L’Institut Pasteur a annoncé l’abandon de ses essais cliniques pour l’un de ses candidats vaccins contre le coronavirus. Les résultats ne montrent pas une efficacité suffisante. Mais les recherches se poursuivent pour d’autres vaccins.

Dans un communiqué de presse publié le lundi 25 janvier 2021, l’institut Pasteur a annoncé l’arrêt de ses essais cliniques sur son candidat vaccin le plus avancé jusqu’ici contre le coronavirus SARS-CoV-2.

Si l’analyse des résultats de phase 1 confirme que le vaccin est bien toléré par l’organisme, il s’avère toutefois qu’il n’est pas assez efficace : « les réponses immunitaires induites se sont avérées inférieures à celles observées chez les personnes guéries d’une infection naturelle ainsi qu’à celles observées avec les vaccins autorisés contre le SARS-CoV-2/Covid-19 ».

Ce candidat vaccin se basait sur la technique du vecteur viral : un virus modifié ou atténué (inoffensif pour l’humain) sert de véhicule pour porter les antigènes du virus contre lequel on veut créer une immunité. C’est ainsi que fonctionne le vaccin d’AstraZeneca : un adénovirus de chimpanzé, inoffensif, est combiné à la protéine Spike du coronavirus. Le candidat vaccin de Pasteur consistait à réadapter le vaccin contre la rougeole, à l’encontre du coronavirus. L’institut avait utilisé la même technique pour développer un vaccin contre le SRAS-CoV, en 2003, mais l’épidémie s’était achevée avant que le vaccin puisse être terminé lors d’essais cliniques plus poussés.

Deux vaccins encore en développement

Le vaccin à vecteur rougeole n’est pas le seul programme de recherche contre le coronavirus lancé par l’Institut Pasteur. C’était seulement le plus avancé, en phase 1. Les scientifiques de l’institut planchent sur deux autres candidats, actuellement en phase préclinique — ils n’ont pas encore été testés chez l’humain, mais seulement sur des cellules humaines ou animales. Les résultats préliminaires sont décrits par Pasteur comme prometteurs.

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Pasteur développe plusieurs projets de vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2.

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  • Le premier est un vaccin à vecteur lentiviral. Ce type de vaccin fonctionne de manière similaire aux vaccins à vecteur viral, mais en se basant sur un type particulier de virus à longue période d’incubation. Cette recherche de Pasteur a donné lieu, le 19 janvier 2021, à une publication dans Cell Host & Microbes, qui montre que le vaccin induit de « fortes réponses de type anticorps, neutralisant très efficacement le SARS-CoV-2, ainsi qu’une réponse cellulaire abondante ».

Autre particularité de ce candidat : il est administré par voie nasale. Cette voie de vaccination est particulièrement adaptée à la prévention d’une maladie respiratoire. La voie intranasale « permet d’attirer les éléments de la réponse immunitaire protectrice dans les voies respiratoires supérieures, à la porte d’entrée du virus ». Il s’agit là du candidat vaccin le plus prometteur, maintenant que celui à vecteur rougeole est abandonné.

  • Le second projet de recherche encore en route est basé sur l’ARN messager, similaire à celle mobilisée par les vaccins de Pfizer et Moderna qui sont les premiers à avoir été validés contre la maladie Covid-19.

L’Institut Pasteur a par ailleurs pris soin de préciser que si le vaccin à vecteur rougeole n’a pas fait ses preuves contre le coronavirus SARS-CoV-2, cela ne compromet pas pour autant les autres recherches basées sur la recombinaison du vaccin à vecteur rougeole contre d’autres maladies infectieuses telles que la fièvre de Lassa et le chikungunya.


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