Irons-nous vivre sur Mars ? Le célèbre entrepreneur Elon Musk n’est pas le seul à répondre « oui » à cette grande question. C’est l’objectif défendu par la Mars Society (Association Planète-Mars pour l’antenne française). « De tous les corps planétaires de notre système solaire, Mars est singulière car elle possède toutes les matières premières nécessaires non seulement pour supporter la vie, mais aussi une nouvelle branche de la civilisation humaine », affirme cette organisation. Un concours lancé ce 11 février 2020 par la Mars Society est en quête d’idées pour des villes martiennes optimales.
Si tant est que l’on arrive effectivement à « coloniser » la planète rouge, il faudra bel et bien y installer des lieux de vie : logements, cultures de fruits et légumes, divertissements, lieux de travail et de recherche, restaurants. Ces villes ne pourront pas exactement ressembler à ce que l’on connaît. Le fait est que Mars n’est clairement pas aussi accueillante que la Terre. Elle a une atmosphère très ténue ; les radiations seraient mortelles sans protection ; il peut y faire extrêmement froid ; de grandes et de longues tempêtes y surviennent. Soit dit en passant, il n’y a presque aucune ressource naturellement disponible à sa surface — sauf peut-être de la glace, en creusant. Une ville martienne habitée par des humains devra être capable de relever ces défis spatiaux. Et la moindre faille serait fatale.
Le concours lancé par la Mars Society tient en compte toutes les difficultés inhérentes à l’environnement martien ainsi qu’au voyage spatial lointain que cela implique. Les projets de villes doivent obéir à de véritables critères sine qua non de viabilité. Un détail a d’ailleurs toute son importance : pour ce concours, la cité futuriste en question doit pouvoir être le lieu de vie d’un total d’un million d’habitants.
Il faut songer à une économie interplanétaire
Condition des plus essentielles dans cette entreprise, la ville proposée doit obéir au plus haut niveau d’autonomie possible, au sens d’une autosuffisance dans les ressources. Cela signifie qu’elle doit « se reposer sur une masse minimum d’importations depuis la Terre ». De telles importations régulières auraient un coût colossal (500 dollars par kilogramme selon la Mars Society, on arrive vite à des millions). De fait, il faut pouvoir produire sur place des aliments, du verre, de l’acier, du plastique et des tissus, afin qu’il ne soit pas nécessaire d’importer de la nourriture, des vêtements, des abris, des véhicules et autres ingrédients de vie quotidienne. Tant que possible, tout doit se faire in situ. La Mars Society suggère donc que les forces de travail humaines soient complétées par l’utilisation de robots et même d’intelligences artificielles, en plus d’une technologie avancée d’impression 3D.
Cela étant, l’idée n’est pas que cette ville coupe tout lien avec la Terre. Au contraire, les projets soumis devront concevoir une économie en quelques sortes « interplanétaire ». La ville martienne dépendra toujours de certaines importations et il faudra rétribuer les exportateurs terriens par la création d’un système d’échange. « Les équipes devront donc réfléchir à des exportations utiles — de produits matériels ou intellectuels que la colonie pourrait produire et (…) faire transiter vers la Terre pour les payer. »
Pour la notation du concours, sur un total de 100 points, 30 sont dédiés aux versants ingénieriques du projet présenté (sa faisabilité technique) ; 30 autres à son modèle économique ; 20 au modèle de société qu’il implique (politique, éducation, divertissements) ; et 20 derniers points concernent l’esthétique, pas seulement en matière d’apparence mais aussi en tant que lieu où l’on a envie de vivre au jour le jour. Le top 20 des meilleurs propositions sera publié dans un futur livre de l’association ; et des dotations de 500 à 10 000 dollars sont prévus pour les cinq premiers prix. Le concours est international et ouvert jusqu’au 30 juin 2020.
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