Elon Musk est plutôt jovial, depuis le mardi 23 août 2022. Le milliardaire s’amuse à partager des extraits de l’article du Washington Post à l’origine de révélations sur les « mensonges de Twitter ». Le journal, qu’Elon Musk critique généralement (il appartient à Jeff Bezos, son rival de toujours), a dévoilé l’existence d’une plainte rédigée par Peiter Zatko, l’ex-responsable de la sécurité de Twitter viré en janvier 2022 (il était arrivé fin 2020). Le lanceur d’alerte met en cause le réseau social, qu’il accuse de graves manquements vis-à-vis de la sécurité de ses utilisateurs. Sa plainte s’adresse aux autorités américaines, qui vont enquêter sur Twitter.
Pour Elon Musk, cette affaire tombe à un moment idéal. Le patron de Tesla et de SpaceX doit affronter l’entreprise devant les tribunaux le 17 octobre, après avoir promis de les racheter puis avoir changé d’avis. Les révélations de Peiter Zatko peuvent-elles l’avantager ?
Quels sont les faits reprochés à Twitter ?
Appelé en sauveur par Jack Dorsey en 2020 après un piratage du réseau social, Peiter Zatko est un chercheur en cybersécurité respecté, lui-même hacker. Dans sa plainte, il dénonce de nombreux faits comme :
- Le fait que Twitter utilise des serveurs pas à jour, faciles à pirater.
- Le fait qu’un logiciel interne, utilisé par des milliers d’employés, permet d’accéder à des informations confidentielles.
- Le fait que Twitter ait laissé des gouvernements étrangers accéder à ce logiciel, souvent par l’intermédiaire d’espions.
- Le fait que Twitter ne combatte pas volontairement la prolifération des faux comptes, qui rapporte de l’argent à sa direction (il y aurait des bonus pour les nouveaux comptes).
Une première victoire pour l’image d’Elon Musk
Jusqu’à maintenant, Elon Musk ne faisait pas vraiment l’unanimité. Son comportement avec Twitter, qui a tout d’un caprice, était particulièrement décrié. Elon Musk a tout fait pour forcer Twitter à accepter son offre de rachat avant de critiquer publiquement l’entreprise, de contester les chiffres qui lui étaient transmis et d’annoncer avoir changé d’avis. Son offre de 44 milliards de dollars avait pourtant été acceptée par Twitter, qui digère mal le fait de s’être fait rouler et souhaite forcer la vente devant les tribunaux.
Soyons clairs : rien ne dit que les révélations de Peiter Zatko sont vraies. Le timing de leur sortie est d’ailleurs étonnant. On peut se demander pourquoi dire tout ça maintenant, à l’aube d’un procès probablement historique. Quoi qu’il en soit, ces révélations ont déjà un premier effet immédiat : elles rendent l’affaire moins manichéenne. Dans l’esprit de celles et ceux qui la connaissent, ce n’est plus le pauvre Twitter contre le méchant Elon Musk, mais un sujet plus complexe. Le doute est permis : et si Elon Musk avait raison ?
Mais pas forcément d’impact sur le procès
Pour savoir si les révélations du lanceur d’alerte peuvent aider Elon Musk, il faudra attendre le début du procès le 17 octobre. Jusqu’à maintenant, la juge de la Cour de Justice du Delaware s’est montrée très ferme vis-à-vis d’Elon Musk, refusant de céder à ses caprices. Elle lui a indiqué à maintes reprises que ce procès n’était pas celui des « faux comptes », mais celui du rachat avorté de Twitter. La juge souhaite savoir si Elon Musk doit tenir ses engagements et n’accorde pas d’importance aux potentiels mensonges évoqués par Elon Musk et ses avocats.
Cependant, entre-temps, la Cour de Justice du Delaware a accepté plusieurs demandes d’Elon Musk qui souhaitait accéder à des documents confidentiels appartenant à Twitter. Le milliardaire souhaite d’ailleurs faire comparaître Jack Dorsey, le fondateur du réseau social, pour obtenir des preuves sur les mensonges du réseau social. Si l’affaire Pieter Zatko est fortement médiatisée dans les prochains jours, alors on imagine mal la Cour de Justice du Delaware faire l’impasse sur ces problématiques.
Se pose alors une question : si Twitter a bel et bien délibérément menti sur le nombre de faux comptes présents sur sa plateforme, Elon Musk peut-il faire annuler son offre et demander une compensation financière au réseau social ? Si la justice considère ces mensonges comme un problème dissimulé (et obtient des preuves), alors il n’est pas impossible qu’elle donne raison à Elon Musk. Dans le cas contraire, elle pourrait aussi dire qu’Elon Musk a acheté en toute connaissance de cause et donc ne pas considérer ces éléments comme un élément recevable.
Comment cette affaire finira-t-elle ? La réaction des autorités américaines, attendue dans les prochains jours, devrait déjà nous en dire plus sur l’importance accordée à ces révélations. En attendant, les avocats d’Elon Musk ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils souhaitent rencontrer Peiter Zatko, après avoir envisagé de le faire témoigner avant qu’il ne devienne un lanceur d’alerte.
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