La dernière fois qu’un jour supplémentaire s’est glissé dans le calendrier, c’était en 2020. Cette année-là, il y a eu un 29 février. Ce sera aussi le cas en 2024. Ces années sont dites bissextiles : un an dure alors 366 jours et non 365, le mois de février comportant 29 jours au lieu de 28. Mais, d’où vient cet ajout ? À quoi sert-il ?
Qu’est-ce qu’une année bissextile ?
« On essaye de faire coïncider trois éléments qui n’ont aucun rapport : la rotation de la Terre (le jour), la révolution de la Lune (le mois) et la révolution de la Terre (l’année) », explique à Numerama Florent Deleflie, astronome à l’observatoire de Paris.
- La rotation de la Terre correspond au mouvement de la Terre sur son axe (sa période de rotation, d’environ 23 heures et 56 minutes).
- Une lunaison (ou mois lunaire), qui correspond au temps que la Lune met pour faire un tour autour de la Terre (soit environ 29 jours, 12 heures et 44 minutes).
- La révolution de la Terre correspond au mouvement de la planète autour du Soleil (sa période de révolution, qui pour la Terre est de 365 jours, 5 heures et 48 minutes environ).

Ces trois réalités n’ont pas de lien, mais notre calendrier tente de leur donner une cohérence avec les années, les mois et les jours. Puisque l’année ne correspond pas à un nombre exact de jours, elle est arrondie à 365 jours. Pour rattraper ce décalage, une journée est ajoutée au calendrier tous les 4 ans (avec quelques rares exceptions) : il y a eu 365 jours chaque année en 2017, 2018 et 2019. Puis, en 2021 et ce fut encore le cas en 2022.
Pourquoi y a-t-il une année bissextile tous les 4 ans ?
La révolution de la Terre (autour du Soleil), ne correspond pas à un nombre exact de jours dans notre calendrier annuel. Autrement dit, chaque année de 365 jours, un quart de jour « s’accumule ». Au bout de 4 ans, on a donc accumulé ainsi 4 quarts de jours.
C’est pourquoi le rééquilibrage a généralement lieu tous les 4 ans, avec l’ajout d’une journée, le 29 février. C’est la solution que l’on adopte pour compenser l’écart de temps entre l’année calendaire et le temps que met la Terre à tourner autour du Soleil.
Comment se calculent-elles ?
Il existe une méthode pour savoir si une année est bissextile. Une année bissextile a son millésime divisible par 4. Mais il y a une subtilité : une année divisible par 100 n’est bissextile que si elle est aussi divisible uniformément par 400. Par exemple, l’année 2100 n’est pas bissextile, car pas divisible par 400.
2023 est-elle une année bissextile ?
L’année 2023 n’est pas une année bissextile : il n’y a que 28 jours au mois de février. Les années bissextiles ont lieu tous les 4 ans, la prochaine sera en 2024.
Quelles sont les prochaines années bissextiles ?
Les prochaines années bissextiles seront les suivantes : 2024, 2028, 2032, 2036, 2040.
Que se passerait-il sans années bissextiles ?
Ôter 5 heures, 48 minutes et quelques secondes à une année peut sembler peu. Pourtant, si toutes les années ne duraient que 365 jours, cela finirait par provoquer un décalage conséquent. Une animation publiée sur Twitter par le planétologue James O’Donoghue, de la Jaxa (l’agence spatiale japonaise) l’illustre très bien.
La vidéo montre que s’il n’y avait jamais d’année bissextile, les saisons se décaleraient dans l’année. Dans quelques centaines années, le mois de juillet (qui pour nous est un mois d’été) aurait lieu pendant l’hiver, comme l’explique la Nasa.
Pourquoi le 29 février ?
L’idée d’intégrer un jour intercalaire pour rattraper ce décalage remonte à l’Antiquité. Avant la réforme du calendrier imposée par Jules César en 45 av. J.-C., c’est le calendrier romain qui était utilisé. Ce calendrier de 355 jours était organisé en 12 mois (de 29 et 31 jours). L’année commençait en « Martius » et « Februarius » était le dernier mois de l’année. Afin de rattraper le cycle solaire, un mois intercalaire a ensuite été ajouté à la fin de l’année, tous les 3 ans : « Mercedonius ».
Avec la réforme de Jules César, le calendrier devient solaire : la longueur des mois est changée pour que l’année dure 365 jours. Un jour supplémentaire est ajouté tous les 4 ans entre le 24 et le 25 Februarus. Ce jour est appelé « bis sextus ante calendas Martis », terme qui va ensuite donner celui de bissextil.
Ce calendrier est utilisé dans la majeure partie du monde occidental jusqu’en 1582. Il est ensuite remplacé progressivement par le calendrier grégorien, qui reprend le principe du jour intercalaire lors des années bissextiles en février (même s’il n’est plus le dernier mois de l’année).
Parle-t-on aussi d’années bissextiles pour les autres planètes ?
Le principe de l’année bissextile peut aussi s’appliquer à d’autres planètes que la Terre, comme le confirme la Nasa : cela arrive lorsque la rotation d’une planète et sa révolution ne correspondent pas.
L’agence spatiale explique ainsi que Mars a davantage d’années bissextiles que d’années non bissextiles. Une année martienne dure environ 668 sols (le nom donné aux jours sur la planète). Mais, il faut un peu plus de temps à Mars pour faire sa révolution autour du Soleil : 668,6 sols. Il faut donc, sur une période de 10 années martiennes, que 4 années aient 668 sols, et que 6 années soient des années bissextiles avec 669 sols.
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