En 2018, Amazon a conclu un deal secret et exclusif avec Apple pour ne pas montrer de publicités sur les pages liées aux produits de la marque. Une pratique unique, qui n’est proposée à aucun concurrent.

Si vous naviguez sur Amazon à la recherche de produits Apple, vous n’aurez pas la même expérience que si vous cherchiez d’autres marques ou d’autres smartphones. C’est ce qu’a découvert le média américain Inside en couvrant une affaire de concurrence déloyale portée devant la justice américaine, impliquant le géant de l’ecommerce. Dans cette affaire, Amazon est accusé d’afficher de très nombreuses publicités sur les pages des produits pour maximiser ses profits, au détriment des marques qui vendent sur la plateforme. Ces publicités, nommées « junk ads » ou « publicités pourries » allongent le temps de chargement des pages et parasitent les boutiques des marques sur Amazon.

Sauf dans l’écosystème Apple, comme le montre l’expérience que nous avons pu reproduire en France.

Samsung vs Apple : Amazon France est sans pitié pour le Coréen

Chacun peut en faire l’expérience simplement. Il suffit de commencer par chercher sur Amazon le terme « Apple » ou l’un des produits iconiques de la marque, comme l’iPhone. Vous aurez normalement le résultat ci-dessous.

La recherche sur Amazon pour le mot clef Apple en France
La recherche sur Amazon pour le mot clef Apple en France // Source : Capture d’écran Numerama

On y voit très nettement que les produits et les publicités affichés ne font référence qu’à Apple et conduisent tous vers la boutique dédiée de la marque. Que se passe-t-il si l’on fait la même recherche pour le terme « Samsung » ?

La recherche sur Amazon pour le mot clef Samsung en France
La recherche sur Amazon pour le mot clef Samsung en France // Source : Capture d’écran Numerama

Sans même juger de la pertinence de la recherche qui affiche en premier des appareils professionnels et des batteries avant de montrer les stars de la marque coréenne, on s’aperçoit immédiatement qu’Amazon, en France, affiche des publicités pour son concurrent : Google et ses smartphone Pixel. Cet effet se poursuit à l’intérieur des pages produit des deux marques. Côté Apple, on découvre des pages particulièrement propres, sur lesquelles aucun produit tiers n’est suggéré. Côté Samsung, dès les premiers scrolls, on retrouve des références à la campagne de Google, qui promeut cette fois son Pixel 8.

Un iPhone Un smartphone Samsung

En regardant bien ces produits recommandés, on peut aussi distinguer des smartphones imitant carrément la marque Samsung, à deux doigts de la contrefaçon malhonnête, comme le « S22 Dual Sim Asixxsix Smartphone Android débloqué pour Samsung ». Un tour sur la page de cet objet nous fait comprendre qu’il s’agit d’un produit peu recommandable, qui s’est retrouvé en prime time sur une publicité liée au dernier Galaxy S.

Un accord entre Apple et Amazon

Cette différence s’explique bien facilement : Apple a négocié un accord commercial avec Amazon pour que le géant de l’ecommerce tienne les autres marques et les junk ads à l’écart de ses pages. Un accord qui tient depuis 2018 : « À cette époque, Apple avait également demandé à Amazon de rendre les pages de ses produits épurées, sans recommandations de produits non-Apple, peut-on lire dans l’article d’Inside, qui poursuit : ce courriel, intitulé Termes du cadre de travail WW, contenait une liste de points de discussion avant la conclusion d’un accord de partenariat plus large entre Apple et Amazon en 2018. »

On comprend que ce sont ces conditions spéciales, qui ont permis à Amazon de vendre des produits Apple. Très protecteur de sa marque et en lutte légitime contre les contrefaçons, Apple a imposé au marchand un cadre très strict pour exposer ses produits. Une entente qu’Amazon semble carrément refuser aux concurrents d’Apple : la simple possibilité d’avoir un environnement aussi épuré n’est même pas une option commerciale que Samsung, au hasard, pourrait acheter. Représentant 38 milliards de dollars en 2022, le business de la publicité d’Amazon est probablement plus rentable qu’une multiplication des deals exclusifs, semble-t-on comprendre.

Reste une question que la justice américaine devra trancher, au milieu d’autres problématiques liées à la publicité sur Amazon : une telle disposition spéciale est-elle anti-concurrentielle ?

Source : Numerama

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