La mission Mars 2020 a pour objectif de collecter des échantillons de la planète, qui doivent ensuite revenir sur Terre. Mais les laboratoires nécessaires à leur analyse, tout en garantissant une protection suffisante, n’existent pas encore.

Depuis fin juillet, la mission Mars 2020 est dans l’espace. Perseverance et son compagnon l’hélicoptère Ingenuity sont dirigés vers la planète rouge, avec un objectif pour le rover une fois arrivé à destination : collecter des échantillons à la surface de l’astre. Ainsi, nous pourrons peut-être en savoir davantage sur une éventuelle vie passée sur Mars, qui aurait laissé des traces. L’enjeu sera ensuite de les ramener sur Terre, pour les y analyser plus en détail.

C’est une première dans une mission de retours d’échantillons : il y a une dimension microbiologique, c’est-à-dire, l’étude d’organismes microscopiques. Cette nouveauté va poser la nécessaire question du traitement de ces échantillons : comment les protéger après leur retour sur Terre ? « Pour les échantillons ramenés de Mars, qui ne doivent pas être exposés à l’atmosphère terrestre, l’idée est de réaliser plusieurs étapes de protection. Les laboratoires nécessaires pour le faire n’existent pas aujourd’hui », explique Adrienne Kish, responsable du service de bactériologie au Museum National d’Histoire Naturelle, spécialisée en exobiologie, à Numerama.

Modèle de conteneur destiné à recevoir des échantillons martien. // Source : NASA/JPL-Caltech (photo recadrée)

Modèle de conteneur destiné à recevoir des échantillons martien.

Source : NASA/JPL-Caltech (photo recadrée)

« Le type de laboratoire qui s’en rapproche le plus, ce sont les laboratoires de bactériologie de type P4 », poursuit la spécialiste. Ce type d’infrastructure permet de manipuler des agents hautement pathogènes (pour lesquels il n’existe en général pas de traitement), dans une zone de confinement étanche et avec des précautions particulières (port de scaphandres, par exemple).

Les laboratoires de microbiologie sont classés de P1 à P4 « pour indiquer les risques potentiels des maladies infectieuses associées aux micro-organismes manipulés », décrit Adrienne Kish. La France compte trois laboratoires P4 : deux sont gérés par l’armée et un troisième appartient à l’Inserm, à Lyon.

Éviter le risque de la dégradation chimique

Ces infrastructures pourraient servir d’inspiration pour accueillir les futurs échantillons martiens. Il faudrait soit convertir des laboratoires de type P4 existants, soit construire de nouveaux laboratoires, complétés par d’autres formes de protections pour limiter le risque de contamination des échantillons. « Cela permettrait ainsi de nous protéger contre l’échantillon, lors de la manipulation, et aussi de protéger l’échantillon contre notre atmosphère et nos micro-organismes, énumère la scientifique. Quand je parle de risque, je parle surtout d’un risque de dégradation chimique, ou de dégradation des signatures de la vie potentielle. »

Les agences spatiales américaine et européenne, la Nasa et l’ESA, ont déjà commencé à songer à l’édification de tels laboratoires. Il leur faudra absolument « vérifier que les échantillons ne présenteront aucun danger pour l’écosystème, pour les êtres humains. S’il y a le moindre risque, les échantillons seront stérilisés avant qu’ils sortent de ce laboratoire », décrit Adrienne Kish.

Néanmoins, le risque qui parait à ce jour le plus probable est celui de la contamination des échantillons, qui, s’il survenait, pourrait mettre en péril le but de la mission Mars 2020.

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