Deux astronomes se demandent si la vie pourrait être transférée de la Terre vers Vénus. Selon eux, ce serait possible, par l’intermédiaire d’astéroïdes.

Serait-il possible que la vie puisse naviguer de la Terre vers Vénus par l’intermédiaire d’astéroïdes ? Deux astronomes de l’université Harvard explorent cette hypothèse, de façon théorique, dans une étude déposée sur arXiv le 22 septembre 2020. Le texte, qui n’a donc pas encore été validé par un comité de lecture, a été soumis à The Astrophysical Journal Letters, indique Space.com.

Ce n’est visiblement pas un hasard si ce texte vient juste de paraître. Mi-septembre, une équipe de scientifiques a présenté la détection d’un gaz, la phosphine, dans l’atmosphère de Vénus. Il faut préciser que sur Terre, ce gaz est produit en laboratoire ou par une vie microbienne capable de se développer dans un milieu dépourvu d’oxygène. Les auteurs ont clairement précisé dans leur étude, puis lors d’une conférence de presse, qu’ils ne prétendaient pas avoir trouvé la vie sur Vénus. Même si la détection de phosphine ne peut pas constituer une biosignature, ce résultat a enthousiasmé les scientifiques : la présence de ce gaz est pour l’instant inexpliquée, une inconnue qui est, en soi, intrigante.

Il est également important de préciser que l’un des auteurs de cette nouvelle étude est Abraham Loeb, professeur d’astronomie à l’université Harvard, et physicien théoricien également connu pour ses études au sujet de l’objet interstellaire Oumuamua, pour lequel il n’exclut pas une origine extraterrestre. Le scientifique est connu pour ses positions tranchées.

Un astéroïde rasant l’atmosphère ?

« Si la vie vénusienne existe, pourrait-elle être liée à la vie terrestre ? », interrogent les auteurs dans ce texte. Ils explorent ici ce qu’on nomme la panspermie, une théorie sur l’origine de la vie, selon laquelle il serait possible que la vie se transmette d’une planète vers une autre, par l’intermédiaire de comètes ou de météorites, qui apporteraient des germes. Dans cette étude, les chercheurs proposent une version légèrement différente de ce scénario : un astéroïde qui ramasserait des microbes en rasant en quelque sorte l’atmosphère d’une planète, avant d’aller s’écraser sur une autre planète, en y déposant ainsi la matière recueillie.

Le dépôt aurait pu se produire n’importe où sur Vénus, s’il avait eu lieu lorsque « Vénus était jeune et accueillante pour la vie à sa surface », ou « à une altitude de 50 à 60 kilomètres, où la température et la pression sont similaires aux conditions atmosphériques inférieures sur Terre ». Pour les auteurs, « de tels événements auraient pu transférer des microbes entre les atmosphères de la Terre et de Vénus avec une protection contre le rayonnement et sans échauffement significatif ».

Un scénario pour l’instant impossible à vérifier

Évidemment, les chercheurs doivent rester mesurés. « En raison des incertitudes concernant l’abondance et la nature de la vie microbienne dans l’atmosphère terrestre, en plus des facteurs peu contraints [ndlr : qu’il faudrait délimiter plus précisément] liés à la survie microbienne pendant le ramassage, le transport et la livraison, il n’est actuellement pas possible de déterminer si une vie a été transférée entre la Terre et Vénus », écrivent-ils en conclusion.

Il faut donc rester très prudent avant d’évoquer ne serait-ce que la possibilité que la vie puisse exister sur Vénus, et d’autant plus avec cette hypothèse qu’elle aurait pu y être transférée depuis la Terre. Quant à la phosphine, il faudrait d’abord mener d’autres études pour confirmer sa détection. Ensuite, si l’on montrait que sa présence ne peut en aucun cas être expliquée autrement que la présence supposée d’une forme de vie, une mission d’exploration de Vénus (qui devrait donc résister aux températures extrêmes de la planète) pourrait alors être envisagée.


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