La grande plaine du Nord de la Chine risque de connaître des vagues de chaleur mortelles avant la fin du siècle. Cette région très peuplée et agricole risque d’atteindre des seuils de température et d’humidité fatals pour l’être humain.

Le réchauffement climatique et la concentration des populations risquent d’être fatals aux êtres humains avant la fin du 21e siècle. C’est la conclusion à laquelle sont parvenus deux chercheurs, le 31 juillet dernier dans un article scientifique de la revue Nature Communications. Ils y expliquent que la Chine et l’une de ses régions les plus densément peuplées risquent de vivre des conditions climatiques potentiellement mortelles pour l’organisme humain.

Elfatih Eltahir et Suchul Kang, rattachés au Massachusetts Institute of Technology (dans un partenariat avec la National Research Foundation de Singapour pour le second), expliquent que les habitants de la grande plainte du Nord de la Chine, d’une superficie d’environ 400 000 kilomètres, pourraient souffrir du réchauffement climatique avant le siècle prochain. La zone est en effet principalement peuplée par des agriculteurs : or, au-delà d’un certain seuil de température et d’humidité, ces personnes risqueront leur vie en travaillant dehors sans protection.

Des effets thermiques mortels

« Si des mesures drastiques ne sont pas prises pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, la région chinoise la plus peuplée et la plus importante sur le plan agricole pourrait faire face à des situations fatales à plusieurs reprises, en souffrant des effets thermiques les plus dommageables pour la vie humaine, par rapport à n’importe quel autre endroit de la planète », avance le MIT dans un communiqué relayant cette étude.

Cette zone serait l'une des plus meurtrières du monde, sous l'effet des futures vagues de chaleur // Source : MIT/CC

Cette zone serait l'une des plus meurtrières du monde, sous l'effet des futures vagues de chaleur

Source : MIT/CC

Les deux chercheurs expliquent que la grande plaine du Nord de la Chine est une région très fertile, bien qu’elle soit connue pour être également plutôt sèche. Or, cette particularité l’expose à des risques plus importants en cas de forte chaleur : « L’irrigation expose davantage l’eau au phénomène de l’évaporation, augmentant alors une humidité de l’air plus importante que celle habituellement présente, ce qui exacerbe les contraintes physiologiques liées à la température », précise le MIT.

Pour établir ce constat, les chercheurs ont utilisé l’indice de Température au thermomètre-globe mouillé : celui-ci permet d’estimer la capacité de survie des êtres humains, en combinant à la fois les facteurs de chaleur et d’humidité. La mesure est prise en enroulant un tissu humide autour du capteur d’un thermomètre : le refroidissement généré par l’évaporation de l’eau est ainsi pris en compte dans la mesure.

L’Asie et le Golfe Persique seront aussi concernés

Elfatih Eltahir et Suchul Kang s’étaient préalablement penchés sur deux autres zones du monde, le Golfe Persique et le sud de l’Asie. Ils avaient déjà relevé que ces deux localisations devraient subir des vagues de chaleur potentiellement mortelles pour l’être humain : leurs observations montrent désormais que la plaine du Nord de la Chine devrait être exposée à un risque encore plus important.

L’agriculture et l’irrigation ayant tendance à y faire augmenter la température et l’humidité, c’est dans cette zone que l’intensité des vagues de chaleur devrait être la plus importante. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites, les chercheurs annoncent que les températures mettront en péril la vie des agriculteurs.

« La Chine est actuellement le principal pays qui contribue aux émissions de gaz à effet de serre, avec des implications potentiellement sérieuses pour sa propre population : poursuivre la tendance actuelle des émissions mondiales risque de rendre sa région la plus peuplée moins habitable », alerte enfin cette étude.

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