk traduisent surtout une amertume et un ressentiment de ne plus être dans une entreprise qui connaît une ascension fulgurante. Une preuve parmi d’autres serait l’insistance avec laquelle l’intéressé cherche à rappeler que sans lui, il n’y aurait pas eu de ChatGPT.

Dans les mails que l’entreprise a publiés, Elon Musk apparaît comme à la manœuvre pour tenter de prendre les rênes d’OpenAI de plusieurs façons, y compris en mobilisant Tesla, une autre entreprise du milliardaire, dédiée au marché automobile électrique. Il a même tenté de mettre dans la balance le financement de l’entreprise, sans succès.

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