Des titres laissent faussement entendre que le chien Buddy est mort du coronavirus. Il est mort d’une leucémie. Le coronavirus n’était plus actif dans son corps avant son décès, et ses symptômes étaient typiques de son cancer.

La pandémie liée au coronavirus SARS-CoV-2 provoque décidément bien des confusions sur les interprétations scientifiques des études et des événements. Voici comment une actualité a été présentée, fin juillet 2020, au niveau de la contamination d’un chien par SARS-CoV-2 : « Buddy, premier chien atteint du coronavirus aux États-Unis, est mort ». Ce que cette approche ne dit pas, en laissant même entendre le contraire, c’est que Buddy n’est pas mort du coronavirus. Il s’agit du premier chien atteint du coronavirus à être mort, et non du premier chien à être mort du coronavirus.

Comme l’explique le reportage originel de National Geographic, et d’autres articles locaux new-yorkais (où vit la famille concernée), l’autopsie de Buddy a montré qu’il était atteint d’une forme avancée d’un cancer, et plus précisément de la leucémie. Après la déclaration de symptômes courant avril, le chien avait été détecté positif au coronavirus début juin 2020. Un second test quelques jours plus tard a cela montré la présence d’anticorps… mais aussi que le virus n’était pas ou plus actif. Les symptômes que les propriétaires avaient assimilés au coronavirus, comme les difficultés respiratoires, la léthargie, la perte de poids ou la perte d’appétit, sont en fait typiques de la leucémie chez les chiens.

En clair, Buddy n’est pas mort de la maladie Covid-19, mais d’un cancer. La seule incertitude est sur le rôle qu’a pu éventuellement jouer le coronavirus, lorsqu’il était encore présent en lui, dans l’aggravation de ce cancer. Quoi qu’il en soit, la façon dont l’information a mal été véhiculée sur le sort de Buddy montre à quel point la façon de présenter les choses influence la perception que l’on a d’une actualité. Et en l’occurrence, cela peut avoir de graves conséquences, comme générer un regain dans les abandons d’animaux de compagnie.

Buddy était un berger allemand. Ses symptômes étaient typiques de sa maladie chez les chiens, la leucémie. // Source : Pexels

Buddy était un berger allemand. Ses symptômes étaient typiques de sa maladie chez les chiens, la leucémie.

Source : Pexels

Rappelons-le donc encore une fois : rien ne justifie l’abandon des êtres vivants que sont les animaux de compagne, et encore moins l’idée reçue totalement erronée qu’ils participeraient à la diffusion du virus. Ils n’en sont pas des vecteurs.

Les animaux de compagnie ne sont pas des êtres à risques

Depuis les débuts de la pandémie, quelques animaux de compagnie ont certes été détectés positifs au coronavirus. Non seulement ce sont des cas extrêmement rares — quelques dizaines, mais cette information, telle quelle, n’a pas de sens. Car la plupart des animaux, dont les chats et les chiens, ne peuvent tomber gravement malades du coronavirus. La transmission de ces animaux vers l’être humain et vice-versa est également peu probable. En revanche, la subtilité médicale est qu’il n’est pas impossible que du matériel génétique du coronavirus soit détecté chez ces animaux.

L’explication est assez simple : le coronavirus utilise deux récepteurs pour s’attaquer à nos cellules et s’y répliquer. Ce sont les protéines ACE2 et TMPRSS2. Ces récepteurs sont bien présents chez nos chats et chiens, mais dans des versions très différentes que chez l’être humain. Le coronavirus ne peut donc pas s’attacher efficacement aux cellules de ces animaux. Il peut exceptionnellement réussir à infecter des chiens et des chats, mais sans se répliquer en nombre suffisant pour provoquer une forme sévère de la maladie ni pour rendre l’animal contagieux (la contagiosité n’existe que lorsqu’un pathogène « envahit » le corps d’un être vivant).

Lorsque des chiens et des chats sont détectés positifs au coronavirus, cela signifie qu’on y retrouve le code du virus, mais sans que celui-ci soit vraiment actif. C’est le plus probable pour Buddy par exemple, ce qui explique la présence d’anticorps, mais pas d’un pathogène actif lors des secondes tests.


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