Après deux expérimentations visant à tester la fin du réseau cuivre en France, Orange s’apprête à appliquer son plan de fermeture à plus grande échelle. Mais son exécution prendra des années.

Les travaux pratiques vont bientôt démarrer pour Orange, dans le cadre de son plan de fermeture de son réseau cuivre, sur lequel reposent les accès à Internet en ADSL. L’opérateur historique, qui a signifié en décembre 2019 son désir de se désengager du réseau cuivre, pour basculer sur une infrastructure en fibre optique, souhaite s’y mettre dès l’année prochaine.

Et dans ce cadre, l’opérateur est d’ores et déjà en train de choisir les communes qui seront les premières à vivre la fermeture de la boucle locale cuivre — c’est-à-dire la portion du réseau qui existe entre la prise téléphonique de l’internaute et le central local. La date d’arrêt de ce premier lot se ferait de manière très progressive, avec plusieurs jalons jusqu’à l’échéance.

Une bascule qui touche 42 millions de locaux

Dans un document adressé au régulateur des télécommunications (Arcep) le 29 juillet 2022, Orange a donné un calendrier prévisionnel, qui organise cette transition jusqu’à la fin de l’année 2030. Le plan comprend quatre phases (annonce de la fin commerciale, puis l’arrêt effectif de l’offre, suivi de deux étapes semblables, cette fois sur la partie technique).

Ce document, transmis lors de la consultation publique sur cette fermeture de son réseau cuivre, table sur une bascule qui concernerait presque 42 millions de locaux dans tout le pays, en se basant sur les estimations de l’autorité de régulation dans l’un de ses observatoires de 2021. C’est véritablement à partir de 2025 que doit décoller le plan d’Orange.

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Les prévisions d’Orange pour la fermeture du réseau cuivre en France. // Source : Orange

Orange a déjà procédé à une première expérimentation de la fermeture du réseau suivre entre 2020 et 2021, sur un ensemble estimé à 700 locaux. Une seconde expérimentation est en cours depuis mi-2021 et s’achèvera le 31 janvier 2023, avec la fermeture technique du réseau. Cette fois, l’échantillon porte sur 15 000 locaux environ.

La bascule du réseau se fait en parallèle de la montée en puissance de la fibre optique dans le pays. Selon l’observatoire du régulateur des télécoms, on dénombre, au premier trimestre 2022, plus de 15,4 millions de locaux ayant accès à la fibre de bout en bout. Du côté des offres DSL, elles sont passées sous la barre des 11,4 millions d’abonnements.

Le déploiement de la fibre optique est organisé à travers le plan France Très Haut Débit, qui a pour ambition de connecter tout le pays avec ce type de liaison d’ici à 2025. Mais face aux retards éventuels de ce vaste chantier et de la persistance des liaisons en cuivre par endroits, le plan d’Orange pour fermer ce réseau progresse sur un calendrier parallèle, qui court jusqu’en 2030.

Maintenir l’entretien du réseau cuivre malgré tout

D’ailleurs, rappelle l’Arcep lors d’un point d’étape, Orange doit justement montrer de la souplesse dans l’application de son plan, et le faire évoluer « selon les retours d’expérience des premières zones de fermeture ». Après la seconde expérimentation fin 2023, un premier lot de 170 000 logements doit y passer, pour une fermeture entre novembre 2022 (commercial) et novembre 2023 (technique).

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Les liaisons en fibre optique sont en train de succéder au réseau cuivre. // Source : Lars Kienle

Malgré la fin du réseau cuivre, Orange a l’obligation de continuer à l’entretenir et de l’optimiser. Une situation évidemment paradoxale pour le groupe : il lui faut s’occuper d’un réseau qui sera abandonné à terme, tout en cravachant, comme les autres opérateurs, pour déployer la fibre optique. Mais c’est l’héritage de son statut d’opérateur historique.

À l’époque, le régulateur rappelait d’ailleurs que le réseau cuivre, même si son usage est en recul, « continue d’accueillir la plus grande partie des utilisateurs et sa qualité de service reste un enjeu structurel, a fortiori dans les zones dépourvues de réseaux fibre optique ». Et même si la fibre optique est aujourd’hui en tête, l’ADSL est encore un mode d’accès très répandu.

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